Imaginez pouvoir échanger, vendre et acheter un produit sans dépenser un seul franc ! C’est le concept développé par Stoyann Velten grâce à la plateforme de troc : « Krup.nc ». Le fondateur de l’application web a voulu favoriser les échanges entre particuliers de la Nouvelle-Calédonie.

De DJ à développeur web, il nous a raconté comment il a eu cette idée folle d’un jour inventer cette plateforme ! Lors de notre rencontre, il nous a parlé de cryptomonnaie, de krup, de théorie relative de la monnaie, de e-commerce… Si vous avez des réticences face aux achats en ligne, lisez cette interview et laissez-vous porter par les paroles de Stoyann !

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Bonjour Stoyann et bienvenue sur NeoTech ; pour débuter notre échange, pourrais-tu te présenter en quelques lignes ? 

Krup

Bonjour NeoTech ! Je m’appelle Stoyann Velten, je suis développeur web et voici mon histoire. Il y a onze ans, je suis arrivé sur le Caillou pour être DJ au Pop Light ; pas commun ! Puis, je me suis reconverti, en autodidacte, dans le graphisme et la vidéo. Il y a trois ans, j’ai décidé de me former au développement web grâce à des cours en ligne sur Open Classroom. Aujourd’hui, je travaille pour Square, une entreprise qui développe des solutions informatiques pour les entreprises. Vous l’aurez deviné, je suis resté en Nouvelle-Calédonie parce que je suis tombé amoureux du territoire et surtout… d’une Calédonienne !

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Tu es développeur en Nouvelle-Calédonie ; en quoi consiste exactement ton métier au quotidien ?

Au quotidien, je développe principalement des sites web et des applications web : de la conception visuelle à la programmation sous-jacente, en passant par l’intégration de contenu et la gestion de bases de données. Certaines de mes tâches typiques comprennent la création de pages web en utilisant des langages de programmation, la mise en place de systèmes de gestion de contenus ou encore la création d’interfaces de programmation d’applications (API).

En plus de cet aspect-là, je pratique aussi le Power BI. Non pas en tant que « data analyst » mais j’utilise une plateforme d’analyse de données et de visualisation. Ainsi, je collecte, transforme, analyse et visualise les données qu’on me fournit. À terme, je crée des rapports interactifs, des tableaux de bord personnalisés et des visualisations graphiques.

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Tu viens de lancer une plateforme d’annonces en monnaie virtuelle nommée KRUP : c’est quoi ce concept du futur ?

« Krup.nc » est une plateforme de petites annonces qui utilise une monnaie virtuelle : le krup. Krup se compose des lettres « Kr » de Krysto – mon entreprise – et « up » pour upcycled puisque ça concerne le marché du recyclé.

Krup
Une page d’accueil nouvelle génération © Krup

Le concept consiste à disposer d’un outil, le Krup, pour échanger des biens et des services sur le marché de l’occasion. Lorsqu’on s’attarde sur le principe du troc, certains se trouvent freinés par différents obstacles. Par exemple, ceux qui veulent troquer leur téléphone contre un ordinateur ne trouvent pas forcément la personne qui correspond à cette demande et ce n’est pas une mince affaire ! L’idée est donc de mettre en place cette monnaie pour faciliter les démarches.

Il s’agit donc d’une sorte de monnaie d’échange. Cependant, le terme « monnaie » ne correspond pas totalement puisque le Krup n’en est pas réellement une. En effet, vous ne pourrez pas l’échanger contre des XPF et vous ne pourrez ni en acheter ni en vendre. C’est un outil uniquement dédié à la plateforme. En revanche, quand vous voudrez échanger un objet contre un autre, si les valeurs ne sont pas égales, vous pourrez obtenir des krups en complément. Par la suite, vous aurez accès à tout ce qu’il y a sur la plateforme pour « acheter » avec vos krups. 

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Avec l’avènement des cryptos, on parle de plus en plus de monnaie virtuelle : qu’est-ce que le KRUP et comment l’utiliser ?

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Krup, bien plus qu’une simple monnaie © Krup

Le krup n’est pas une cryptomonnaie à proprement dit. Effectivement, nous utilisons la technologie de la blockchain mais pas celle utilisée pour le bitcoin ou les autres monnaies virtuelles. Il s’agit d’une blockchain privée qui permet uniquement de sécuriser les transactions. Ainsi, on ne peut pas spéculer sur le krup. En ce sens, même les administrateurs de la plateforme ne peuvent pas créer de la monnaie.

