L’innovation robotique n’en finit plus de faire l’actualité ! On ne vous parle pas ici d’androïdes façon « I, Robot« , « R2D2 » ou « Terminator« , mais bien d’une nouvelle génération de machines miniaturisées – les fameux nanorobots – désormais capables de véritables prouesses.
En effet, ces trente dernières années, la microrobotique, puis la nanorobotique ont fait des progrès inouïs, à tel point que ces disciplines nous permettent aujourd’hui d’approfondir nos connaissances et notre maîtrise de l’infiniment petit. Cerise sur le gâteau, les scientifiques et les ingénieurs planchent déjà sur la façon dont ces innovations pourraient nous permettre de répondre à des problématiques cruciales pour l’avenir proche de l’humanité. Un exemple ? En inventant des nanorobots capables de polliniser les fleurs à la place des insectes…
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Nanorobots pollinisateurs : in tech we trust !
Que celui qui n’a jamais soufflé sur un pissenlit – dispersant joyeusement toutes les petites graines de la fleur – se dénonce ! Celui-là n’a décidément pas gouté aux joies simples de l’existence… Ce faisant, il aurait pourtant réalisé une belle action : lorsque le vent emporte ces petites graines, elles peuvent parcourir jusqu’à un kilomètre de distance et polliniser les alentours. Notons toutefois que le vent n’est responsable que de 6% de la pollinisation des espèces de plantes à fleur. Les insectes comme les abeilles, eux, assurent jusqu’à 82% de ce miracle naturel. Et ce n’est pas nous qui vous apprendrons que leurs populations sont en déclin partout dans le monde…
Ce constat terrible s’ajoute à celui du réchauffement climatique et débouche sur deux problématiques majeures : le déclin du vivant et de la biodiversité mais, aussi, un futur incertain pour l’agriculture mondiale et une production alimentaire menacée par cette diminution du nombre de pollinisateurs. Heureusement, la science apporte parfois des solutions aux problèmes a priori les plus insolubles ! Des ingénieurs et des scientifiques de l’Université de Tampere (Finlande) ont ainsi choisi de se tourner vers l’innovation technologique en mettant au point un nouveau prototype de nanorobot, mou et capable de se déplacer en suivant des stimuli environnementaux. Son objectif ? Polliniser les lieux abandonnés par les insectes qui jouent habituellement ce rôle…
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FAIRY, une abeille 2.0
Publiés dans la revue « Advanced Science » pour la première fois en décembre 2022, les résultats de leurs travaux nous invitent donc à découvrir « FAIRY » (la fée, en anglais), un nanorobot fluet composé de matériaux intelligents – des polymères et un actionneur souple en élastomère à cristaux liquides. Baptisé ainsi pour « Flying Aero-robots based on Light Responsive Materials Assembly », ce petit bijou se déplace donc grâce au vent… et à la lumière ! L’actionneur ouvre ou ferme les « poils » du robot par simple réaction à la lumière visible. Par ce biais, cette innovation – décidemment féérique – peut ainsi changer de forme de façon à mieux s’orienter dans le vent, avec un minimum d’énergie nécessaire. Les graines remplies de pollen que portent FAIRY sont ainsi dispersées par les vents naturels, puis dirigées par la lumière vers des zones précises à polliniser.
FAIRY cherche donc à pallier la diminution de la population des abeilles, menacées à la fois par le réchauffement climatique et par le frelon asiatique. Pour Hao Zeng, l’un des chercheurs ayant travaillé sur l’étude, cette abeille 2.0 et la graine artificielle qu’elle porte seraient même « supérieures à ses homologues naturels ». Malgré des premiers résultats assez prometteurs, l’équipe de l’Université de Tampere ne cache pas avoir encore de nombreux axes d’amélioration sur lesquels travailler, notamment optimiser la précision de l’atterrissage des graines. Enfin, la fabrication même du robot peut aussi être améliorée en rendant le dispositif réutilisable et/ou biodégradable.
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Les nanorobots à la conquête du monde
Le développement de polymères sensibles aux stimuli ouvre une multitude de perspectives pour la robotique : l’année dernière, GNN a lancé ces robots mous dans le domaine médical. Attendez-vous donc à découvrir prochainement des articles similaires vous présentant des robots capables de nettoyer les dents, d’administrer des médicaments ciblés ou de décomposer les caillots sanguins. Les domaines de l’agriculture et de la transition écologique – eux non plus – ne sont donc pas en reste en matière d’innovation technologique, comme vous le prouve d’ailleurs notre série consacrée aux startup GreenTech. En Nouvelle-Calédonie, d’ailleurs, nous vous avions présenté la façon dont la technologie drone était déjà employée pour bombarder de graines et reboiser nos réserves naturelles. Avec des inventions comme FAIRY, nous voilà prêts à changer d’échelle… Alors, à quand des robots abeilles pour polliniser les fleurs à nouzôtres ?
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