Une plateforme en ligne pour vendre et acheter des vêtements pour enfants, c’est le brillant concept de la startup « l’Île Ô Pépites » ! Fondées par les dynamiques Léa Guillet et Graziella Vicet, cette solution e-commerce a pour but de faciliter la vie des parents tout en sensibilisant la Nouvelle-Calédonie aux vertus de l’économie circulaire et de l’upcycling ! Ainsi, les bambins sont rhabillés pour l’hiver…

Léa et Graziella vous saluent bien bas ! © NeoTech

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Pouvez-vous nous résumer vos parcours respectifs en 3 dates clés ?

Graziella Vicet : Je suis arrivée en Nouvelle-Calédonie en 2009 avec un CAP de fleuriste. A ce moment-là, la loi sur l’emploi local venait de paraitre et, à l’issue de mes deux ans de séjour, je ne suis pas parvenue à trouver du travail dans mon domaine. Je suis donc retournée en métropole pour suivre un BTS pendant deux ans, avant de rejoindre de nouveau le Caillou, il y a sept ans. Depuis, j’ai travaillé en agence de voyage pendant six ans avant d’être licenciée l’année dernière lors de la crise de la COVID.

Léa Guillet : Pour ma part, j’ai obtenu mon BTS tourisme en 2011, et je suis partie travailler deux ans en Irlande, en agence « réceptive ». J’ai ensuite enchainé les emplois saisonniers dans ce domaine, tout en voyageant beaucoup avec mon conjoint, lui-même moniteur de plongée sous-marine. Nous avons débarqué ensemble en Nouvelle-Calédonie il y a cinq ans. J’ai tout de suite trouvé un CDI en agence de voyage, chez Pacific Lagon, avant d’être également mise au chômage technique au début de la crise sanitaire.

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Vous lancez la première boutique en ligne de vêtements et accessoires de seconde main pour les enfants de 0 à 14 ans. Comment vous est venue cette idée et quelle est la raison d’être de ce concept ?

GV : L’idée a germé en 2018, à l’arrivée de mon deuxième enfant. Je manquais de temps pour faire les magasins et les habiller et je rechignais à y aller le week-end. Je n’avais pas non plus envie de courir les vide-greniers pour revendre leurs vêtements… J’ai donc accumulé les habits de mes enfants pendant 4 ou 5 ans : c’est comme ça que je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire pour faciliter la revente, pour donner une seconde vie à ces vêtements tout en récupérant un peu d’argent et en facilitant l’achat pour les personnes concernées. Le premier confinement est alors arrivé… et j’en ai parlé avec Léa ! 

LG : Nous avions toutes les deux du temps car nous étions au chômage en raison de la fermeture de l’aéroport. Nous avons donc considéré la viabilité et la rentabilité du projet et décidé, en avril 2020, de faire appel à « Initiative NC », une association qui aide les entrepreneurs à réaliser leur projet. Avec eux, nous avons peaufiné les contours de ce projet pendant plus de 6 mois et obtenu, grâce à leur soutien, un prêt bancaire à taux zéro. L’aventure a donc pu débuter avec l’ouverture de la boutique en ligne, en février 2021 !

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Comment avez-vous conçu votre site « ile-o-pepites.nc » ?

LG : Nous étions toutes les deux novices dans l’univers du e-commerce. Il a donc tout fallu apprendre au fur et à mesure. Nous avons opté pour un CMS baptisé « Woocommerce » pour sa simplicité d’utilisation : il nous offrait une grande simplicité d’utilisation. Nous avons ensuite travaillé avec un web-developper freelance, « NC Pro Web » qui s’est chargé des principaux développements techniques de notre plateforme e-commerce.  

Île Ô Pépites
Les dernières pépites en vitrine ! © Île Ô Pépites

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Comment fonctionne ce site et sur quel business model repose-t-il ?

