Mercredi et jeudi, l’Université de la Nouvelle-Calédonie a pris des airs de laboratoire d’idées. Chercheurs, étudiants, entrepreneurs et institutionnels sont retournés sur les bancs de l’école pour Ocean Digital, un événement co-organisé par nos médiagences NeoTech et NeOcean en partenariat avec l’UNC, Lagoon, Data Terra, OPEN NC, le CMNC, le Cluster 3E, Caledonia et France 2030. L’objectif ? Explorer les synergies entre numérique et économie bleue, avec des conférences, des tables rondes et des sessions de pitchs. Deux jours intenses qui ont montré que le digital, loin d’être un simple outil, est un moteur d’innovation et de développement pour la Nouvelle-Calédonie. Retour sur cet événement au croisement du bleu et du vert…


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Former les talents et connecter la recherche
Première escale, la question des compétences numériques de demain. La table ronde dédiée aux formations a réuni Marie-Line Mercier (École de design), Thomas Avron (Ocean IA), Gilles Taladoire (UNC), David Leclerc (CCI) et Emmanuel Albert (enseignant en BTS CIEL au lycée du Mont-Dore) qui ont présenté l’offre disponible sur le territoire. Verdict ? Les cursus sont riches et diversifiés entre design, IA, cybersécurité, développement… Pourtant, une problématique demeure. Si la diversité des formations existe, il est important de pouvoir les rapprocher d’entreprises et de professionnels formés à ces nouveaux métiers pour garantir stages, projets et accompagnement de ces futurs talents digitaux.

Autre temps fort : la rencontre entre recherche et innovation avec Cyril Marchand (UNC), Noémie Coulombier (ADECAL), Malorie Greene (Implulseo), Lionel Loubersac (French Tech NC) et Dominique Pham (Ifremer). Alors, existe-t-il une recette pour transformer la recherche en innovation ? Si (pour le moment), nous n’avons pas de solutions servies sur un plateau, les regards croisés de nos experts ont permis de mettre en avant certains freins à lever. Convaincre les investisseurs, valoriser les talents calédoniens, créer des passerelles entre monde académique et entrepreneuriat sont autant de conditions nécessaires pour transformer la recherche en leviers concrets de développement. En clair, pour une recette réussie un mot d’ordre s’impose : casser les barrières et encourager la collaboration.

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Nouveaux usages, nouveaux défis
Et si la formation et la recherche sont importantes, cet événement était aussi l’occasion de se demander comment le numérique pouvait être mis au service de l’océan. Pour ce faire, nous avons convié la CPS à venir s’exprimer sur le sujet et présenter des cas d’usage au travers de trois interventions. Hannah Gilchrist et Léonore Page nous ont montré comment l’IA accélère le recensement des espèces marines, avec un gain de temps et de précision humainement impossible grâce à leur plateforme IA Ikasavea. Dans la même veine, Léo Cann-Polydor nous a présenté le Dataviz Challenge. Un concours qui a célébré cette année ses quatre ans et qui encourage lycéens, étudiants et passionnés à raconter des histoires grâce aux données du Pacific Data Hub. Eh oui, des données bien exploitées peuvent être la clé de voûte pour éclairer les décisions pour l’avenir de la région Pacifique. Autre innovation mise en lumière, celle des jumeaux numériques, présentée par Maeva Tesan, avec le cas d’usage de Tuvalu. Une façon concrète de montrer que ces technologies, souvent perçues comme futuristes, trouvent déjà des applications utiles dans la gestion des territoires insulaires.



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Entreprendre et innover, cap sur l’avenir
La deuxième journée a fait la part belle aux scolaires, étudiants et porteurs de projets. Devant près de deux cents jeunes, la table ronde sur les métiers du numérique a permis à Laurent Rivaton (AdDo), Damien Raczy, François Gillet (Lagoon), Eve Chiapello (APID), Mathieu Derex (La Fabrik) et Julien Cozzi (SF2i), de partager leurs parcours (souvent atypiques) et de montrer que beaucoup de chemins mènent au digital. Le tout, illustré en direct par les croquis numériques de Romain Flamand.


Place ensuite à l’entrepreneuriat, avec une table ronde réunissant Laurent Bui (Initiative NC), Ségolène Thomas (Adie), Naomi Daculsi (Pépite NC), Virginia Kolo (CCI), Valériane Henry (Impulseo) et Julie Micheli (parcours « entreprendre pour apprendre »). Le message central à retenir de la part de nos professionnels ? Tester, apprendre et se lancer. L’accompagnement existe, des financements sont accessibles, et il n’y a pas d’âge pour entreprendre. Et après la théorie, place à la pratique avec le concours de pitch « Les jeunes entrepreneurs du Caillou », sponsorisé par Lagoon qui a mis en lumière des projets issus du programme Tremplin de la French Tech Nouvelle-Calédonie et du dispositif Pépite. Sur scène, trois entrepreneurs se sont succédés pour défendre leur idée en cinq minutes chrono devant un public d’étudiants attentifs. Melesio Laufou avec son projet « Contenea », Olivier Persin avec « MyHubDog » et Dévi Bergès avec « Taxi+ NC ». Et si tous ont su pitcher avec brio, c’est Melesio qui a remporté la première place, séduisant l’audience avec son projet transformant des containers en espaces habitables. Preuve que les idées ne manquent pas et que la relève entrepreneuriale est en route en Nouvelle-Calédonie. Est-ce que ça ne mériterait pas une petite vague d’applaudissements ?


Enfin, pour boucler ces deux journées, impossible de passer à côté des dispositifs nationaux qui jouent un rôle clé dans le soutien à l’innovation locale. La dernière table ronde a ainsi permis de mettre en lumière France 2030, avec les interventions de Frédéric Guillard (SAP, Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie), Vincent Boursier (Banque des Territoires), Frédéric Langlade (Bpifrance) et Pascal Coupey (Haut-Commissariat). En guise de conclusion, place au concret avec deux projets soutenus par le programme Territoires d’innovation Nouvelle-Calédonie : la ferme corallienne pédagogique de Lifou Biocénose Marine portée par Grégory Lasne et l’expérience « Immersion au cœur des lagons » présentée en vidéo par Bastien Preuss. Deux initiatives qui illustrent parfaitement les synergies possibles entre numérique, recherche et économie bleue.
En filigrane de ces deux journées une évidence s’impose. L’écosystème calédonien est en pleine effervescence et le numérique devient une onde de fond qui irrigue aussi bien la recherche que l’entrepreneuriat.

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Et demain ?
En somme, si nous devions résumer Ocean Digital, nous pourrions dire qu’il a confirmé une chose. En Nouvelle-Calédonie, le numérique n’est pas une bulle isolée, mais une vague qui irrigue la recherche, l’éducation, l’innovation et l’entrepreneuriat. En croisant économie bleue et technologies, le territoire esquisse un avenir où la donnée, l’IA et la créativité deviennent des leviers de développement économique et durable. Et si l’océan et le numérique dessinaient ensemble les contours d’une Nouvelle-Calédonie plus innovante et résiliante ?
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