Les millenials sont la seule génération à pouvoir se targuer d’avoir grandi avec le monde « d’avant » et celui d’après l’avènement d’internet. Si, à une époque, le fameux « wizz » sur MSN semblait être le moyen le plus efficace pour attirer l’attention de quelqu’un, force est de constater que nos usages du numérique ont fortement évolué depuis ces dernières années. Peu à peu, Skyblog, MySpace et MSN ont cédé la place à Facebook, Twitter puis a une flopée d’autres plateformes. Ces nouveaux réseaux ont alors transformé nos usages que ce soit dans la manière, de communiquer, de s’informer ou même de se divertir. 

Aujourd’hui, l’utilisation de ces réseaux sociaux, en particulier par les mineurs, est au centre de débats aux quatre coins du globe. Alors qu’ils occupent une place centrale dans la vie des jeunes, ils suscitent des inquiétudes notamment concernant leur impact sur la santé mentale et la sécurité des enfants et adolescents. Face à ces enjeux, les gouvernements se penchent sur la question et tentent d’apporter une réponse. Mais entre interdictions, restrictions ou liberté totale, il y a-t-il vraiment une solution miracle pour protéger nos petites têtes blondes ? 

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C’est grave docteur ?

À chaque génération ses maux, dit-on. Et si, pour la jeunesse d’aujourd’hui, le grand méchant loup était… les réseaux sociaux ? En 2023, une étude américaine a mis en lumière leurs effets nocifs sur la santé mentale des enfants et adolescents. L’utilisation excessive de ces plateformes causerait des troubles tels que l’anxiété, l’insomnie, et, dans certains cas, la dépression. Pire encore, près de 40 % des jeunes utilisateurs se disent dépendants à ces outils, ajoutant à la liste des effets indésirables l’isolement.

Pourtant, les réseaux sociaux sont aussi un magnifique moyen de voyager depuis son canapé, de découvrir de nouvelles cultures et même de s’informer en temps réel. Toutefois, le cyberharcèlement, les contenus inappropriés et les prédateurs en ligne représentent des dangers qui franchissent la barrière du virtuel. Nous pouvons par exemple citer Instagram qui a été, à plusieurs reprises, pointé du doigt pour son incapacité à protéger ses jeunes utilisateurs, notamment face à des tristes cas de harcèlement scolaire.

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Source : Statista

Ces espaces virtuels, malgré leur promesse de connexion et d’évasion, reflètent, voire amplifient, les dangers du monde réel. Vitrines de vies idéalisées, influenceurs mal intentionnés (ou mal renseignés), « haters » invulnérables derrière leurs écrans…  Si, autrefois, l’on enseignait aux enfants à ne pas monter dans la voiture d’un inconnu, même si ce dernier propose des bonbons, comment encadrer un univers numérique infini où ces menaces semblent décuplées ?

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Entre mesures et controverses

Depuis plusieurs années, les réseaux sociaux sont dans le viseur des gouvernements et des associations, qui les accusent de mettre à mal la sécurité et la santé des mineurs. En 2022, les États-Unis avaient ouvert une enquête contre TikTok pour évaluer son impact sur la santé mentale des jeunes utilisateurs, une initiative qui faisait écho à des études internes de Meta, révélées en 2021. Plus récemment, en avril 2024, la Commission européenne a suspendu le programme de récompenses de TikTok, estimant qu’il favorisait une forme d’addiction chez les jeunes.

En parallèle de ces accusations, des mesures nationales se mettent également en place un peu partout dans le monde. En 2023, la France a voté une loi pour une majorité numérique à 15 ans pour lutter contre le cyberharcèlement. Dans la même veine, en 2024, la Norvège a annoncé vouloir fixer un âge minimum de 15 ans pour accéder aux réseaux sociaux et l’Utah a imposé l’accord parental pour toute inscription sur une plateforme. Certains pays vont encore plus loin. En Australie, une législation adoptée en novembre 2024 interdit l’accès aux réseaux sociaux pour les moins de 16 ans. Du côté de l’Asie, les utilisateurs chinois doivent, depuis 2021, fournir une pièce d’identité lors de leur inscription et une limite de temps d’utilisation est imposée pour les moins de 14 ans.

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Source : Statista

Pourtant, ces interdictions et restrictions ne font pas l’unanimité et les ados parviennent souvent à les contourner en créant de faux comptes ou en empruntant les appareils de leurs parents. Certains dénoncent également un excès de contrôle et une intrusion dans la vie privée, soulignant les limites d’une approche uniquement répressive face à un phénomène qui, qu’on le veuille ou non, est profondément ancré dans notre quotidien. 

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Changement de prisme !

Et si, au lieu d’interdire ou restreindre, la solution passait par la prévention ? C’est la voie que préconisent de nombreux experts et que des pays comme la Finlande ont déjà empruntée en intégrant la culture numérique au cœur de leur programme scolaire. Dès le plus jeune âge, les élèves sont initiés aux outils numériques allant, entre autres, de la sensibilisation sur le cyberharcèlement à la détection de fake news.

De l’autre côté de l’écran, certains influenceurs, comme Léna Situations, participent également à cette dynamique en sensibilisant leurs communautés à la gestion du temps passé devant les écrans, notamment sur les réseaux sociaux. Paradoxal ? Peut-être. Mais qui de mieux placé qu’eux pour passer le message ? En parallèle, les plateformes elles-mêmes tentent de proposer des alternatives plus adaptées aux jeunes, comme YouTube Kids ou Messenger Kids, conçues pour offrir un environnement en ligne plus sécurisé. Cependant, ces initiatives peinent encore à rivaliser avec l’attractivité des géants tels que TikTok ou Snapchat, omniprésents dans le quotidien des adolescents.

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Source : awitec

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Une réponse à choix multiples

Alors que faire pour protéger nos ados des dangers des réseaux sociaux ? Une question basique qui échappe pourtant aux solutions simplistes. La réglementation autour de ces plateformes est essentielle, mais il paraît difficile de croire que de simples restrictions ou interdictions suffiront là où les possibilités de contournement sont aussi nombreuses. À l’inverse, miser sur un discours préventif et s’appuyer sur les avancées technologiques pour proposer des alternatives sécurisées pourrait offrir une approche pour lutter autrement contre ces dérives. Être informé, éveillé et développer un esprit critique demeure sans doute la meilleure solution pour éviter, ou du moins limiter, l’impact négatif des réseaux sociaux. Mais encore faut-il donner aux jeunes les moyens d’accéder à ces clés…

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