Pour entrer dans Le Monde Numérique de Mélanie, veuillez passer par sa chaîne YouTube, son Facebook ou même son compte Pinterest… Mélanie Gault, fondatrice de Stratégie Zen IT, offre plusieurs portes d’accès à l’univers infini du digital. Motivée et inspirante, cette passionnée de l’informatique met tout en oeuvre pour partager et transmettre son expertise à un large public. Lors de notre rencontre, Mélanie nous a fait part de ses objectifs : « humaniser l’ère du digital » et faire fi des fractures numériques ! Pour y parvenir, quoi de mieux que des « tutos » accessibles à tous et des formations personnalisées pour ceux qui veulent approfondir leurs connaissances. Sachez que les entreprises ont aussi le droit à leur part d’accompagnement. Alors, experts ou novices, laissez-vous guider dans ce monde immatériel du numérique !
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Bonjour Mélanie et bienvenue sur NeoTech ! Pour débuter notre échange en toute zenitude, pourrais-tu te présenter et nous parler de ton parcours ?
Mon parcours est plutôt atypique car j’ai toujours été passionnée par le numérique. Mon père était technicien informatique, ce qui m’a permis de m’intéresser aux ordinateurs dès mon plus jeune âge. Ainsi, au lycée, j’ai suivi une filière technique en choisissant des options qui me permettaient de manipuler : « technique des systèmes automatisés » et « productique » puis « génie mécanique et électronique ». Après le lycée, j’ai intégré une école d’ingénieur en métropole puis j’ai effectué un stage de six mois ici, à l’IRD.
Après avoir obtenu mon diplôme, j’ai décidé de mettre mes compétences au service d’un large public. J’ai ainsi rejoint la fonction publique en 2003, où j’ai occupé différents postes au sein du Gouvernement et de la ville de Nouméa. J’ai travaillé en tant qu’administratrice système, géré l’ensemble du Data Center du gouvernement, j’ai également exercé en tant qu’architecte technique et manager.
Grâce au COVID, j’ai eu une révélation et j’ai décidé de me tourner vers l’aspect humain de la technologie. Mon objectif aujourd’hui est d’accompagner les autres dans la compréhension et l’adoption des nouvelles technologies numériques. Ce parcours, riche en expériences et en rencontres inspirantes, m’a conduit là où je suis aujourd’hui.
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Après ces quelques années d’expérience, pourquoi avoir créé la société Stratégie Zen IT ?
Après presque vingt ans de carrière dans la fonction publique, j’étais épuisée et ressentais un fort besoin de changement et de liberté. Je souhaitais également partager mes connaissances et m’investir dans des projets qui me tenaient à cœur. C’est pourquoi j’ai choisi de devenir indépendante afin de pouvoir faire ce qui me plaisait et contribuer à quelque chose de plus grand que moi.
Aujourd’hui, avec Stratégie Zen IT, j’effectue des tâches très diverses, allant des aspects très techniques jusqu’à des choses très simplifiées et accessibles à tous. Il existe différents niveaux d’utilisation du numérique, et j’apprécie de pouvoir intervenir à tous ces niveaux pour aider le plus grand nombre de personnes possible. J’aime également cette variété, ce changement et l’opportunité de faire bouger les choses. Je n’ai plus cette routine qui me déplaisait tant par le passé et je m’en trouve d’autant plus épanouie.
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On parle souvent de « fracture numérique ». Selon toi, quels sont les freins technologiques et numériques auxquels est confronté le Caillou ?
On parle souvent de fracture numérique au singulier alors qu’en fait il y en a trois ! La première est la plus connue, elle implique l’absence d’accès au numérique en raison de contraintes financières et/ou structurelles. La deuxième est la fracture d’usage quand une personne peut avoir un ordinateur mais ne sait pas l’utiliser. Ensuite, il y a la fracture la moins reconnue mais la plus insidieuse : la fracture de compréhension. Elle concerne la capacité à avoir un esprit critique face aux informations en ligne, telles que les fake news. Cette fracture dépasse le domaine numérique et peut avoir des répercussions scolaires, sociales, politiques, etc. Pour remédier à ces problématiques, il est nécessaire de fournir un accès au matériel, d’étendre les infrastructures numériques, de proposer une formation globale et de promouvoir une pensée critique face aux informations en ligne.