Pour utiliser vos krups, rien de plus simple. Au moment de l’inscription, chaque utilisateur a accès à deux comptes :

  • Un compte courant sur lequel il est possible d’avoir jusqu’à 30,625 krups, ce qui correspond au nombre de jours moyen par mois dans l’année. Lors de votre inscription, vous obtenez immédiatement 30,625 krups mais uniquement si vous déposez une première annonce dans la semaine qui suit. Si vous n’êtes pas à 30,625 krups, le système ajoute quotidiennement un krup sur ce compte tant que le plafond n’a pas été atteint. En tant qu’utilisateur, vous ne pouvez pas déposer de krups puisque vous ne pouvez pas en acheter. Le seul moyen d’en obtenir se fait via le système monétaire de la plateforme. Toutefois, il est possible de transférer cette monnaie sur un deuxième compte…
  • … un compte de dépôt. Dès le départ, vous pouvez déplacer vos 30,625 krups sur ce compte. Ainsi, votre compte courant est à zéro, donc il vous rapporte un krup tous les jours et ainsi de suite. Cependant, pour éviter l’accumulation de krups et que certains deviennent riche, ce deuxième compte est limité à 300,242 krups, ce qui correspond au nombre moyen de jours dans l’année. Au final, tous les comptes des utilisateurs vont tendre vers cette moyenne.

Il existe bien évidemment une estimation de cette monnaie : un krup équivaut à environ 1 000 francs. Cette estimation n’est qu’à titre indicatif. Comme les comptes sont respectivement limités à 30 et 300 krups, les utilisateurs auront un certain pouvoir d’achat sans être excessif. Sachez que sur la plateforme, chacun est libre de fixer le prix et la valeur qu’il souhaite à ses objets.

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Cette forme de troc est basée sur la théorie relative de la monnaie : Professeur Stoyann, peux-tu nous expliquer cette théorie ?

Bien entendu jeune padawan ! En 2010, Stéphane Laborde, un mathématicien français, a abordé la théorie relative de la monnaie (TRM) en repensant la création monétaire. Selon lui, la valeur de la monnaie devrait être relative à la quantité de biens et de services disponibles dans l’économie. 

Aujourd’hui, cryptomonnaies mises à part, il n’existe que de la monnaie dite « dette ». Par exemple, les banques créent de l’argent – virtuel – lors de l’obtention d’un crédit pour le détruire lorsque le prêt est remboursé. Qui plus est, l’argent a un rapport au temps assez spécifique. En effet, un euro en 2023 n’a pas la même valeur qu’en 2022.

J’ai donc souhaité appliquer le principe de la théorie relative de la monnaie à la plateforme. Ainsi, la démarche instaure un environnement où tout le monde est égal face à la création monétaire, dans l’espace et dans le temps. D’où l’idée d’une monnaie qui se crée tous les jours pour chaque utilisateur et selon l’état du compte courant de chacun. En somme, cette théorie propose une vision différente de la monnaie et de sa valeur.

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Comment fonctionne la plateforme ? 

Voici le parcours d’un troc de A à Z :

  1. Vous vous inscrivez via le formulaire disponible sur krup.nc.
  2. Vous déposez une annonce contenant une photographie, une description et un prix en krups.
  3. Lorsque quelqu’un est preneur, vous recevez un message privé de l’intéressé qui propose soit d’acheter ou de négocier, comme toute plateforme de vente d’occasion.
  4. Une fois la vente actée, le paiement en krups se fait via la plateforme et il ne reste plus qu’à vous rencontrer pour échanger l’objet.
  5. À la fin de la transaction, il est possible de mettre un commentaire mais aussi de signaler s’il y a eu une infraction.

Plus tard, nous souhaiterions ajouter un système de QR code pour faciliter les échanges, mais chaque chose en son temps !

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Des recherches simplifiées pour faciliter la navigation © Krup

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En quoi cette innovation est-elle un modèle d’économie circulaire ? 

