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Épisode #2 – La Station F

Dans les années 1950, au cours de ses recherches sociaux-économiques, un certain Schumpeter formula une idée : certaines entreprises pourraient être nourries et soutenues avec des ressources et un mentorat pour les aider à se développer sur leur marché. Les adeptes du « capital-risque » se pourléchèrent alors les babines et suivirent la pensée de l’économiste en investissant sur des entreprises à haut risque. Bien plus tard, en 1981, Bill Draper et ses fistons créèrent le premier incubateur au cœur même de la désormais célèbre Silicon Valley. Vous l’avez deviné, dans cette série d’articles, nous partons à la découverte des incubateurs et accélérateurs d’ici et d’ailleurs, de leur histoire, de leurs spécificités en saupoudrant chacun de ces focus de quelques success stories. 

Après avoir découvert le Pôle Innovation calédonien, direction l’Hexagone. Bâti au cœur de Paris se trouve un campus de plus de 34 000 mètres carrés dans lequel gravite chaque jour des milliers d’hommes, de femmes et d’idées novatrices, venus du monde entier. Etats-Unis, Grande-Bretagne, Chine : un tiers des « jeunes pousses » installées vient de l’étranger. Un melting-pot de cultures et d’ambitions : bienvenue à la Station F, le plus grand incubateur de startups du monde. Rien que ça ! 

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D’une gare ferroviaire au plus grand incubateur du monde

Si aujourd’hui la Station F s’apparente à une Silicon Valley à la française, c’est grâce à l’ambition (et à l’investissement) d’une seule personne : Xavier Niel. L’homme d’affaires, fondateur de Free, a investi pas moins de 250 millions d’euros pour bâtir le plus grand incubateur de startup au monde. Après trois ans de travaux, le campus, baptisé « Station F », a été inauguré le 29 juin 2017, dans le XIIIème arrondissement de la capitale.

Station F
La « Station F », THE spot pour les génies créatifs ! © Flickr

Moins de dix ans après sa création, les chiffres ont de quoi faire tourner la tête : 3 000 entrepreneurs (et autant d’ordinateurs), 1 000 startups, plus de 20 programmes d’accompagnement pour les porteurs de projets… le campus est une véritable fourmilière pour génies créatifs ! L’incubateur fournit ainsi de nombreuses ressources et services aux jeunes pousses innovantes : espaces de travail partagés bien sûr, mais aussi des conseils d’experts et des opportunités de levées de fonds via des collaborations avec des VC et autres investisseurs « blindés ». 

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Pédale d’accélération pour l’entrepreneuriat innovant 

L’objectif de cette gigantesque station : accompagner des milliers d’entrepreneurs innovants sur la route du succès. Pour ce faire, le lieu emblématique de l’entrepreneuriat français dispose d’une vingtaine de programmes d’accélération différents. L’un d’entre eux, le « Fighters Program » porte bien son nom : il s’adresse avant tout aux entrepreneurs issus de milieux défavorisés. Son atout ?  les startups qui s’inscrivent sont accompagnées gratuitement pendant un an. De quoi mettre ses neurones à l’étrier de l’entreprise !

Le plus connu ? Le « Founders Program », créé par Roxanne Varza, la directrice de la Station F « herself ». Le principe est simple : moyennant 195 euros par mois et par espace de travail, les startupers se voient proposer tous les outils nécessaires à la création de leur startup, du financement en passant les conseils d’experts et l’accès à des évènements thématiques. Mais, pour obtenir ce graal, il faut passer par la case dossier qui pèse lourd, puis entretien qui fait peur. Le jury ? Plus de 100 entrepreneurs venant de 21 pays. De quoi se sentir (un peu) sous pression ! Autre programme et pas des moindres puisqu’il vise à répondre à un enjeu majeur : la santé des femmes. Baptisé « FemTech Program« , le dispositif et ses experts accompagne pendant six mois les entrepreneurs qui se focalisent sur cette thématique.

A la Station F, les grands groupes, à l’image de LVMH ou Microsoft ont aussi voix au pupitre des bonnes idées. Pour la plupart, ces géants de l’économie mondiale ont développé leurs propres incubateurs et/ou programmes. Chaque année, celui de LVMH, par exemple, accueille une cinquantaine de startups. Petit bonus ? Les entrepreneurs ayant été acceptés peuvent bénéficier de coaching individualisé et d’un accompagnement par des experts du groupe.

Une fois cette étape passée, le chemin peut mener à de belles histoires, comme, par exemple, celle de Julie Chapon, créatrice de l’application « Yuka ». Comme de nombreux autres programmes d’accélération, celui de l’EDHEC accompagne des startups à haut potentiel. Accessible à la Station F, il a ainsi permis à « Yuka » de se développer rapidement. La désormais célèbre application permet de scanner le code barre des produits alimentaires en grandes surfaces pour connaître leur impact sur la santé ; avant cette formidable success story, elle fut l’une des premières startups à intégrer THE Station. Aujourd’hui installée dans ses propres locaux parisiens, la startup comptabilise plus de 20 millions d’utilisateurs. Rien que ça… Autre belle et récente « sucess story » : celle de Hugging Face, startup franco-américaine qui développe une plateforme open source dédiée au machine learning. IA sur le chapeau ? C’est la première fameuse licorne à émerger de la Station F !

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Avec Yuka, yapuka ! © NeoTech

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Une mini-ville à grande vitesse 

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© Station F

Depuis sa création en 2017, la Station F a déjà accompagné plus de 5 000 startups. D’après Le Figaro, 92% d’entre elles sont encore en activité aujourd’hui. Une réussite qui s’explique en partie par l’agencement – bien pensé – des lieux. A l’image de la Silicon Valley, en Californie, le campus de la Station F a été conçu pour permettre à toutes et tous un confort de travail mais aussi un confort de vie. 

Ainsi, l’immense bâtiment, installé dans la Halle Freyssinet, est divisé en trois grands espaces : la zone « Share », pour travailler, la zone « Create », pour échanger, et enfin la zone « Chill », pour se détendre et se restaurer. Ici, les ordinateurs côtoient les babyfoots. Bref, une ambiance studieuse mais détendue contraste parfois avec le rythme effréné des milliers de personnes qui y passent leurs studieuses journées. Finalement, la Station F semble s’être installée au bon endroit : elle garde cette vie à 100 à l’heure de la gare ferroviaire d’autrefois et voit passer de nombreux trains de l’innovation.   

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