En Nouvelle-Calédonie, les actions mises en œuvre concernent généralement le premier type de fracture. Des associations œuvrent pour doter un maximum de personnes de matériel. L’OPT tente de couvrir tout le territoire avec la 4G et la fibre, les grosses entreprises font souvent don de leur matériel obsolète pour qu’il soit réutilisé. Seulement, il n’existe pas encore assez d’initiatives quant aux autres fractures. Il y a encore du pain sur la planche !
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Tu parles d’« humaniser l’ère numérique », qu’est-ce que cela signifie ?
Dernièrement, on remplace des processus humains par des processus numériques. Prenons l’exemple des démarches administratives en ligne. D’un côté, une partie de la population est à l’aise numériquement et préfère utiliser ce type de services plutôt que de se déplacer, faire la queue… Seulement, d’un autre côté, il y a aussi toute une partie de la population qui ne possède pas les compétences pour utiliser les démarches en ligne. « Humaniser l’ère numérique » suggère donc que, malgré notre utilisation croissante de la technologie et de l’automatisation, nous devrions garder à l’esprit l’importance de préserver les aspects humains tels que les interactions sociales. Nous ne devrions pas laisser les technologies numériques déshumaniser tous nos rapports.
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Parmi tes services, tu proposes de l’accompagnement auprès des populations en situation d’illectronisme. Qu’est-ce que l’illectronisme et comment le compenses-tu ?
L’illectronisme est un terme utilisé pour décrire les personnes en situation de fracture numérique mais il est souvent galvaudé et perçu de manière péjorative. J’ai tout de même développé plusieurs approches pour combattre cette situation.
- Pour le grand public, je propose du contenu gratuit via un blog et des tutoriels sur ma chaîne YouTube. Initialement, je pensais cibler les personnes de plus de cinquante ans, mais j’ai remarqué que la tranche d’âge la plus intéressée par mes vidéos est celle des 20-35 ans, ce qui souligne le besoin urgent de formations sur le Caillou. De plus, afin de répondre à la problématique d’accès, je propose des Chromebooks (ordinateurs portables) à des prix abordables.
- Pour les TPE/PME, je propose de les accompagner dans l’automatisation de leurs processus ou de les aider à mieux utiliser les outils numériques pour faciliter leur quotidien. Les clients peuvent accéder aux packs comprenant un Chromebook, un ensemble d’outils Google, un logiciel de comptabilité sur lesquels une formation est dispensée.
- Pour les entreprises de plus grande envergure disposant déjà de compétences numériques en interne, je propose un soutien technologique sous la forme d’accompagnements spécifiques sur des produits cloud ou d’ateliers de définition de stratégie. J’offre aussi d’aborder tous les aspects de la gestion du changement pour une mise en place réussie pour n’importe quel projet.
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Tu aides aussi les entreprises dans leur transformation numérique. En quoi cela consiste exactement ?
L’accompagnement à la transformation numérique dépend de la demande de l’entreprise. Chaque entreprise est spécifique et à ses propres enjeux et contraintes. Il n’y a pas de solution universelle mais bien une réponse adaptée à chacun ! En effet, un outil, aussi bon soit-il, ne peut pas convenir pour tout et pour tous. J’essaie donc de trouver les meilleures options en fonction des contraintes. Mon objectif est de proposer des méthodes, outils ou services utilisant un principe majeur de mon ancienne vie de responsable d’infrastructures : le « KISSS : keep it simple, stupid and short ». Le principe consiste à privilégier la simplicité et éviter les complications inutiles.
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Tu es plutôt accompagnement en ligne ou sur place ? Quelles sont les différences ?
