A l’image de nombreux entrepreneurs, Antoine Derouineau, c’est un peu l’incarnation d’un parcours aux multiples chemins. Une route faite de prises de risques, d’explorations artistiques, et de découvertes numériques. Des Beaux-Arts de Toulouse à l’univers de l’entrepreneuriat en Nouvelle-Calédonie, Antoine est depuis toujours déterminé à se créer sa propre voie, loin des carcans. Une quête de liberté qui n’a pas été sans embûches se forgeant à travers des réussites, des changements de cap et surtout, une capacité à se réinventer…
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De l’art aux nouvelles technologies

Lorsque l’on discute avec ce Girondin de son parcours, une évidence s’impose. C’est le domaine artistique qui l’a toujours animé. Après une formation en communication visuelle à l’ECV de Bordeaux, Antoine s’installe ensuite dans la ville rose pour suivre un cursus aux Beaux-Arts de Toulouse.
« J’ai toujours été fasciné par les concepts, la manière de les exprimer différemment que par le langage écrit ou oral. J’ai exploré tous les médias parallèles : le visuel, l’auditif, et tout ce qui interpelle les sens. »
Pendant cinq ans, il découvre des disciplines comme la sculpture, les installations audiovisuelles, le land art, tout en se laissant peu à peu captiver par l’émergence des technologies numériques. Au début des années 2000, avec le collectif Parallax Lab, il plonge dans l’univers du VJing, mêlant rock progressif, musique électronique et projections vidéo pour donner vie à des performances immersives. Plus son amour pour l’art se confirme, plus son intérêt pour les installations interactives permettant d’associer sons, images et mouvement, ne cesse de grandir.
« Les dispositifs interactifs m’attiraient beaucoup. C’était comme les livres dont vous êtes le héros de mon enfance, mais avec un ton plus expérimental et abstrait. »
Puis arrive la fin des études et avec elle, la confrontation à la réalité du monde du travail. Vivre de son art, une utopie ? Les collaborations artistiques s’enchaînent, mais peinent à vraiment mettre du beurre dans les épinards. Il devient alors évident qu’un changement de cap s’impose. Son goût pour l’expérimentation, les outils numériques et les projets collectifs, comme son travail sur le livre-CD Interterritoires Électroniques, le pousse à envisager une autre voie, celle de la communication visuelle en freelance. Un choix qui lui permet de conserver un pied dans le domaine artistique qui lui est cher.
Travailler pour des agences, collaborer avec des clients, développer des identités visuelles, du motion design, des interfaces web… Il découvre que l’indépendance lui offre de préserver la maîtrise de son temps, de ses choix, de ses projets. Son premier vrai pas vers la liberté était amorcé…
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La Nouvelle-Calédonie, un terrain d’opportunités et de défis
En 2006, tout bascule. Après six mois en Australie, il s’installe en Nouvelle-Calédonie, tout en poursuivant ses collaborations à distance avec ses clients en métropole. Au fil des rencontres et des opportunités, il s’ancre progressivement dans l’écosystème local. Celles-ci l’amènent alors à faire un pas de côté avec la freelance pour devenir associé et développer la branche web de la société IMAG’IN. Un défi de taille, car en 2008, internet en Nouvelle-Calédonie ressemblait encore à un véritable Far West…
Mais peu importe, c’était le début d’une aventure entrepreneuriale à grande échelle ! Avec IMAG’IN, il travaille sur des projets de sites web marchands, d’identité visuelle pour les entreprises locales ou encore de développement d’outils digitaux.
« C’était un saut dans l’inconnu, mais une vraie aventure. J’ai appris à gérer une société, à développer un business, et à convaincre des clients avec des concepts créatifs. »
Il recrute une équipe, développe l’agence, découvre les joies (et les complications) de la gestion d’une entreprise. La liberté qu’il chérissait tant commence à se heurter aux contraintes du monde des affaires. L’étau se resserre. En 2016, un accident le contraint à une pause forcée de neuf mois. Deux ans plus tard, il revient à l’un de ses piliers de la liberté, la freelance.
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Un retour aux sources
Le retour à l’indépendance est libérateur, mais non sans difficultés. Il se spécialise dans l’UX-design et travaille sur des projets de communication digitale. Mais le Covid ralentit brutalement son activité. Une nouvelle fois, il faut s’adapter et faire preuve de résilience. C’est à ce moment-là qu’une nouvelle opportunité se dessine. En 2022, un ami lui propose de s’associer pour intégrer Impact e-Média, une entreprise où il travaille sur des projets de communication digitale et d’optimisation organisationnelle.
« Mon rôle est de clarifier les outils et les process dans l’entreprise, tout en développant de nouveaux projets. Cela rejoint le design d’expérience utilisateur. Il faut comprendre le rôle de chacun, simplifier les tâches et rendre les systèmes plus efficaces. C’est un mix entre stratégie, créativité et gestion. »
À la même période, l’idée de SMSlink, une plateforme d’SMS professionnels, germe peu à peu dans sa tête. Une solution simple, efficace, répondant à un véritable besoin sur le marché local. Et puisque la création n’attend pas, il lance dès 2023 son développement au sein d’Impact e-Média, entouré de ses amis et collaborateurs Christophe et Stefan, avec lesquels il collabore régulièrement depuis ces premières freelances à Toulouse.

Après les premiers tests en avril, la mise en production se lance en octobre 2023. Un an plus tard, SMSlink Pacifique est officiellement créée, et la recherche de clients en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie s’intensifie. Un travail de longue haleine qui porte ses fruits car depuis le mois de janvier 2025, SMSlink est actif en Polynésie Française.
« Je découvre les rouages du métier de commercial, un domaine que je connaissais moins. Il faut savoir naviguer entre les différents niveaux de décision pour capter l’attention des dirigeants tout en comprenant les besoins et les freins des acteurs sur le terrain. »
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Un chemin qui n’est pas sans embûches
Aujourd’hui, Antoine est un homme libre. Libre de choisir ses projets, de rythmer ses journées à sa façon et de refuser les moules qui ne lui ressemblent pas. Une liberté qu’il a façonnée au fil du temps, au prix de défis, de remises en question et de résilience. Car oui, l’indépendance ne signifie pas être seul, mais s’entourer des bonnes personnes pour créer son propre équilibre. Parce qu’au fond, entreprendre n’est pas une finalité mais un moyen (parmi d’autres) d’être libre.
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