CASSINI
« Je hacke donc je suis » © Data Terra

Pour la première fois, la Nouvelle-Calédonie a accueilli une édition du très européen CASSINI Hackathon. L’événement est officiellement organisé par, labellisée par l’Union européenne, tandis que Data Terra, infrastructure de recherche représentée par Jean Massenet, a coordonné l’organisation opérationnelle sur le terrain.

Son engagement, lui, tient plutôt à une envie de connecter la région à des dynamiques européennes qui passent souvent trop loin d’ici, et de créer des occasions concrètes pour que les équipes du Pacifique puissent se mesurer à d’autres. Une façon d’ouvrir des portes sans bruit, mais avec impact.

Bonjour Jean et bienvenue sur NeoTech. C’est la première fois que la Nouvelle-Calédonie organise un hackathon européen. Qu’est-ce que ça change concrètement pour le territoire ?

C’est aussi la première fois que le CASSINI Hackathon accueille un organisateur hors d’Europe! Ca change déjà l’équation. Jusqu’ici, la Calédonie avait participé via une équipe de l’UNC, mais on restait du côté des candidats. Cette fois, l’UNC est officiellement labellisée comme organisateur local par l’Europe et se retrouve parmi les dix organisateurs officiels de l’édition, au même niveau que l’Italie, l’Allemagne ou la Finlande. Un vrai saut de rôle qui transforme le territoire en passerelle entre l’Europe et le Pacifique.

Concrètement, le hackathon tournait en plein jour en Europe, mais ici c’était la nuit. Résultat : chaque matin, l’équipe locale devait récupérer les sessions de la veille, les préparer et les transmettre pour que les participants suivent le même tempo que les autres sites, malgré les dix heures d’écart. Un exercice intense mais essentiel pour faire vivre un événement pensé pour un autre fuseau horaire.

L’idée derrière tout ça est simple : prouver qu’un territoire ultramarin peut porter une initiative européenne d’envergure et rappeler que les talents du Pacifique ont toute leur place dans ce type d’écosystème.

__

Tu as déjà quelques hackathons au compteur. Qu’est-ce qui rend celui-ci vraiment différent des autres ?

Dans les hackathons que nous organisons habituellement, le cadre est plus ouvert. Pour le Ocean Hackathon par exemple, le thème est clair, l’océan et, à partir de là, chacun peut piocher les données qu’il veut, imaginer le défi qu’il veut, et construire sa solution sans contrainte particulière. C’est un terrain de jeu immense, presque sans limites. 

Le CASSINI Hackathon fonctionne autrement. Tout est plus structuré car il repose avant tout sur les données spatiales européennes, qu’il s’agisse d’observation de la Terre, de positionnement ou de connectivité satellite. On peut ajouter d’autres sources mais le cœur du jeu, c’est vraiment celles-ci et c’est assumé puisque l’événement vise à promouvoir les programmes spatiaux européens

Les défis étaient eux aussi définis à l’avance, avec trois univers précis, le gaming, le sport et le tourisme, le tout autour d’un thème central, l’amélioration de l’expérience client. Ce hackathon s’inscrit donc dans une stratégie européenne avec un cadre clair, organisé pour la première fois depuis une région ultramarine.

CASSINI
« Quand l’espace commence… juste à côté de l’ascenseur » © Data Terra

__

Après cette première édition hors Europe, à quoi pourrait ressembler la suite de l’aventure CASSINI pour la Calédonie et le reste du Pacifique ?

Il y a deux niveaux possibles pour la suite. D’un côté, cette première édition locale peut donner envie à plus de Calédoniens et de voisins du Pacifique de rejoindre l’aventure, même en s’inscrivant auprès d’un organisateur basé en Europe, en France, en Grèce ou ailleurs. De l’autre, il serait envisageable et pertinent de renouveler l’expérience d’une nouvelle édition organisée directement depuis la Nouvelle-Calédonie.

Cette dixième édition du Hackathon CASSINI a prouvé que c’était faisable malgré la distance, le décalage horaire et les défis logistiques associés, avec un besoin de coordination pointue pour assurer le lien avec l’organisation centrale en Europe.

Au passage, l’exercice a montré que la région sait porter ce type d’initiative, gagner en compétence et servir de point d’entrée du Pacifique vers les programmes européens. Pour les participants, c’est une vraie opportunité de formation et d’ouverture, un moyen de se mesurer à des standards internationaux, de travailler avec des mentors spécialisés et de rappeler à l’Europe que, même loin, les compétences sont bien là.

__