Je propose à la fois des formations en présentiel et en ligne, car je considère qu’elles sont complémentaires. Les Calédoniens ont une préférence pour les formations en présentiel tandis qu’à l’international, l’apprentissage à distance est privilégié. Pour toucher un large public, je propose les deux formats.
Chaque format a ses avantages et ses inconvénients. En ligne, l’apprenant peut progresser à son propre rythme et même étudier en pyjama s’il le souhaite ! Cependant, il y a souvent une perte de motivation rapide et un manque de sens global qui conduisent parfois à un abandon. En présentiel, le dynamisme du groupe stimule la motivation et le rythme imposé oblige l’apprenant à être régulier. Cependant, ça peut poser des problèmes, notamment pour les personnes ayant des emplois du temps chargés car il n’y a pas de flexibilité temporelle ni géographique.
C’est pourquoi j’ai adapté ma méthode en proposant un format hybride, avec des sessions en présentiel pour démarrer et des modules à distance pour approfondir les connaissances. J’assure également un suivi dans les formations en ligne afin de maintenir la motivation des apprenants. Enfin, j’assure aussi des coachings en live en cas de difficultés et ma plateforme dispose d’un forum et d’un système de questions/réponses en vidéo pour compléter les enseignements. Ça permet de compenser certains défauts des formations en ligne tout en offrant flexibilité et autonomie.
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Avec toutes ces casquettes, tu dois avoir un planning bien rempli ! À choisir, quel est ton sujet de prédilection et pourquoi ?
Oh que oui ! Je suis très occupée avec des journées bien remplies mais je m’amuse beaucoup ! J’aime varier les technologies, les rencontres et les sujets, ce qui peut donner l’impression que je me disperse. Cependant, c’est ma façon de fonctionner : j’aime la nouveauté, les interactions avec les gens et j’essaie d’associer tout ça dans ma nouvelle vie. Après presque vingt ans dans la fonction publique, je souhaite profiter de ma liberté retrouvée et ne pas renoncer à quoi que ce soit pour l’instant. J’ai envie de combiner une expertise technique pour les clients qui en ont besoin avec de la vulgarisation pour aider le plus grand nombre de personnes en difficulté avec la technologie. C’est un équilibre délicat mais c’est ce que j’aime !
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Quel avenir numérique vois-tu pour la Nouvelle-Calédonie ?
En Nouvelle-Calédonie, nous faisons face à une forte demande de la part des entreprises en matière de compétences numériques et de formation. Pour attirer les jeunes talents et répondre aux besoins locaux, nous devons rester attractifs en termes de qualité de vie au travail et de salaires par rapport à nos voisins. Cependant, nous devons également être pragmatiques et prendre en compte les contraintes des entreprises locales qui opèrent sur un marché souvent limité.
Il est essentiel d’améliorer les compétences numériques de la population. Nous devons également nous ouvrir à de nouveaux domaines tels que l’IA, l’éthique, la robotique et toutes les innovations numériques afin de permettre aux entreprises locales de se moderniser. Il y a donc beaucoup de travail à faire pour développer le numérique.
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Un dernier mot ou une dernière actualité pour terminer ?
Pour tous ceux qui nous lisent, je tiens à vous dire que même si le numérique peut sembler compliqué et difficile à comprendre, ce n’est pas une fatalité. En abordant vos besoins un par un, avec l’aide d’une personne de confiance, vous pouvez y arriver. Rien n’est insurmontable si vous êtes motivé. Il suffit de ne pas vouloir tout faire en une fois et de pratiquer régulièrement !
En ce qui concerne les actualités, je vous donne rendez-vous chaque lundi pour une nouvelle vidéo sur ma chaîne YouTube. En ce moment, je publie beaucoup de contenus sur la partie Tableur de Google en réponse aux questions de mon public. N’hésitez cependant pas à poser vos propres questions : je répondrai par vidéo dans la mesure du possible !
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