De passage en Nouvelle-Calédonie pour retrouver son associé Benoît Menager, nous avons profité de la venue de Christian Padilla pour pousser les portes de REFLEXE PACIFIQUE. Fondée en 2022, cette antenne locale de REFLEXE Multimédia & Services, une entreprise créée il y a dix-huit ans par Christian est dirigée au quotidien par Benoît. Bien plus qu’une simple collaboration, REFLEXE PACIFIQUE, c’est avant tout l’histoire d’une rencontre et d’une vision partagée entre ces deux experts du numérique. Alors entre agilité, expertise technique et valeurs humaines, retour sur la genèse et les ambitions cette entreprise du Caillou. 

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Bonjour Benoît, bonjour Christian et bienvenu sur NeoTech. Pour débuter notre échange, pourriez-vous vous revenir sur les grandes dates de vos parcours professionnels et votre rencontre ? 

Benoît : Bonjour NeoTech, je me présente, Benoît Menager. Cela fait maintenant onze ans que je suis arrivé sur le territoire. Avant cela, j’ai travaillé pendant une dizaine d’années en métropole dans la gestion de projet, la dématérialisation et l’archivage électronique. En 2014, j’ai ressenti l’envie de découvrir d’autres horizons que la France et j’ai pris un poste à la CAFAT pour piloter les projets de dématérialisation en cours à ce moment-là. J’ai occupé ce poste pendant 4 ans et demi, puis j’ai rejoint la CSB en 2018 en tant que directeur des opérations. À ce poste, j’ai retrouvé des missions de management dans des domaines comme la gestion de la monétique et la gestion services ici en Nouvelle-Calédonie. C’est à cette période que j’ai rencontré Christian, avec qui je suis resté en contact. Puis en 2021 j’ai décidé de mettre à mon compte, et c’est à cet instant que l’aventure REFLEXE PACIFIQUE a débuté.

Christian : Je me présente également, Christian Padilla, j’ai 55 ans. Au départ, j’ai eu plusieurs expériences professionnelles qui m’ont mené à l’informatique il y a vingt-cinq ans. J’ai travaillé pendant de nombreuses années chez Atos puis un jour, j’ai décidé d’arrêter car le modèle ne me convenait plus. Je me suis donc dit que j’allais créer ma propre entreprise avec mes propres valeurs. Les valeurs sont importantes pour la suite de mon parcours. J’ai donc créé mon entreprise, dans laquelle, au départ, je voulais être seul. Puis l’entreprise a évolué. Dix-huit ans plus tard me voilà en Nouvelle-Calédonie pour une mission de remise en conformité d’un certain nombre de services pour un client qui m’a confronté à pas mal d’idées reçues. Beaucoup de métros pensaient, et pensent encore, que lorsqu’on arrive en Calédonie, nous sommes accueillis avec un collier de fleurs, que les gens travaillent les pieds dans le sable, sous les cocotiers et que le rythme est moins soutenu qu’en France. Alors que la réalité est toute autre. J’ai rencontré des personnes très intéressantes, très professionnelles qui avaient envie de faire plein de choses, dont Benoît faisait partie. De mon côté, j’avais également des envies et l’une d’elles, qui me tenait particulièrement à cœur, était de travailler un jour avec Benoît.

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L’entreprise REFLEXE PACIFIQUE a donc été créée en 2022, pouvez-vous revenir sur la genèse et les motivations qui vous ont amené à vous associer ?

REFLEXE PACIFIQUE

Christian : À la suite de notre rencontre et nos échanges avec Benoît, nous nous sommes rendu compte que nous partagions des valeurs qui étaient les mêmes que celles qui m’avaient donné envie de monter « REFLEXE Multimédia & services » en France. Rapidement, je lui ai dit : « Quand tu rentreras en France, on travaillera ensemble ». Après ma mission en Nouvelle-Calédonie, je suis reparti en France en février 2020 avec l’un des derniers avions avant la crise Covid.

Benoît : De là, nous sommes restés en contact avec Christian. En 2021, je me mets à mon compte et au mois d’octobre, il revient vers moi et me dit : « J’ai un projet pour un client en prévision des JO 2024 à Paris. J’ai besoin d’avoir un support informatique 24 heures sur 24. Est-ce que tu veux t’associer avec moi pour que l’on monte quelque chose en Calédonie pour utiliser le décalage horaire ? ». Je n’ai pas réfléchi longtemps et j’ai dit « Oui » … 

Christian : Lors de la première année de REFLEXE PACIFIQUE, j’ai dû venir à trois reprises sur le territoire pour diverses raisons administratives et fiscales qui nous ont pris un an à résoudre notamment pour l’achat de nos locaux. Mais cet investissement nous semblait essentiel pour montrer notre engagement et vision au long terme vis-à-vis de nos clients. Aujourd’hui, il y a deux choses qui sont importantes dans notre métier, le côté technique, mais également l’image que nous renvoyons à l’extérieur. Si l’image n’est pas bonne, nous pouvons être les meilleurs techniciens du monde, cela ne fonctionnera pas. Nous avons donc pris la décision d’acheter des locaux pour montrer que nous souhaitions nous inscrire dans la durée. Finalement, le projet pour les JO de Paris ne s’est pas fait, mais nous avons eu d’autres projets en parallèle notamment avec un distributeur d’énergie.

