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Nouvelle-Calédonie, Terre d’innovations – Épisode #2

Les Calédoniens et, plus globalement les peuples du Pacifique, ont la réputation, justifiée, d’être des « pionniers » ; voyageurs, conquérants, explorateurs mais aussi agriculteurs, pêcheurs, cultivateurs et chercheurs d’eau douce à travers les âges, les populations iliennes ont toujours été des précurseurs, forcés de s’adapter continuellement à un mode de vie complexe et évolutif. Aujourd’hui, « l’océan numérique » a remplacé les explorations en pirogues et les Calédoniens doivent désormais endosser un nouveau rôle de pionniers « d’innovateurs technologiques ».  

Wolbachia

La série « Nouvelle-Calédonie, terre d’innovations » se penche aujourd’hui vers une innovation biologique, directement issue des laboratoires de recherche : la bactérie Wolbachia. Cette petite bactérie permet, lorsqu’elle est présente chez les moustiques, d’endiguer la dengue et a déjà fait ses preuves, depuis 2019, à Nouméa. Alors qu’elle est actuellement introduite officiellement au Mont-Dore et à Dumbéa, retour sur une innovation qui sauve des vies quotidiennement.  

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Wolbachia, une histoire de dengue…  

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© World Mosquito Program

La dengue, cette histoire de dingue ! C’est bon, la blague est faite, mais le jeu de mot est bien moins drôle lorsqu’on se penche sur quelques chiffres : 390 millions d’infections dans le monde chaque année, un chiffre multiplié par plus de huit au cours des vingt dernières années, dont 96 millions se manifestent cliniquement. Plus de 4000 morts chaque année et la Nouvelle-Calédonie n’échappait pas à la règle : 2556 cas en 2018, 3918 en 2019 et… moins de 120 cas en 2020 ! « N’échappait » car, aujourd’hui, après une expérimentation pratique débutée en 2019 sur l’ensemble de la commune de Nouméa, les cas de dengue, cette maladie infectieuse aiguë qui provoque forte fièvre, maux de tête et douleurs articulaires, est en forte baisse.  

Cette baisse phénoménale est due en grande partie au World Mosquito Program, une association internationale dont l’entité calédonienne est menée par Nadège Rossi ; l’innovation en question repose sur la recherche scientifique : des chercheurs de l’Université de Monach, en Australie, ont réussi à développer un moyen d’inoculer la bactérie Wolbachia à l’intérieur d’œufs de moustiques afin de les rendre « dengue-free ». L’objectif ? « Infecter » toute la population de moustiques calédoniens en faisant se reproduire moustiques porteurs et non porteurs. Manière de procéder ? « Cultiver » des œufs, larves, moustiques porteurs puis relâcher ces insectes sur les communes à intervalles réguliers. Résultats ? Plus de 80% de moustiques Aedes aegypti – les vilains dengo ! – porteurs de la bactérie et donc « inoffensifs ». De la Caledinno comme on l’aime !  

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Nadège Rossi, la responsable du World Mosquito Program en Nouvelle-Calédonie ! © Joris Ravel

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Pour aller plus loin…  

Plus concrètement, voici comment l’opération fonctionne : après que le Professeur Scott O’Neill a réussi l’intégration de la bactérie Wolbachia dans les œufs de moustiques en Australie il y a quelques années, le laboratoire calédonien du « World Mosquito Program » dispose désormais d’une « souche » de moustiques porteurs qu’elle reproduit afin d’obtenir des œufs « sains ». Ces œufs sont ensuite concentrés dans des gélules avec de la nourriture, de la farine d’anchois fournie par la Provenderie de Saint-Vincent. Les capsules sont ensuite placées dans un petit pot en carton qui sera à moitié rempli d’eau et disposé dans des endroits adéquats au cœur de la voie publique. Au bout de deux semaines, les larves se transforment en moustiques qui s’échappent de leur lieu de naissance pour aller se reproduire et diffuser ainsi Wolbachia sur toute la Calédonie !  

Wolbachia
La Calédonie bientôt « dengue-free » ! © World Mosquito Program

Aujourd’hui, le World Mosquito Program et sa bactérie Wolbachia connaissent un succès mondial ; l’association tente désormais de se développer à l’international. Déjà présente dans onze pays, les scientifiques et chercheurs testent actuellement de nouvelles manières de distribuer les capsules d’œufs, particulièrement dans des zones dangereuses et difficiles d’accès : l’utilisation du drone pour relâcher les moustiques est à l’essai. « Le vrai challenge du programme reste de le rendre accessible pour un maximum de personnes, dans un maximum de pays, à des coûts abordables. En parlant de coût, et concernant l’application du programme à Nouméa, on estime à environ 1300 francs par personne et par an son coût d’installation, en sachant qu’il n’aura plus besoin d’être renouvelé par la suite. », confirme Nadège Rossi, impatiente de valider la méthode sur les villes du Mont-Dore et de Dumbéa.   

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L’innovation au service de la santé  

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Lâcher de moustiques « sains » au Mont-Dore ! © World Mosquito Program

Alors que le réchauffement climatique impacte positivement le développement des populations de moustiques et favorise leur migration vers de plus larges zones, les épidémies de dengue, Zika ou Chikungunya explosent à travers le globe. D’autres méthodes innovantes sont actuellement testées : lâcher de mâles porteurs de Wolbachia dont les œufs ne pourront pas éclore, systèmes de destruction des nids dans les gouttières avec la startup calédonienne Aedes System ou encore insecticides divers et variés. Le programme développé par l’association semble être celui qui a le moins d’impact et de conséquences sur l’écosystème et prouve encore une fois que l’innovation doit se mettre au service de l’Homme. Histoire qu’on ne devienne pas tous complètement dingues !  

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Pour en savoir plus, retrouvez l’interview de Nadège Rossi en intégralité sur NeoTech.nc : https://neotech.nc/rencontre-avec-nadege-rossi-responsable-world-mosquito-program-nouvelle-caledonie/  

Et retrouvez l’épisode de Caledinno consacré à la bactérie Wolbachia en replay sur le site de NC la 1ère : https://la1ere.francetvinfo.fr/nouvellecaledonie/emissions/caledinno

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