Depuis plusieurs années maintenant, le numérique n’est plus une simple compétence « en plus ». Que ce soit dans les entreprises, les institutions ou les écoles, savoir collaborer en ligne, sécuriser ses données, maîtriser des outils bureautiques ou comprendre les enjeux du RGPD est désormais indispensable. Et si on pourrait croire que tout le monde est à l’aise avec ces usages sur le terrain, en Nouvelle-Calédonie comme ailleurs, la réalité est souvent bien différente.

Alors comment mesurer ses compétences numériques ? Et surtout, comment savoir où l’on se situe ? C’est précisément ce que propose Pix, une certification nationale des compétences numériques, ouverte à tous et désormais accessible aux professionnels calédoniens avec l’Université de la Nouvelle-Calédonie. On en parle avec Laurence Levert, directrice du Pôle Formation Continue et Alternance, et Gilles Taladoire, vice-président délégué au numérique à l’UNC, pour mieux comprendre les enjeux de ce dispositif pensé pour les pros d’aujourd’hui… et ceux de demain.

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Bonjour Laurence, bonjour Gilles et bienvenue sur NeoTech. Pour débuter pouvez-vous vous présenter rapidement et rappeler quelles sont vos fonctions au sein de l’Université de la Nouvelle-Calédonie ? 

Gilles : Bonjour NeoTech, je me présente Gilles Taladoire, je suis maître de conférences en informatique et vice-président délégué au numérique et aux partenariats numériques à l’Université de la Nouvelle-Calédonie.

Laurence : Et moi, je suis Laurence Levert, directrice du Pôle Formation Continue et Alternance de l’Université.

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Pouvez-vous nous expliquer en quelques mots ce qu’est Pix, et pourquoi l’UNC a choisi de s’engager dans ce dispositif de certification numérique ?

Pix
Logo Pix

Gilles : Pix est une certification nationale en compétences numériques, adoptée par tous les ministères. Elle est désormais obligatoire pour le baccalauréat et elle s’est étendue à l’université depuis environ cinq ans. Nous la proposons déjà aux étudiants, et nous l’ouvrons dans le cadre de la formation continue, à partir de juillet 2025.

Laurence : L’objectif, c’est vraiment d’élargir au maximum notre offre de formation, qu’il s’agisse de formations ou de certifications à destination d’un public externe. On parle ici de la formation continue, destinée à des personnes qui se forment tout au long de leur vie. Désormais cette certification Pix, déjà disponible pour nos étudiants, sera aussi accessible aux personnes extérieures, avec un accompagnement si besoin.

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La maîtrise du numérique est aujourd’hui indispensable dans presque tous les métiers. En quoi la certification Pix peut-elle contribuer à faire progresser les compétences numériques en Nouvelle-Calédonie ?

Gilles : La certification permet d’évaluer un niveau, mais elle offre aussi une opportunité d’apprentissage et de progression. Cela contribue à améliorer le niveau global de compétences numériques sur le territoire. Pix joue aussi un rôle d’observatoire à l’échelle nationale, en dressant un état des lieux des compétences numériques et leur évolution dans le temps.

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À qui s’adressent concrètement les sessions Pix organisées en septembre ? Est-ce que tout le monde peut y participer, même sans bagage technique ou expérience avancée en informatique ?

Laurence : Oui, tout le monde peut y participer, il n’y a pas de prérequis. Cela peut être une initiative personnelle ou venir de l’employeur. On s’adresse à des professionnels c’est-à-dire des salariés en poste mais pas seulement. Cette certification est accessible aux demandeurs d’emploi, travailleurs indépendants… Toute personne souhaitant valoriser ses compétences numériques et sa certification Pix dans son CV peut s’inscrire.  La certification atteste d’un niveau, via un système de points, ce n’est pas un examen à réussir ou à rater. Elle permet de mettre en lumière ses compétences et, si besoin, de se former pour aller plus loin.

Gilles : PIX s’adresse vraiment à tous, de 7 à 77 ans. Tout le monde peut commencer à s’entraîner sur le site dédié, sans avoir besoin de venir à l’université. J’invite d’ailleurs tous les lecteurs à aller sur « pix.fr » pour créer un compte et s’entraîner. Il y a seize compétences, chacune avec sept niveaux. Pour passer la certification, il suffit d’avoir atteint au moins le niveau 1 dans cinq compétences. L’évaluation dure environ 1h45 et comporte 32 questions, très concrètes et parfois ludiques, à réaliser sur ordinateur.

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Tout est noté, à vous de jouer !

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Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur les deux formats que vous proposez ? Existe-t-il des aides pour les particuliers ou les entreprises pour cette certification Pix ? 