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Quelles sont les valeurs que vous partagez et comment sont-elles mises en application ?

Christian : À mon sens, les valeurs que nous partageons sont : efficacité, travail et fiabilité. Je dis souvent que ma parole vaut contrat. Quand je dis, je fais !  Dans le travail, je vais au bout des choses et rapidement, pourtant je suis paresseux et je pense que nous le sommes tous. Cependant, paresseux ne veut pas dire fainéant. Il y a une vraie différence. La paresse, c’est d’avoir la capacité de calculer le temps qu’il te faut pour réaliser une tâche sans que cela ne te coûte plus d’énergie. Et c’est la base de notre métier. Prenons l’exemple du déploiement qui consiste à répéter des tâches pour migrer des postes de travail. Il faut pour cela récupérer les données des utilisateurs sans les perdre et de le faire tout en perdant le moins d’énergie possible. Si je ne perds pas d’énergie, je vais plus vite. Après bien entendu, il y a également les valeurs humaines. Il faut avoir la capacité de comprendre des problématiques comme celles liées à un enfant malade, une rentrée scolaire… Dans certaines structures qui n’ont pas cette culture, vous pouvez être le meilleur collaborateur du monde, si vous avez raté une journée de travail vous vous confrontez à des sanctions financières. Toutes ces valeurs sont au centre de notre manière de travailler et il est important pour nous de les cultiver et d’avoir la capacité de mettre en application. 

L’avantage du modèle que nous avons, c’est l’agilité qui est vraiment dans notre ADN. Ce n’est pas parce qu’on a prévu de faire A sur le papier qu’on s’y tiendra coûte que coûte. Il faut toujours anticiper un plan B, voire un plan C, car un projet se déroule rarement comme prévu. Nous faisons attention aux attentes des clients, à celles de nos collaborateurs, mais aussi aux nôtres. Et les retours des clients sont vraiment en ce sens-là.

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Aujourd’hui, comment se structure l’entreprise et quels sont vos rôles au quotidien ? 

Christian :  D’un côté, il y a REFLEXE Multimédia & Services, basé en France, dont je suis le Directeur Général. Cette structure compte près de soixante-quinze collaborateurs. De l’autre, il y a REFLEXE PACIFIQUE, qui est une antenne située ici en Nouvelle-Calédonie, avec une équipe de sept personnes dirigées par Benoît.

Nous avons sensiblement les mêmes rôles autour du management, de la structuration et du commercial. Benoît a également en charge toute la partie administrative car nous n’avons personne en local pour s’en charger. En revanche nous travaillons actuellement sur la mutualisation de compétences entre ces deux structures pour être dans un échange et pouvoir se dire : « aujourd’hui je te fais la courte échelle et demain tu porteras mon cartable ». 

En parallèle, il y a six mois, REFLEXE Multimédia & Services a été revendu à 70% à Neurones IT. Ce grand groupe compte plus de 7 000 personnes répartis dans presque toute l’Europe. Grâce à notre antenne ici, il peut désormais être présent dans la zone Pacifique, où il a des clients comme Eramet. Cela lui permet de fournir à ses clients les mêmes services, avec la même qualité et la même gouvernance. En contrepartie, le groupe nous apporte énormément de soutien, qu’il s’agisse d’appuis techniques, humains ou financiers. Avoir un grand groupe derrière nous nous offre une certaine sérénité et une force de frappe plus importante, qui nous ouvre des portes auprès de grands groupes français. Cela dit, ce n’est pas parce que nous avons un grand groupe en appui que nous ne travaillons plus sur le terrain, mais cela est un gage de confiance pour nos clients. C’est un échange qui est sain car c’est une entreprise qui, malgré tout, nous laisse gouverner. Eux-mêmes savent très bien que l’entreprise fonctionne parce que Benoît est là. Cependant cela ne nous exempt pas d’être dans les clous, si ce n’est pas le cas les sanctions seront immédiates. Aujourd’hui, nous devons inspirer confiance à la fois à nos clients et au groupe d’où l’importance de la fiabilité. 

