Épisode 3 – Tous en vélo et on n’oublie pas de mettre son « shellmet » !
Pionnier de la bio-inspiration, Léonard de Vinci considérait la nature comme un terrain de recherche. Il y a cinq siècles, il conseillait même à l’un de ses étudiants : « Scrute la nature, c’est là qu’est ton futur ». Aujourd’hui, des chercheurs et des industriels s’efforcent de concilier progrès et préservation de l’environnement en s’inspirant de Dame nature, une approche désormais appelée biomimétisme. Plongez dans cette série qui explore lessolutions innovantes inspirées par la nature.
Précédemment, nous vous présentions une innovation inspirée du mouvement des poissons : l’hydrolienne « EEL Energy« , conçue pour imiter l’ondulation naturelle des poissons. Pour ce troisième épisode, restons dans le Pacifique avec une invention qui vient tout droit du Japon : le “SHELLMET”. Cette idée innovante, signée TBWA\Hakuhodo Tokyo et Koushi Chemical Industry, a été récompensée en 2023 d’un Lion d’Or de l’innovation. Le principe ? Recycler les coquilles Saint-Jacques – “shell” – et en faire des casque bio-inspirés– “helmet” – : des Shellmets !
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De la mer à la terre, la métamorphose des coquilles
Dans de nombreuses régions du monde, les plages sont parfois façonnées par d’impressionnantes accumulations de coquillages. Contrairement aux récifs vivants, ces amoncellements ne servent pas d’habitat mais plutôt de lieu de dépôt pour une variété d’êtres marins morts : huîtres, coquilles Saint-Jacques, moules… La fossilisation de ces concentrations crée des façonnements étonnants, à l’image du célèbre « banc à Huîtres » de Sainte Croix du Mont en France. Bien que ces formations puissent être admirées pour leur caractère artistique dans certains cas, ce n’est malheureusement pas toujours le cas ailleurs.
Au Japon, les coquilles Saint-Jacques représentent le principal produit de la pêche exporté. Chaque année, le district de Soya génère plus de 40 000 tonnes de déchets de coquilles lors de leur traitement. Le stockage de ces coquilles et la recherche de sites pour les déposer sont devenus des enjeux environnementaux majeurs depuis l’interruption de leur exportation pour réutilisation en 2021. Face à ce défi, les deux entreprisesjaponaises ont développé une solution novatrice, puisant leur inspiration dans la nature, afin de réduire cette accumulation de déchets de coquilles.
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Du coquillage au casque, il n’y a qu’un pas
Le principal ingrédient des coquilles Saint-Jacques, le carbonate de calcium, a été reconsidéré par le scientifique Hiroshi Uyama comme une précieuse matière première. Ce visionnaire a développé le processus de production d’un bioplastique novateur baptisé « Shellstic ». Cela démarre par la stérilisation et l’ébullition minutieuses des coquilles, suivies de leur transformation en poudre de carbonate de calcium. Cette poudre est ensuite soigneusement mélangée avec des granulés de plastique recyclé puis moulée dans des moules en forme de coquille. Résultat de la recette : un matériau à la fois écologique et performant.
En effet, non seulement la fabrication de ce casque réduit les émissions de CO2 de 36% par rapport au plastique neuf, mais il offre également une meilleure résistance. Son design biomimétique s’inspire des coquillages et intègre une structure nervurée spéciale imitant celle des coquilles Saint-Jacques. Cette conception unique donne au Shellmet une durabilité supérieure de près de 33% par rapport aux produits dépourvus de cette structure, tout en utilisant moins de matériau. Ainsi, de la sélection des matériaux à la conception finale, chaque aspect du produit a été pensé dans une optique de durabilité et de respect de l’environnement. Désormais, les coquilles Saint-Jacques sont une ressource importante pour le village et plus des déchets envahissants.
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En Nouvelle-Calédonie, les coquillages ne manquent pas
En Nouvelle-Calédonie, où la nature est d’une richesse exceptionnelle et où les préoccupations environnementales sont au cœur des débats, l’histoire du Shellmet résonne tout particulièrement. Ici, la préservation des écosystèmes marins est un enjeu crucial et cette initiative japonaise pourrait être appliquée. Sachez qu’il existe déjà des installations de transformations de traitement des déchets de pêche, comme à Lifou par exemple. Alors, cette invention pourrait bien trouver sa place sur notre île.
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