C’est dans une petite salle cossue au fond du Chai de l’Hyppodrome que la startup polynésienne Invest In Pacific a invité une petite quarantaine d’investisseurs calédoniens à découvrir les trois levées de fonds en cours d’opération. Ainsi, à côté d’un panda géant, les fondateurs de Boko, NeoFly et Optimal RH ont défilé pour présenter l’état d’avancée de leur recherche de financements participatifs.
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Invest In Pacific, local et participatif
Stéphanie Dugied semble être une bonne pioche pour l’équipe RH d’Invest In Pacific ; la jeune femme, tout juste arrivée à la direction de l’antenne calédonienne, a débuté sa présentation de la startup financière par un constat tiré de la bouche des fondateurs, Nicolas Laurent et Pierre Germon :
“A Tahiti et en Nouvelle-Calédonie, les épargnants ont beaucoup d’argent mais cette épargne ne contribue pas au développement de l’économie locale.”
Stéphanie, nouvelle porte-parole de Pierre et Nicolas
Voilà une bonne nouvelle (et une autre moins reluisante en ces temps difficiles…) tant la Nouvelle-Calédonie regorge de talents entrepreneuriaux, prêts à attaquer les marchés régionaux et internationaux armés de leurs innovations ! C’est donc à partir de cette constatation que les deux hommes ont décidé de lancer cette plateforme digitale, rapidement agréée et régulée par l’AMF, le “gendarme de la finance”, et sont devenus le seul organisme financier, hors métropole, autorisé à lever des fonds en crowdfunding. L’objectif ? Proposer aux citoyens du Pacifique “d’investir de façon responsable et locale grâce à la mise en relation d’investisseurs et de porteurs de projet”.
Alors que l’investissement participatif, options et obligations confondues, connaît une croissance fulgurante depuis son “lancement” en 2015 par Emmanuel Macron, ce néo-mode océanien de collecte de fonds a su séduire son public avec déjà près de 2,6 milliards CPF levés en trois ans, 3 500 membres inscrits en ligne, 300 emplois indirects créés grâce aux levées, pas moins de 400 Calédoniens qui ont déjà pu bénéficier des 50% de réduction fiscale sur leur investissement et des taux de rendement nets aux alentours de 7% en moyenne. Bingo !
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Investisseurs : action !
Mais hier, les véritables chercheurs d’XPF étaient les fondateurs des startups NeoFly, Boko et Optimal RH ; ainsi, Franck Paquier s’est élancé pour présenter son magazin de vrac, Boko, ainsi que ses ambitions de développement, corner après corner, produit local après produit bio, le tout “pour tous les Calédoniens, avec tous les Calédoniens”. C’est ici qu’il semble marquer l’innovation et se démarquer de la concurrence des groupes alimentaires en rognant sur les coûts grâce à 60% de produits locaux et grâce au vrac, une technique de vente bien connue dans d’autres territoires. A la différence de nombreuses startups calédoniennes pour qui le “marché” est parfois un mirage, Franck et ses 241 millions de CA actuels ambitionne d’atteindre les 683 millions à N+3, avec une rentabilité nette située autour de 52,3 millions. Pour investir dans Boko, faites place à l’obligation !
Trois hommes, ingénieurs agronomes de formation, sont ensuite entrés sur scène ; Régis Bador, Nicolas Guillemot et Matthieu Marcellier sont venus présenter NEOFLY, une startup industrielle prometteuse du Caillou. Leur concept ? Utiliser les larves de mouches soldats noires pour créer de la “super nourriture bio” pour crevettes bleues (entre autres) et réutiliser les mues et déjections des insectes pour fertiliser les sols cultivables. Après plus de trois ans de travail et des financements locaux conséquents, NEOFLY souhaite passer de l’étape préindustrielle, à une usine de 3 – 4 000 mètres carrés pour nourrir les animaux calédoniens et ce, sans dépendre de l’import coûteux financièrement et écologiquement. Autosuffisance alimentaire en filigrane, NEOFLY souhaite lever autour de 130 millions de francs pour produire 750 tonnes de farine, 150 tonnes d’huile et 2 400 tonnes de fertilisants premium. Cette fois, pour investir, faites place à l’action !
Arriva ensuite l’homme qu’on ne présente plus, tête chercheuse du bizz calédonien, entrepreneur multirécidiviste, leveur de fonds incorrigible, nous avons nommé M. Hatem Bellagi ! Le fondateur de Skazy et d’Optimal RH a présenté son projet pour une deuxième levée de fonds – CAPEX / OPEX pour ceux qui savent ! – afin de poursuivre son développement international, aussi bien que technique, avec l’ajout de nouveaux modules dans son outil SIRH. Valorisée à près de 700 millions de francs et après une première levée de fonds d’environ 115 millions, Optimal RH vise cette fois-ci un montant maximal de 128,4 millions pour devenir LA référence numérique SIRH française, avec un objectif de 1 000 clients en 2028. La startup connait une croissance intensive et les chiffres augmente “au carré”, semaine après semaine, grâce à un business model, lui aussi, carré et des investissements intelligents. Faites comme Hatem : optimisez vos actions !
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L’innovation, un vecteur de croissance et d’autonomie
On pourrait bien sûr entrer encore plus dans le détail de ces projets d’avenir et d’envergure qui se posent réellement comme des modèles à suivre, aussi bien pour les entrepreneurs que pour les investisseurs calédoniens. Si on ne devait retenir qu’une chose de cet événement, c’est que l’investissement dans l’innovation et l’entrepreneuriat calédoniens sont des voies à suivre pour reconquérir quelques points de croissance et envisager un avenir moins dépendant des célèbres usines calédoniennes. Au Chai, Invest In Pacific a posé une première pierre à l’édifice de l’investissement local. Aux investisseurs de construire la suite…
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