Jeudi 11 avril, après une journée pluvieuse, un large public s’est réuni avec intérêt dans l’auditorium de la CCI-Nouvelle-Calédonie pour assister au mensuel « Rendez-vous de l’économie », qui portait sur un sujet d’actualité : « Comment l’IA impacte les entreprises et bouleverse le tissu économique ? ».
La conférence a été animée par deux experts en la matière : Christophe Legrenzi, consultant spécialisé en stratégie et performance digitale et Mehdi Mahroug, expert local en intelligence artificielle, formateur et fondateur de la startup iLearn. Ensemble, ils ont dressé un panorama complet de l’intelligence artificielle – avec ChatGPT en Guest star – et de ses implications économiques.
« On parle beaucoup de l’intelligence artificielle générative, mais croyez-moi, ChatGPT, c’est juste l’arbre qui cache la forêt. »
Christophe Legrenzi
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Le B-A-BA de l’IA
Il est facile de penser que l’intelligence artificielle est une technologie récente mais son histoire remonte bien plus loin que ce que l’on pourrait imaginer. En effet, l’IA naît officiellement dès 1956 lors de la conférence de Dartmouth. Depuis, cette technologie a énormément évolué et gagné en « intelligence ». Première question lancée à travers la foule : comment définir l’intelligence d’une machine ? Christophe Legrenzi a alors choisi de citer Woody Allen pour répondre. Ce dernier dit que « la véritable intelligence d’une machine se révèle lorsqu’elle peut accomplir des tâches et résoudre des problèmes de manière autonome ».
Cette question fût l’occasion d’aborder les deux principes fondamentaux qui permettent à l’intelligence artificielle de nous répondre intelligemment : le Machine Learning et le Deep Learning et la nuance est fondamentale. Le Machine Learning est le principe selon lequel la machine établit des corrélations selon les caractéristiques données par l’homme. Par exemple, dans cette image, l’homme dit que s’il y a un rond, deux triangles sur le rond et trois traits de part et d’autre, c’est probablement un chat. Par analogie, dans le traitement de forme, la machine analyse un certain nombre de paternes et conclus que c’est un chat.
Le Deep Learning, la « next step » dans l’IA, donne la main à la machine. L’homme n’intervient plus. Cette sous-catégorie du Machine Learning, repose sur le principe que les systèmes informatiques peuvent apprendre à partir de données et s’améliorer progressivement sans être explicitement programmés. Par exemple, l’homme fournit des millions d’images de chats en disant qu’il y a un chat et laisse la machine identifier elle-même les paramètres selon lesquels ce sera un chat ou pas. Aujourd’hui, le Deep Learning a pris le dessus sur le Machine Learning.
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La révolution ChatGPT
« C’est la plus grande révolution technologique que le monde contemporain n’a jamais connue. C’est une révolution, certes, mais n’oublions pas qu’elle a bénéficié de toutes les précédentes (arrivée du PC, le world wide web…). »
Christophe Legrenzi, qui tire ses propos de Kai-Fu Lee, auteur du livre « I.A. La Plus Grande Mutation de l’histoire ».
Le 30 novembre 2022 marqua la sortie de ChatGPT. En seulement cinq jours, il y avait déjà un million d’utilisateur alors qu’il a fallu deux ans à Twitter pour atteindre ce nombre. Aujourd’hui, le chatbot intelligent compte plus de cent quatre-vingts millions d’utilisateurs. Christophe confirme que c’est une révolution car c’est la première fois que la machine maîtrise le langage humain. Un véritable défi à relever car le langage est une notion bien difficile pour une machine, non pas au niveau analytique – elle écrit même mieux que certaines personnes ! – mais au niveau sémantique. Aujourd’hui, grâce au Deep Learning, ChatGPT peut reproduire le langage humain, et prend en charge plus de cinquante langues !
Aujourd’hui, chacun peut accéder à la version gratuite de ChatGPT mais savoir l’utiliser correctement est une tout autre affaire, c’est un véritable art qui s’appelle le Prompt Engineering. En Nouvelle-Calédonie, qui dit prompt, dit Mehdi Mahroug. Ce fut alors au tour de Mehdi de prendre le micro et de faire une démonstration grandement appréciée du public. Ainsi, voici les étapes illustrées de l’expert lorsque vous écrivez un prompt :
- Donner un rôle : « Tu es le meilleur agent de voyage spécialiste de l’Australie. » ;
- Annoncer le résultat attendu : « Fais-moi le programme d’un séjour d’une semaine à Melbourne. » ;
- Donner des éléments de contexte : « Nous partons en famille avec ma femme et mes 14 enfants. Nous sommes nombreux et bruyants. Nous adorons les parcs d’attraction et détestons les musées. » ;
- Donner un but : « Le but est de passer le meilleur séjour possible et de déranger au minimum les australiens. » ;
- Donner des éléments de contraintes : « Budget de 200 dollars par jours pour les activités par personne. On ne parle pas anglais. On part au mois de juillet. ».
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Prendre conscience des limites
Alors que dans la salle, nous pouvions entendre des « c’est pas vrai… », « qu’est-ce que c’est bluffant », « ça va changer mon quotidien »… Les deux experts ont tenu à insister sur la nécessité de prendre conscience des limites et des défis associés à l’IA. Premièrement, le phénomène d’hallucination est une préoccupation majeure. Les systèmes comme ChatGPT peuvent générer du contenu qui semble authentique mais qui est en réalité inventé. Alors, un travail de sensibilisation auprès des jeunes – et moins jeunes – est à faire. De plus, il est important de noter que ChatGPT se fatigue ; sa performance peut diminuer au fil du temps ou lorsqu’il est soumis à des charges de travail élevées.
Un exemple parlant est le cas de jurisprudence Samsung, où des informations confidentielles ont été divulguées involontairement. Cette situation souligne le besoin d’une gestion prudente des données sensibles dans des contextes d’utilisation de l’IA. Par ailleurs, des outils comme Character.ai offrent des avatars empathiques pour des interactions plus humaines mais qui demandent une attention particulière, surtout avec les adolescents isolés, troublés et vulnérables.
Il est également crucial de reconnaître que l’IA ne peut remplacer l’expertise humaine. La conscience des limites de ces technologies est essentielle pour une utilisation responsable et éthique. Ainsi, combiné avec des pratiques et des outils complémentaires, tels que des logiciels open source comme ChatPDF ou Gamma, permet de mieux encadrer l’utilisation de l’IA et d’en maximiser les avantages tout en minimisant les risques.
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Un futur déjà présent
Pour demain, une transition vers l’Intelligence Artificielle Générale se profile, un processus qui vise à développer des systèmes capables de raisonner, d’apprendre et d’agir de manière autonome dans une variété de domaines, dépassant ainsi les capacités des modèles comme ChatGPT. Cette évolution se traduit par des agents multiGPT, capables de collaborer et de résoudre des problèmes de manière plus avancée et rapide. Par exemple, un agent IA avancé pourra résoudre des problèmes complexes en quelques jours seulement, contre des semaines voire des mois avec des méthodes traditionnelles.
Mais pour aujourd’hui, il manque l’action à l’IA et c’est ici qu’intervient la robotique. Des développements récents, tels que les recherches du laboratoire de Stanford sur la robotique intelligente avec Aloha montrent une voie vers des applications pratiques de l’IA dans le monde réel. Elon Musk va même jusqu’à prédire qu’il y aura « un milliard de robots humanoïdes en 2040 ». Cependant, il reste à voir comment cette évolution façonnera nos interactions quotidiennes avec la technologie et la société dans son ensemble.
Chers lecteurs, bienvenus dans I, Robot.
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