Direction Paris, en visioconférence pour échanger avec Lise Pellerin, responsable de l’innovation outre-mer chez Bpifrance. Depuis plus de vingt ans, elle accompagne des entreprises dans leur développement au sein de la Banque Publique d’Investissement. À l’occasion de cette rencontre, Lise nous a partagé sa vision de l’innovation, son parcours au sein de Bpifrance et les initiatives mises en place pour soutenir les entrepreneurs des Outre-mer. Visinnovation !

__

Bonjour Lise et bienvenue sur NeoTech ; pour débuter notre échange, pourrais-tu te présenter à nos lecteurs et partager quelques dates clés de ton parcours professionnel ? 

Bonjour NeoTech, et merci beaucoup pour l’invitation ! Je suis Lise Pellerin, « Responsable Innovation Outre-mer » chez Bpifrance, à Paris. Mon rôle consiste à accompagner les projets d’innovation dans les territoires d’outre-mer, en appui aux équipes locales. Je travaille depuis plus de vingt ans chez Bpifrance où j’ai occupé divers postes. J’ai commencé en tant que « Chargée d’affaires innovation » avant d’évoluer vers plusieurs fonctions pour finalement revenir à ce qui me passionne le plus : l’innovation !

Bpifrance

__

Pour ceux qui ne connaîtraient pas la « Banque Publique d’Investissement », pourrais-tu nous expliquer ses missions et, plus spécifiquement, son rôle dans les Outre-mer ? 

Bpifrance, c’est la banque des entrepreneurs. Elle accompagne les entreprises tout au long de leur parcours de développement, en offrant un continuum de solutions. 

Nous intervenons dès la création de l’entreprise et proposons une large gamme de produits, allant des financements classiques, aux services dédiés aux entreprises innovantes, en passant par le soutien à l’export. La banque a également une branche dédiée à l’investissement et une autre pour l’accompagnement des entreprises. 

Nos directions régionales sont implantées sur l’ensemble du territoire, pour être au plus près des entrepreneurs.

__

Tu es donc la « Responsable Innovation Outre-Mer » de Bpifrance ; quelles sont tes principales missions ? 

Mon rôle est d’apporter un support aux équipes locales sur les dossiers d’innovation. Nous avons plusieurs directions régionales dans les Outre-mer : aux Antilles avec les équipes de Hervé Lelarge, Directeur Régional qui supervise la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane, à la Réunion avec les équipes de Jean-Marc Battigello, Directeur Régional qui couvre également Mayotte, et, pour le Pacifique, Frédéric Langlade, Délégué territorial, qui est basé à Nouméa. Je travaille en étroite collaboration avec les chargés d’affaires pour les aider à répondre aux enjeux d’innovation grâce à notre gamme de produits et instruire les dossiers.

__

Bpifrance soutient et finance donc l’innovation dans les Outre-mer ; à ce sujet, peux-tu nous partager « ta » définition de ce qu’est « l’innovation » ? Cette définition est-elle plus « large » que celle qui est appliquée dans l’hexagone ?

Effectivement, la notion d’innovation est subjective. Chez Bpifrance, nous la définissons par la valeur ajoutée qu’elle apporte par rapport à l’existant. Elle peut être incrémentale, de rupture ou deep tech. Nous adoptons une approche large, sans nous limiter à un type particulier d’innovation. 

Cependant, il est important de garder en tête qu’elle doit s’accompagner d’un modèle économique. Ce n’est pas seulement une idée, qui reste du domaine de l’invention, mais il doit y avoir aussi un marché et un business model associé.

__

Quels sont les programmes et autres subventions proposés par Bpifrance et dédiés à l’innovation dans les Outre-mer ? 

Dans les Outre-mer, nous déclinons toute notre gamme de produits « innovation » afin de soutenir les entreprises à chaque étape de leur développement, selon leurs besoins.

