C’est le genre de danger que l’on n’associerait pas spontanément au Caillou et pourtant, comme tous les pays développés et connectés, la Nouvelle-Calédonie est aujourd’hui une cible de choix pour les cybercriminels. Après une nouvelle attaque cette semaine à l’encontre d’une grande compagnie locale, l’heure est au constat quant aux failles du pays en matière de sécurité informatique.
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Air Calédonie, dernière victime en date
Air Calédonie achève une semaine pour le moins compliquée. Alors qu’elle doit déjà faire face à une forte circulation de la Covid-19 au sein de son personnel, la compagnie aérienne du Caillou a subi une cyberattaque “hautement sophistiquée” cette semaine. Les services commerciaux ont notamment été pris pour cible et le système de réservation des billets fortement impacté. Le centre d’appels de la compagnie n’est plus joignable et le temps d’attente dans les billetteries de Nouméa et des Iles Loyauté est rallongé en raison d’un accès “très limité” aux systèmes informatiques. Les personnes n’ayant pas d’urgence à réserver un vol ont été priées de remettre leur achat à plus tard.
Si la vente de billets d’avion est donc considérablement ralentie, l’exploitation des vols devrait être maintenue. “Nos équipes de cybersécurité sont en train de déjouer cette attaque et rétablir au plus vite nos systèmes”, a déclaré un représentant d’Air Calédonie à la presse. Mais en matière de cybersécurité comme en santé, il serait toutefois judicieux de veiller à prévenir le mal plutôt que le guérir… Une maxime que les entreprises du Caillou ont encore énormément de mal à appliquer à leurs systèmes informatiques.
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Des entreprises trop peu équipées en matière de cybersécurité
L’insécurité numérique est en effet une problématique bien réelle pour la Nouvelle-Calédonie, où l’on estime que 25% des entreprises ont déjà été victimes d’une cyberattaque. Et pour cause : non seulement le Caillou fait partie des pays les plus riches de la région Pacifique sud, mais il est également l’un des plus connectés. Depuis 2008, l’île profite d’un réseau à très haute vitesse via un câble sous-marin en fibres optiques qui relie l’Australie à Nouméa.
Si les raisons de ces attaques sont bien identifiées, la réponse des entreprises tarde encore et toujours à se mettre en place. Un chiffre à lui seul explique leur vulnérabilité : seulement 13% des entreprises du territoire utilisent un pare-feu. Une lacune encore plus criante au sein des PME et des PMI, des cibles qu’il est justement plus facile et profitable d’attaquer pour les cybercriminels… Pour Laurent Rivaton, président de la commission cybersécurité d’OPEN NC, plus qu’une imprudence, c’est une énorme faille : ”Nous pourrions comparer cela à prendre le volant sans ceinture de sécurité ni équipement dans la voiture”.
Le constat est donc sans appel pour celui qui est également gérant d’une entreprise spécialisée en… cybersécurité. : “Le Caillou doit saisir l’urgence de prendre les mesures adéquates en faisant de la sécurité informatique une filière d’excellence du pays, source d’emplois et créatrice de valeur”. Les experts font en effet cruellement défaut sur le territoire : on estime qu’il faudrait plus du triple des effectifs actuels pour combler la demande. A l’échelle du monde, alors que 2,8 millions de personnes travaillent déjà dans la cybersécurité, il en faudrait 4 millions de plus, dont 2,6 millions rien que pour la région Asie-Pacifique !
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Une faiblesse aujourd’hui, une force demain ?
Pour les entreprises calédoniennes, les cyberattaques représentent encore aujourd’hui un risque lointain ou trop complexe à appréhender. Alors que la transition numérique de notre île s’accélère, le Caillou continue d’évoluer dans une relative impunité à l’égard de cette problématique qu’il aurait pourtant tort de ne pas confronter. D’autant que l’opportunité de transformer cette relative faiblesse en une force économique existe bel et bien. Aux entreprises calédoniennes de s’en saisir pour devenir l’une des références en matière de cybersécurité dans la zone Pacifique…
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