Dans cette nouvelle série mêlant culture, technologie et souvent intelligence artificielle, Neotech passe au peigne fin les anticipations technologiques les plus inspirées et inspirantes du 7ème art. Replongez avec nous dans les films de science-fiction les plus aboutis de ces dernières décennies, pour confronter la vision de leurs auteurs à l’actualité contemporaine de la tech.
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Épisode 1 – Des robots dans la ville
Nous ne serons certainement pas les seuls à avoir fait le rapprochement. Lorsqu’en août dernier, Elon Musk, le tout-puissant patron de Tesla, annonce travailler à la création prochaine d’un robot humanoïde baptisé « Tesla Bot », l’équipe de Neotech y a vu l’occasion de dépoussiérer sa vieille collection de DVD. L’ancêtre du Tesla Bot est bien là, aux côtés d’un Will Smith anxieux, sur la pochette du film « I, Robot » d’Alex Proyas (2004).
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Tesla fait son cinéma
L’intrigue d’I, Robot se situe en 2035. Des robots humanoïdes, produits de la puissante société US Robotics, ont envahi notre quotidien avec pour mission de servir l’humanité. Ces robots y sont tenus d’obéir strictement aux Trois Lois fondamentales de la robotique, en tout point similaires à celles énoncées par Isaac Asimov dans sa collection de nouvelles éponymes parues dans les années 50.
Nous sommes tout juste en Août 2021 lorsqu’Elon Musk, à l’occasion de son « AI Day » dédié aux applications domestiques de l’intelligence artificielle, annonce en grande pompe la création prochaine du Tesla Bot. L’objectif du boss de la tech est clairement affiché : présenter un premier prototype de ce robot humanoïde dès 2022. Et après ? L’ériger en fidèle assistant du quotidien des professionnels comme des particuliers, en nous remplaçant dans la réalisation d’actions dangereuses, répétitives et ennuyeuses.
Bien entendu, Tesla est encore loin d’une mise en production et encore plus d’une commercialisation. Mais la société de Palo Alto en Californie est indéniablement sur de bons rails pour que fiction devienne prochainement réalité, et peut-être même à l’horizon fixé par le film. Un sentiment déjà renforcé par l’esthétique du Tesla Bot présenté à l’AI Day, indéniablement très proche de celle proposée par Alex Proyas pour les NS-5 de sa fiction.
Le Tesla Bot disposera d’un corps lui aussi entièrement articulé, construit avec des matériaux légers et embarquant 40 articulations électromécaniques, notamment au niveau de ses mains capables de saisir des objets. Il pourra soulever jusqu’à 68 kilos du sol, et se mouvoir avec des charges de 20 kilos. Ses pieds reposeront sur deux axes lui permettant de conserver un équilibre constant, avec un retour de force dans les jambes pour lui permettre de s’adapter aux différentes surfaces. Sa tête disposera d’un écran affichant ses informations de fonctionnement, et surtout de caméras similaires à celles qui guident l’Autopilot des voitures électriques Tesla (et notamment la fameuse puce Full Self Driving Computer). De quoi trier les informations perçues et réagir de façon optimisée à son entourage. Le constructeur prévoit d’entrainer son robot avec Dojo, le supercalculateur du groupe, cinquième plus puissant du monde, qui devrait être finalisé l’an prochain. Voilà pour la technique.
Ce que n’aborde toutefois pas Elon Musk en présentant ce projet, et sur quoi repose pourtant l’intrigue de « I, Robot« , c’est la question du rapport aux humains de ces robots, et la crainte de leur potentielle dangerosité, façon rébellion des machines.
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Les robots rêvent-ils de moutons électroniques ?
Dans « I, Robot », Del Spooner est un détective profondément technophobe, qui voit la démocratisation du recours aux robots comme une dangereuse dérive de la société. Une défiance qui trouve son origine dans un épisode traumatique vécu par le personnage, au cours duquel un robot avait préféré le secourir d’un accident de voiture plutôt qu’une petite fille abandonnée à la noyade. La décision prise par le robot relevait alors d’une logique froide (plus de chances de survie d’un côté que de l’autre), délaissant ce qui aurait été, pour Spooner, le choix moral à suivre.
