Comment innover “proprement” ? Dans quels domaines spécifiques ? Comment associer à ce levier de développement économique les objectifs de développement durable ? Voici les questions sur lesquelles planchent, depuis début octobre, plus de 150 acteurs économiques polynésiens ! Le résultat “co-construit” de leurs réflexions prendra alors la forme d’une feuille de route dédiée pour les prochaines années. L’objectif ? S’adresser aux bailleurs de fonds nationaux et européens pour faire de la Polynésie un poste avancé de la recherche et du développement dans les économies bleue et verte.
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L’innovation au coeur de la stratégie polynésienne
C’est un élan collectif dont on espère beaucoup ! En cette fin d’année 2021, des experts issus des institutions publiques, des sociétés privées et des milieux associatif et académique polynésiens travaillent main dans la main à l’élaboration d’une feuille de route en matière d’innovation pour leur pays.
Après une première session à distance en Octobre dernier, le groupe de réflexion s’est réuni à la mi-décembre à l’UPF (Université de la Polynésie Française). En guise de bouquet final, l’archipel officialisera sa stratégie sur l’innovation pour les prochaines années avec une feuille de route qui sera soumise à la validation de l’Assemblée Polynésienne. Une étape cruciale pour pouvoir postuler aux financements nationaux et européens, comme l’explique la Déléguée à la recherche Tea Frogier : « Lorsque les porteurs de projets du territoire vont demander des fonds à des bailleurs extérieurs, on va leur demander quelle est la stratégie de la Polynésie. Il est donc essentiel de disposer de ce document ».
Le premier objectif fixé lors de cette session était associé à l’identification des domaines dans lesquels la Polynésie pourrait bénéficier d’avantages concurrentiels par rapport à d’autres territoires régionaux. A l’issue des travaux menés, c’est la structuration de tout l’écosystème local qui a mobilisé l’attention des participants.
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Cap sur le développement durable !
Six domaines d’activités « stratégiques » ont ainsi pu être identifiés. Parmi eux, la protection et la valorisation du vaste espace maritime local, le tourisme éco-culturel ou encore la bio-économie à travers la transformation durable des ressources naturelles. Un mot d’ordre clair : durabilité !
La Polynésie s’élance ainsi, toutes voiles dehors, vers une croissance bleue et verte dont elle veut devenir la championne. Le pays a, en effet, de nombreux arguments pour s’imposer comme l’un des poumons de l’économie bleue à l’échelle mondiale grâce, notamment, aux richesses de sa zone maritime de 4,8 millions de km2. Les experts réunis à l’UPF ont également ciblé la production et la transformation durable des ressources naturelles dans les filières alimentaires ou dans les énergies renouvelables, comme l’hydrogène vert et les biocarburants, pour faire de l’archipel un modèle de résilience face aux bouleversements climatiques.
Au delà de ces domaines stratégiques, des objectifs opérationnels ont été définis. Les pouvoirs publics devront ainsi établir un cadre social, fiscal et administratif propre à stimuler l’innovation polynésienne. Un autre objectif portera sur la volonté d’améliorer la compétitivité de l’économie polynésienne en soutenant des filières d’excellence valorisantes et exportables. Enfin, il est apparu crucial aux experts rassemblés de favoriser les solutions issues du croisement entre les domaines d’innovation, les savoirs traditionnels et la préservation de l’environnement. Dans ce contexte, un rapprochement devra être opéré entre recherche publique, groupes privés et porteurs de projets.
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Developper une culture de l’innovation
Directeur de recherche au CNRS et représentant de l’Etat en Polynésie Française, Jean-Christophe Auffray sait que ce programme est particulièrement ambitieux : « Les dernières prospectives de ce type datent déjà presque d’une dizaine d’années donc il était vraiment important pour la Polynésie de se livrer à une nouvelle prospective et de repenser à son développement. Développer une véritable culture de l’innovation est ce qui nous manque à l’heure actuelle. Et la stratégie qui se met en place ne peut qu’être bénéfique pour penser ce développement ».
Le travail de réflexion se poursuivra en 2022 avec une dernière phase d’idéation dans le courant des mois de février et mars. L’objectif de cette session sera de définir les critères d’évaluation et de suivi des actions afin de parvenir à la finalisation d’un document officiel soumis à la validation de l’Assemblée.
Riche de ses savoir-faire traditionnels, de son formidable écosystème et d’une zone maritime parmi les plus vastes au monde, la Polynésie entend bien prendre des résolutions particulièrement innovantes en 2022. Des qualités et avantages concurrentiels que la Calédonie possède également…
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Source : Radio 1