LG : Comme n’importe quel site d’e-commerce classique ! Nous voulions un process très complet pour faciliter la vie de nos clientes. Nous publions sur notre site « ile-o-pepites.nc » chaque produit qui est une pièce unique pour laquelle nous renseignons un maximum de détails : son prix de vente sur le site mais aussi son prix neuf à l’achat en Nouvelle-Calédonie tout comme la marque, la taille, l’âge, l’état du vêtement etc…

La cliente peut ensuite constituer son panier et choisir son mode de livraison et de paiement. Au niveau du paiement, nous avons mis en place une solution en devise calédonienne, par carte bancaire via « Epaync » et il est depuis peu également possible de payer par virement bancaire. Au niveau du business model, on rachète directement les vêtements à nos fournisseurs qui sont d’ailleurs aussi nos clients pour certains. Nous appliquons ensuite une marge avant de revendre sur notre site internet.

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Île Ô Pépites
Un carton fraîchement arrivé… © NeoTech

Comment organisez-vous la collecte de ces vêtements d’occasion ? 

GV : Notre site se compose de deux interfaces. Une première sur laquelle il est possible d’acheter et une autre sur laquelle il est possible de vendre. Les clientes qui souhaitent vendre doivent alors contrôler si leurs articles correspondent bien aux critères de sélection établis, tout en consultant les exemples de prix de rachat pour s’en faire une idée. Ensuite, elles peuvent effectuer une demande de dépôt. Cela passe soit par un point relais – et nous les dirigeons alors vers plusieurs partenaires établis dans le Grand Nouméa -, soit par colis OPT, soit par rendez-vous sur le lieu de domicile ou de travail. Nous proposons ces trois options et nous nous déplaçons en personne pour les rendez-vous au sein du Grand Nouméa.

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En quoi le marché de la seconde main est-il florissant en Nouvelle-Calédonie ?

LG : C’est un marché très populaire sur le territoire ! Une première explication est à trouver dans le coût élevé de la vie en Nouvelle-Calédonie qui encourage les gens à acheter d’occasion. Notre souhait était vraiment de simplifier la vie des parents, tout en apportant un gage de qualité. Nous nous positionnons donc en intermédiaire entre la personne qui vend les vêtements et celle qui les rachète, tout en contrôlant la qualité de ces derniers. Notre solution de e-commerce permet ainsi davantage de flexibilité pour les clients que les pages Facebook habituelles qui obligent les personnes à se déplacer pour faire leur achat de particulier à particulier.

GV : Il faut aussi savoir qu’il existe peu de boutiques et de choix en matière de vêtements pour enfants sur le territoire. Les enfants ont tous les mêmes chaussures, par exemple. Or, L’Île Ô Pépites permet également de racheter d’occasion des vêtements parfois achetés à l’étranger et que l’on ne retrouve pas forcément en Calédonie.

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Île Ô Pépites
Des pièces uniques, mais du choix ! © NeoTech

Pourquoi cette tranche d’âge allant de 0 à 14 ans ?

GV : A partir de 15 ans, les ados s’habillent principalement en taille adulte. Et le besoin était réel pour les jeunes enfants, d’où cette fourchette. L’offre existante sur le marché actuel est davantage orientée vers les adultes puisqu’il existe malgré tout de nombreux dépôts-vente de vêtements adultes sur le territoire.

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Quels sont vos critères de sélection pour les vêtements vendus sur votre site ?

GV : Il faut que le vêtement ait moins de 5 ans, ne soit pas tâché, décousu ou délavé, ce qui n’est pas évident chez les jeunes enfants, notamment les garçons entre 4 et 8 ans. Nous avons également une liste d’environ 200 marques que l’on reprend.

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Pouvez-vous m’expliquer le parcours utilisateur que je dois suivre pour vendre les vieux vêtements de mes enfants ?

LG : Il suffit tout simplement d’aller sur notre site « ile-o-pepites.nc », désormais correctement référencé, et de vous rendre sur la page « vendez vos articles ». En amont, vous devez effectuer un tri pré-sélectif chez vous et vérifier que vos articles correspondent bien aux critères mentionnés sur le site et à la liste des marques sélectionnées. Vous accédez ensuite à un formulaire à remplir avec votre nom, vos coordonnées et le type de vêtements que vous souhaitez vendre et vous pouvez choisir entre les différentes options pour nous remettre ces articles : en point relais, par rendez-vous ou par livraison postale.