Les robots peuvent-ils alors être programmés pour agir moralement ? Peuvent-ils, dans l’optique de nous assister selon ce qu’ils estiment le mieux pour nous, prendre des décisions malgré nous, à l’encontre de notre volonté ? Sans compter l’incontournable question, les robots peuvent-ils acquérir une certaine sensibilité, des émotions ou même, comme formulé dans le film, les robots peuvent-ils rêver (de moutons électroniques) ?
Depuis « Blade Runner » à « The Matrix » en passant par « Terminator« , la crainte d’un soulèvement des machines, à travers des créations qui se rebelleraient contre leurs maîtres comme autant de créatures de Frankeinstein, habitent le coeur et l’imaginaire cinématographique des hommes.
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Les lois fondamentales : le « robot versus humain » aura-t-il lieu ?
Si « I, Robot » délaisse quelques fois trop cette passionnante problématique au profit du pur divertissement d’action, l’intrigue du film repose pourtant bien sur ce qu’Isaac Asimov nommait les Trois Lois fondamentales de la robotique. Des règles éthiques que l’auteur américain a érigé dans son cycle des Robots au début des années 50, selon lesquelles :
- un robot ne peut porter atteinte à un humain ni rester passif devant un humain exposé au danger.
- Un robot doit obéir aux ordres donnés par un humain, sauf s’ils entrent en conflit avec la première loi.
- Un robot doit protéger son existence tant que cette protection n’entre pas en conflit avec les deux premières lois.
A travers son oeuvre, Asimov a lutté toute sa vie contre la peur qu’inspirait la technologie robotique. Pour lui, les robots ne sont et ne seront que des machines sophistiquées effectuant les tâches pour lesquelles les ingénieurs les ont conçues. Afin de s’assurer de leur fidélité et d’éviter tout danger pour l’Homme, ces trois lois devaient alors être intégrées « au plus bas niveau du cerveau positronique » (selon ses termes) des robots, garantissant ainsi leur inviolabilité.
A n’en pas douter, Elon Musk partage probablement la vision de l’auteur américain, voyant davantage les robots comme des jouets inoffensifs que comme des T-3000 en puissance. Reste que des questions passionnantes pour l’avenir de notre société demeurent à adresser : quelle sera l’acceptation sociale vis-à-vis des robots ? Tomberons-nous dans le piège de créer de l’humanité au contact des robots là où ces dernier seront d’abord pensés comme des machines devant nous faciliter la vie ? Au niveau environnemental, comment seront gérés les besoins énergétiques pharamineux que demanderont des robots mobiles et indépendants, dotés d’une intelligence artificielle auto-apprenante ?
Et la liste de problématiques est encore longue. La meilleure adaptation de cette « robolution » sous l’angle sociologique est d’ailleurs peut-être à trouver sur petit écran, avec la série suédoise « Real Humans » (2012), que l’on recommande vivement à tous les amateurs du genre. De quoi mieux considérer ces questionnements pour rejoindre Rabelais qui, déjà dans Pantagruel, nous mettait en garde : science sans conscience n’est que ruine de l’âme.
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La robolution est en marche…
Cent ans après l’invention du mot « robot », Elon Musk met donc les bouchées doubles pour concrétiser le projet fou d’une société assistée par des robots humanoïdes, façon « I,Robot ». Tesla reprend ainsi le flambeau un temps porté par Google, longtemps précurseur en la matière, et qui s’est positionné en retrait ces dernières années.
Mais la tendance demeure bien réelle : avec les progrès constants de l’IA, les groupes les plus innovants commencent à caresser du doigt cette folle ambition. Bien que nous soyons encore bien loin de partager le quotidien de Del Spooner, nous pouvons toujours nourrir notre complexe de Frankenstein dans les oeuvres de fiction précédemment citées. Cela tombe bien, l’adaptation du cultissime cycle « Fondation » d’Isaac Asimov, parait ce mois-ci sur Apple Tv.
Fiche technique « I, Robot »
- Année de sortie : 2004
- Réalisateur : Alex Proyas
- Scénario : Jeff Vintar, Akiva Goldsman (adapté du cycle de nouvelles éponyme d’Isaac Asimov).
- Distribution : Will Smith, Bridget Moynahan, Alan Tudyk
- Synopsis : En 2035, le détective Del Spooner enquête sur la mort du Dr Alfred, employé par la société US Robotics, avec l’aide d’une robopsychologue. Spooner tente de découvrir si un robot a pu commettre ce meurtre en violant les lois fondamentales de la robotique.