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Quels types de services proposez-vous et quelles sont vos perspectives d’évolution ? 

Benoît : Nous avons trois grandes activités. La première est liée à l’infogérance, c’est-à-dire la gestion du parc informatique, la maintenance, l’achat, l’installation… Le tout dans les conditions de cybersécurité qu’on connaît aujourd’hui. La deuxième grande activité, est la délégation de compétences lorsque nos clients ont besoin d’avoir une ou plusieurs expertises pour une mission durant une période donnée. Nous pouvons également faire du « pré-recrutement » en leur trouvant directement quelqu’un avec les compétences souhaitées pour valider ses compétences avant d’être embauché chez ce client. Enfin, la troisième activité s’articule autour des projets. Par exemple, pour notre contrat avec un distributeur d’énergie en NC où il a fallu déployer 700 postes sur le territoire et 200 sur le reste du Pacifique.

Christian : En termes d’évolution, nous avons eu récemment un appel d’offres pour un SOC (Security Operations Center), qui concerne la cybersécurité en entreprise. L’objectif est entre autres de pouvoir gérer une hotline pour des clients français la nuit depuis la Nouvelle-Calédonie afin d’avoir un support téléphonique 24-7. À ce jour, certaines filiales du groupe assurent ce support client et nous souhaitons redescendre cette astreinte progressivement de 8h à 20h. L’idée est de développer des expertises ici, en Nouvelle-Calédonie, pour prendre en charge les horaires de nuit en métropole. À l’inverse, avec cette technicité acquise, nous pourrons proposer ce service localement, tout en laissant la métropole gérer la hotline la nuit en Nouvelle-Calédonie. Cet « échange » permet de créer un cercle vertueux et duplicable sur n’importe quel cas de figure et cas d’usage. Et c’est exactement notre perspective avec REFLEXE PACIFIQUE, c’est-à-dire avoir la capacité de dupliquer des modèles qui fonctionnent sur les services que nous proposons actuellement, mais aussi pour des projets futurs.

REFLEXE PACIFIQUE
Capture d’écran du site REFLEXE PACIFIQUE

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Selon vous, quelles seront les prochaines grandes étapes/avancées dans le domaine du numérique et quels enjeux seront liés à ces dernières ? 

Benoît : L’intelligence artificielle va forcément révolutionner pas mal de choses parce qu’elle va modifier les métiers existants et en créer de nouveaux. Et il faudra être prêt pour ces nouveaux métiers que nous ne connaissons pas encore. Il est donc essentiel d’apprendre à apprendre pour évoluer.

Christian : Un salarié qui est ancré dans son entreprise et qui fait la même chose depuis 15 ans ne vaut rien aujourd’hui sur le marché du travail. Il est donc important de se former sur ce que l’on ne connaît pas ou moins. Je pense que s’il y a un conseil à donner aux jeunes qui entrent dans nos métiers ou même aux personnes qui se reconvertissent, c’est d’être dans la capacité de rebondir, parce que ton métier d’aujourd’hui ne ressemblera pas à ton métier de demain et encore moins à celui d’après-demain. Et je ne peux même pas te dire ce que ce sera après-demain parce que nous-mêmes, alors que nous sommes dans le milieu depuis des années, nous ne savons pas ce qu’il va se passer. À notre sens, il y a un véritable enjeu autour de la formation. C’est la clé de la réussite, que ce soit pour les professionnels, mais aussi les utilisateurs. 

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Pour terminer, un dernier mot à adresser à nos lecteurs ? 

 Benoît : Nous traversons une période particulière en Calédonie où les gens ont besoin de (re)construire et de repenser quelles sont leurs priorités et l’informatique en est une. Nous avons d’ailleurs choisi le slogan « REFLEXE PACIFIQUE vous simplifie l’informatique » en partie parce que pas tout le monde n’a les moyens, et encore moins dans la période que nous traversons, d’avoir quelqu’un à disposition à 100%, de le former etc… Il faut donc que l’informatique soit quelque chose de simple : on appuie sur un bouton et ça fonctionne. Si jamais j’ai un problème je dois avoir une solution le plus rapidement possible pour pouvoir bosser parce qu’il y a moins de monde qu’avant, parce qu’il y a au moins autant d’attentes qu’avant, si ce n’est plus, et qu’il faut être efficace. Je pense qu’aujourd’hui il est important de réfléchir à son informatique de manière globale, que l’on soit un particulier ou un professionnel, dans sa façon de l’utiliser, dans son infrastructure et dans la recherche de solution qui pourraient coûter moins cher. Il y a des gens sur le territoire, et pas seulement nous, qui sont très compétents, chacun dans leur domaine, et il y a peut-être une autre vision à mettre en œuvre.

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