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Un cycle d’échanges à l’infini © Krup

La plateforme stimule le marché de l’occasion car elle permet d’échanger des biens et des services sans utiliser la monnaie traditionnelle. L’idée n’est pas de remplacer la monnaie mais d’offrir un outil supplémentaire pour le marché de l’occasion afin d’éviter aux particuliers d’utiliser leurs XPF qui pourraient servir à payer d’autres choses. Certes, vous ne pourrez pas utiliser vos krups pour aller faire vos courses au Géant Ste Marie, cependant, vous garderez un réel pouvoir d’achat sur la plateforme. De plus, l’application propose un système de troc et donc de la réutilisation : on ne jette pas et on n’achète pas neuf ! 

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Comment cette solution-là va convaincre des Calédoniens qui ont des réticences à s’impliquer dans le e-commerce ?

Il faut savoir que nous sommes deux développeurs dans cette histoire : moi et Tristan Goguenet. Nous nous sommes rencontrés sur Discord et nous nous sommes rendu compte que nous développions le même concept mais chacun de notre côté. Alors, nous avons mis nos idées en commun et échangé nos codes. 

À partir de là, il a développé une version métropolitaine tandis que j’ai fait évoluer la plateforme pour la Nouvelle-Calédonie. Les deux solutions, basées sur la même idée, sont finalement différentes au niveau du visuel et du « business model ». En métropole, la plateforme, nommée otomony.fr, deviendra payante au bout de 5 000 utilisateurs pour pouvoir financer les différents serveurs. Alors que sur le Caillou, elle restera gratuite à vie pour ne pas faire fuir les Calédoniens qui ont parfois du mal à s’impliquer dans le e-commerce. En revanche, s’il y a beaucoup de trafic sur le site krup.nc, nous fonctionnerons avec de la publicité, achetée par des partenaires intéressés.

Krup

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As-tu d’autres projets en cours de développement ? 

Dernièrement, j’ai créé l’entreprise « Krysto » dont Krup dépend. L’objectif de cette entreprise suit le même principe de réutilisation : collecter des déchets en plastique et en papier afin de les revaloriser en les transformant. Ainsi, nous proposerons de « nouveaux » objets 100% recyclés comme des poutres, des planches ou des stylos rechargeables. La collecte se ferait auprès d’entreprises qui ne savent pas quoi faire de leurs déchets. 

L’entreprise aura trois types de machines. Une extrudeuse et une presse qui resteront en atelier car très imposantes.  Elles produisent des poutres et des planches. Le deuxième sera une injecteuse qui peut être déplacée. Il s’agit d’un moule dans lequel on coule le plastique fondu pour créer un objet. 

Un des objectifs sous-jacents de l’entreprise est d’initier et sensibiliser la population au tri et au recyclage. Pour ce faire, nous nous déplacerons avec nos machines injecteuses certifiées « CE ». Je souhaite aussi organiser des « Bar à Krysto » : des ateliers pendant lesquels chacun pourra créer ses propres objets avec les couleurs souhaitées. 

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On t’a vu participer au Ocean Hackathon 7 l’année passée : sur quel projet étais-tu et quel bilan tires-tu d’un tel événement ? 

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J’étais dans l’équipe de la mairie de Nouméa avec Cyril BarbeAndy Malo et Thibaut Moleana. Nous avons développé une application centralisant des informations météorologiques et un indice de fréquentation des plages de Nouméa. L’actualité récente, avec les attaques de requins, a fait parler du défi indirectement. Ainsi, aujourd’hui, la ville de Nouméa mise dessus et souhaite porter le projet en interne. Il y a bon espoir qu’il continue de se développer et qu’il aboutisse cette année.

Aussi, j’ai adoré l’expérience car on a l’occasion de rencontrer des développeurs et les autres équipes. Même s’il s’agit d’un concours, je n’ai pas ressenti l’aspect compétition. J’ai vécu l’expérience comme une rencontre, des échanges, une aventure humaine !

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Une dernière actualité ou une citation pour nos lecteurs ? 

Soyez assurés que ma volonté n’est pas de remplacer les banques ou le XPF. En effet, si la monnaie existe telle qu’on la connaît, c’est qu’il y a bien une raison, peu importe ses défauts. Cependant, pour illustrer l’idée de ne pas utiliser la monnaie traditionnelle sur le marché de l’occasion mais plutôt le krup pour pouvoir garder son pouvoir d’achat : « Ne mettez pas tous vos œufs dans le même panier » ! 

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