Laurence :  Les personnes autonomes peuvent choisir le certification seule mais nous avons également mis en place des sessions d’accompagnement pour celles et ceux qui rencontreraient des blocages pendant la phase d’entraînement Pix. Nous proposons un accompagnement personnalisé. Cela leur permettra de monter en compétences surtout si elles visent un niveau plus élevé de la certification. En ce qui concerne le financement, seuls les employeurs peuvent éventuellement se tourner vers le FIAF pour financer ces sessions, mais cela dépend de leurs critères. 

Gilles : C’est un accompagnement que nous proposons déjà depuis plusieurs années à nos étudiants. C’est donc une continuité logique. Nous l’étendons désormais à l’externe, ainsi qu’à notre personnel administratif. Nous travaillons aussi à déposer un appel à manifestation d’intérêt (AMI) « Compétences et Métiers d’Avenir »pour développer Pix sur l’ensemble du territoire et notamment dans l’enseignement supérieur.

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Les enjeux de cybersécurité, de RGPD ou de travail collaboratif sont aujourd’hui essentiels pour les entreprises. Selon vous, quel rôle l’UNC doit-elle jouer dans l’évolution des compétences numériques en Nouvelle-Calédonie ?

Gilles : Cela fait 35 ans que je suis dans l’enseignement et je constate que, malgré ce qu’on pense, les jeunes ne maîtrisent pas toujours bien les outils numériques. Avant, il y avait le B2i (brevet informatique et internet) au collège, puis le C2i (certificat informatique et internet). Petit à petit on s’est dit que tous les jeunes savaient utiliser ces technologies car cette nouvelle génération est née dedans, pourtant aujourd’hui, certains étudiants en première année ne savent pas utiliser un tableur par exemple. Ce n’est pas inné, contrairement aux idées reçues. Il est donc important de leur apporter ces compétences.

Laurence : De mon point de vue, aujourd’hui très peu de personnes possèdent une certification dans le numérique, contrairement à d’autres domaines comme les langues. Pourtant, on utilise le numérique dans quasiment toutes les sphères de notre vie professionnelle. Par exemple, pour le télétravail, il faut s’assurer que les salariés ont les compétences nécessaires, notamment en cybersécurité ou en travail collaboratif. C’est donc essentiel d’en valider la maîtrise, que l’on soit en poste ou en reconversion. Le Pix permet de faire valider ces compétences auprès d’un potentiel employeur ou collaborateur car comme l’évoquait Gilles, on peut penser que ces compétences sont acquises alors que ce n’est pas forcément le cas. Il y a vraiment des choses à connaître et auxquelles il faut être attentif pour devenir un utilisateur averti et compétent.

Gilles : D’ailleurs l’Université a mis en place un parcours télétravail pour que ses administratifs puissent accéder au télétravail. C’est un parcours sous Pix pour valider certaines compétences. On peut créer des sous-parcours, ciblés sur des compétences comme la cybersécurité, l’intelligence artificielle ou le télétravail. Cela rend l’apprentissage plus accessible.

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Enfin, quelles sont vos ambitions pour l’avenir de Pix à l’UNC ? Avez-vous déjà des perspectives à nous partager ?

Laurence :  De manière générale, la feuille de route existe déjà. Les candidats peuvent s’inscrire à la carte, en fonction de leurs besoins et de leur niveau, pour passer la certification en septembre. D’autres sessions seront proposées tout au long de l’année. La certification reste globale, mais l’accompagnement pourra être ciblé, en cybersécurité, télétravail, IA, etc. En effet, pour le moment, nous proposons un accompagnement et une certification Pix dans sa globalité, mais dès le début de l’année 2026, l’objectif est de développer des parcours sur mesure. Le travail est déjà amorcé, mais nous souhaitons le formaliser pour pouvoir le proposer de manière plus large.

Gilles : Au niveau national, il existe déjà des déclinaisons comme Pix+ Santé, Pix+ Droit, Pix+ Éducation ou Pix+ Cybersécurité. Ce sont des pistes que nous souhaitons développer localement, selon les besoins du territoire.

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Pour conclure, avez-vous un dernier mot à adresser à nos lecteurs ?

Laurence : La formation continue à l’Université est là pour accompagner tous les parcours et toutes les entreprises. Si une entreprise identifie un besoin en compétences numériques spécifiques, elle peut nous contacter. Nous pourrons réfléchir ensemble à un parcours sur mesure, que ce soit pour de la formation ou de la certification. Il ne faut pas hésiter à venir vers nous.

Gilles : Prenez le temps d’aller sur pix.fr, créez un compte et commencez à vous entraîner !

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Envie d’en savoir plus sur Pix à l’UNC ?
Rendez-vous ce jeudi 24 juillet à 12h pour un webinaire d’information dédié