Dans les premières phases de faisabilité d’un projet, nous intervenons en priorité via des subventions. Dans la phase de développement des projets de R&D, nous proposons des avances remboursables ou des prêts. Nous accompagnons également la phase de levées de fonds via des prêts dédiés. Il existe également une subvention spécifique, la “Sub Inno Outremer“, financée par le ministère des Outre-mer, disponible dans l’ensemble des DROM pour financer la phase d’industrialisation et commercialisation. Les différents appels à projet de France 2030 et Concours tel que le “Concours i-Lab” par exemple sont également accessibles. 

__

As-tu quelques chiffres clés à partager sur l’activité et le soutien de Bpifrance à dans les Outre-mer ? 

En 2023, Bpifrance Antilles-Guyane a soutenu plus de 1 200 entreprises avec 348 millions d’euros, mobilisant ainsi 778 millions d’euros de financements publics et privés. Les financements dédiés à l’innovation, sous forme d’aides et de prêts, ont atteint 3,5 millions d’euros au bénéfice de 22 entreprises régionales.

Dans les régions La Réunion-Mayotte et Pacifique, près de 900 entreprises ont bénéficié d’un soutien financier de 360 millions d’euros, permettant de lever 765 millions d’euros de financements. Un record a été atteint dans le soutien à l’innovation grâce à France 2030, avec 12 millions d’euros alloués dans ces territoires.

Bpifrance
Synthèse 2023 Bpifrance Antilles-Guyane
Bpifrance
Synthèse 2023 Bpifrance Océan Indien – Pacifique

__

Voilà maintenant plus de trois ans que tu occupes ton poste : quelle vision portes-tu sur l’innovation dans les Outre-mer ? Existe-t-il certaines spécificités dans ces territoires ultramarins ? 

Les territoires ultramarins sont dynamiques et témoignent d’une vraie volonté de faire émerger des projets innovants. Cependant, les écosystèmes diffèrent : certains sont plus développés, tandis que d’autres doivent encore continuer à se structurer. Ces régions partagent des défis communs, comme l’insularité et l’éloignement, qui peuvent être des obstacles à la création et au développement d’entreprises, notamment lorsqu’il s’agit de se développer à l’international et de lever des fonds auprès des VC. Mais ces contraintes peuvent aussi offrir des opportunités, comme la possibilité de tester des produits sur des marchés plus restreints. 

Aussi, ces territoires sont particulièrement concernés par des enjeux tels que l’économie circulaire et la préservation de l’environnement, ce qui stimule l’innovation dans ces domaines. On observe aussi une valorisation des ressources naturelles, que ce soit en Guyane avec la forêt ou dans l’océan pour d’autres territoires. Certains projets locaux peuvent ensuite s’étendre à d’autres territoires des DROM : nous avons par exemple des projets qui émergent à la Réunion et qui vont aussi s’implanter aux Antilles ou vice-versa, ce qui crée une dynamique intéressante… 

__

Concentrons-nous désormais plus spécifiquement sur le Pacifique : quelle est ton analyse des écosystèmes « inno » dans notre région ? 

Il se passe beaucoup de choses intéressantes dans ces deux territoires. La Nouvelle-Calédonie dispose d’un écosystème déjà bien établi et nous travaillons avec les différents acteurs pour faire émerger des projets. Côté Polynésie, il est en pleine structuration avec beaucoup d’ambition. Nous travaillons quotidiennement avec les acteurs locaux pour leur proposer des offres adaptées, comme les appels à projets de “France 2030 Régionalisé” qui devraient être bientôt lancés. 

Nous sentons vraiment que ce sont des territoires qui ont envie de faire bouger les lignes et de promouvoir l’écosystème. Je pense par exemple, à la venue d’une délégation calédonienne lors de l’édition VivaTech cette année et j’ai pu, à cette occasion, rencontrer plusieurs entreprises du Caillou… 

vivatech
© VivaTech

__

Et, pour terminer, as-tu un petit mot à partager sur l’écosystème calédonien de l’innovation et/ou un message à diffuser auprès de nos entrepreneurs ? 

Je tiens à exprimer tout notre soutien aux entrepreneurs calédoniens. La Nouvelle-Calédonie est un territoire magnifique où de nombreux projets ont vu le jour. Nous allons continuer à vous soutenir et vous accompagner. 

__