Nous recevons cette demande à laquelle nous répondons dans les 24 heures. Les vêtements sont ensuite stockés chez nous et sous quinze jours ouvrés, nous revenons vers les clients pour leur indiquer si les vêtements ont passé le contrôle qualité et leur indiquer le prix de rachat. Chaque article est alors référencé à travers une fiche-produit. Les articles sont photographiés avec soin pour illustrer cette fiche avant d’être mis en ligne pour la vente avec toutes les caractéristiques.

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Pouvez-vous nous partager quelques chiffres clés concernant votre activité et votre site internet ?

LG : On peut déjà remarquer que notre chiffre d’affaires a doublé pendant les confinements, d’autant que les soldes se tenaient au même moment ! Autrement, on dénombre environ 30 vendeurs par mois. En termes d’acheteurs, nous sommes autour d’une cinquantaine d’acquéreurs par mois, avec des clients très fidèles ce qui augure d’un bel avenir…  

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Et quels sont vos prochains objectifs à court-terme ?

GV : Notre premier objectif à court-terme est d’avoir un local dédié. Nous discutons actuellement avec la « SIC » dans cette optique car, pour pouvoir nous développer, il nous faut davantage de place pour stocker les vêtements. Ensuite, il s’agira pour nous de pouvoir nous rémunérer à travers cette activité : je l’espère dès l’année prochaine ! Pour cela, il nous faudrait en moyenne 50 acheteurs par mois toute l’année comme cela a déjà pu être le cas pendant le confinement.

LG : Avoir plus d’espace nous permettrait également de nous développer à travers la revente de jouets ou encore la puériculture. Pouvoir offrir un panel de produits très large est essentiel pour nous car nous ne proposons que des pièces uniques ! Les clients ne trouvent donc pas toujours les produits qu’ils cherchent à la taille souhaitée ou tout simplement à leur goût. Il nous faut donc grandir et pour cela un local serait une première étape importante.

Île Ô Pépites
Vite, un local ! © Île Ô Pépites

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Et en termes d’effectifs ?

GV : Une fois le process de mise en ligne automatisé, ce qui n’est pour le moment pas le cas, nous pourrons gagner au moins deux jours de travail par semaine chacune. Nous pourrons alors développer d’autres verticales pour notre activité, ouvrir notre service à la revente de jouets ou aux vêtements pour femmes enceintes et donc, pourquoi pas, embaucher.

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En quoi considérez-vous que votre concept relève de l’économie sociale et solidaire ?

LG : Notre activité s’inscrit au cœur de l’économie circulaire en donnant une seconde vie aux vêtements de nos enfants. Par ailleurs, les vêtements qui ne remplissent pas nos critères de sélection peuvent faire l’objet d’un don. Pour ce faire, nous travaillons en partenariat avec l’association « La Ressourcerie » et « Le Foyer Bethanie » nous explorons également d’autres pistes de travail touchant à l’ « upcycling » pour continuer de donner une seconde vie à nos vêtements abimés, y compris pour les revaloriser à travers d’autres usages.

GV : A mon sens, il y a également une dimension sociale car nous proposons un large choix de produits de qualité mais également de gammes variées. On propose des vêtements très abordables mais aussi du haut de gamme ou du luxe. Nous touchons ainsi presque toutes les catégories socio-professionnelles, aussi bien celles qui cherchent à soigner leur portefeuille avec des petits prix, que celles qui sont davantage dans une logique environnementale puisque le textile est la deuxième industrie la plus polluante au monde…

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D’autres choses que vous voudriez nous partager ?

LG : Nous avons choisi l’univers de la vente en ligne, plutôt qu’un magasin physique, afin de toucher tout le territoire calédonien et pas seulement Nouméa. La Grande Terre et les Iles Loyauté peuvent ainsi acheter sur notre site des vêtements d’occasion de qualité : il était important pour nous que toutes les populations calédoniennes soient concernées. Cela permet également aux grands-parents métropolitains de faire directement livrer des cadeaux pour leur famille en Nouvelle Calédonie via L’« ile-o-pepites.nc » plutôt que d’acheminer des colis de vêtements depuis la métropole ou l’étranger vers les foyers calédoniens.

Île Ô Pépites
A bientôt sur « ile-o-pepites.nc » ! © NeoTech

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