Échanger avec Didier Hecky, c’est avant tout discuter avec un véritable passionné d’informatique… Après près de trente année passées à développer des logiciels, il continue de casser les codes et à écrire des lignes pour transformer les métiers de la douane. Dernier né de la créativité d’un homme qui ne dort jamais ? TDO, un logiciel qui « transforme une facture fournisseur en une déclaration d’importation« . Un bon moyen d’économiser d’importantes sommes sur un territoire qui importe autant que la Nouvelle-Calédonie. Attention, révolution en cours…
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Bonjour Didier et bienvenu sur NeoTech ! Que fais-tu donc en Nouvelle-Calédonie ?
En informatique, la règle des 20/80 signifie qu’il faut 20% des ressources pour traiter 80% des besoins et, à l’inverse, il faut 80% du temps pour traiter les 20% des besoins restants. Et, donc, ce que je fais en Nouvelle-Calédonie, c’est de m’occuper d’informatiser ces 20% restants.
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30 ans que tu développes des logiciels : quelles ont été tes plus belles réussites et dans quels domaines ?
Lorsque l’usine KNS s’est construite, le transitaire ayant remporté le contrat devait fournir un logiciel de tracking pouvant garantir la traçabilité des marchandises mais, le logiciel choisi ne fonctionnait apparemment pas bien. La pression commençait à monter car la Douane menaçait de bloquer les importations et KNS voyait un risque de blocage de sa chaîne d’approvisionnement pendant la construction de l’usine : ça fait désordre ! Le transitaire nous a alors contactés et avec mes deux développeurs ; on a alors développé le logiciel en quelques mois.
Donc si quelqu’un veut construire une usine, nous on a déjà le logiciel de tracking !
Didier Hecky, traceur de minerais…
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Il semblerait que tu aies développé une petite merveille qui va faire économiser pas mal d’argent aux importateurs calédoniens ! Peux-tu nous présenter TDO ?
Tout part du service des Douanes ; le 1er janvier 2022, il a installé une nouvelle version de son logiciel de déclaration en Douane qui s’appelle « SYDONIA« . Cette version dispose d’une interface qui permet de recevoir des déclarations à partir d’un fichier d’échange. « TDO », qui veut dire « Transit-Douane », est un logiciel spécialement conçu pour créer ces fichiers d’échange. C’est un outil technique qui transforme une facture fournisseur en une déclaration d’importation.
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Comment fonctionne ce logiciel techniquement et quelles compétences sont préalables à son utilisation ?
Techniquement, l’importateur doit fournir à TDO un fichier Excel avec 6 Colonnes comprenant :
- la désignation de la marchandise,
- le tarif Douanier,
- la quantité,
- la valeur d’achat,
- l’origine,
- le poids.
« TDO » réalise les regroupements techniques et génère le fichier d’échange qui est chargé dans « Sydonia ». Après les contrôles nécessaires, il est possible de déposer sa déclaration d’importation sur le site de la douane comme on déclare ses impôts ou la TGC. Le traitement complet depuis la feuille Excel jusqu’à la déclaration déposée ne prend que quelques minutes : c’est l’objectif de la transformation numérique, on économise du temps…
Pour se servir de « TDO », il faut commencer par faire une demande d’agrément au service des douanes afin d’obtenir un identifiant et pouvoir se connecter à « Sydonia » ; une formation de deux jours sera aussi nécessaire.
Ensuite il faut installer « TDO » et faire des contrôles en reproduisant d’anciennes déclarations : c’est l’objet de la formation qui dure une seule et unique journée. Techniquement, un commerçant peut faire sa déclaration d’importation lui-même avec « TDO » en une semaine.
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Peux-tu nous donner un cas d’usage concret de « TDO » pour nous illustrer son caractère innovant ?
Prenons l’exemple d’un conteneur qui vient de Chine d’une valeur d’achat de 10 Millions de francs. Quand le conteneur arrive, la compagnie facture le fret, disons 200.000 et, avec une assurance de 50.000, cela donne une valeur « Coût/Assurance/Fret » de 10.250.000 francs : c’est la valeur CAF qui est la base de calcul des Droits et Taxes.
C’est aussi la base de calcul des honoraires du transitaire qui facture en moyenne 1% de cette valeur CAF pour effectuer la prestation de déclaration.
En utilisant « TDO », l’importateur fait sa déclaration lui-même et dans ce cas précis, il économise 102.500 Xpf ! C’est le caractère innovant de ce logiciel !
Didier Hecky, économiste en douanes !
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D’une certaine manière, ce logiciel est un outil de lutte contre la fameuse et récurrente problématique calédonienne de « la vie chère » ; comment et pourquoi ?
« TDO » permet à l’importateur de faire baisser mécaniquement son prix de revient par l’économie des frais transitaires. Si on doit parler de la vie chère, alors il faut s’intéresser à un autre logiciel de « Gecko Informatique » qui traite du régime de l’Entrepôt sous douane, dit « ESD ».
Pour expliquer comment cela fonctionne, reprenons le conteneur venant de Chine et supposons que les Taxes de Douanes soient de 20% de la Valeur CAF, en arrondissant cela fait 2 Millions. Ces 2 Millions de Taxes sont à payer immédiatement car c’est un IM4 de mise à la consommation. Si l’importateur fait un IM7 qui déclare aussi les marchandises mais qui les place dans un Entrepôt sous douane, alors il ne paye pas les 2 millions car ils sont retenus sous forme de Droits garantis. L’importateur vient d’économiser 2 MF et ce n’est qu’au moment de mettre les marchandises à la consommation sur un dépôt vente que ces taxes seront à payer.
Un autre avantage de disposer d’un « ESD » est de traiter simplement la facturation HT et donc d’accéder au marché des professions bénéficiant d’exonération de TGC comme les administrations, le secteur agricole ou les miniers, ça ouvre de nouvelles perspectives…
Dans un avis récent aux opérateurs, la Douane annonce la suppression de la limite à 5 ans pour mettre à la consommation une marchandise stockée en ESD : c’est une bonne nouvelle car auparavant il fallait soit la réexporter, soit payer les droits, soit la détruire.
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As-tu également d’autres logiciels qui tournent en ce moment sur le Caillou et à quoi sont-ils dédiés ?
Oui, le logiciel principal est une « GESCOM« , Gestion Commerciale et Stock. La dernière version incluant les options « TDO » et « ESD » intégrés est en cours de déploiement sur deux sites pilotes. Les avantages sont alors multiples car les opérations réglementaires sont traitées par l’usage des deux robots dans la chaîne d’approvisionnement. Le responsable des achats dispose d’un outil de pilotage efficace puisqu’il connait simultanément ses niveaux de Stock et qu’il peut réaliser des transferts sans se soucier du travail administratif et déclaratif.
Le premier schéma montre le logiciel TDO fonctionnant seul à partir d’une feuille Excel. Le second est l’ajout d’un ESD, les Entrées/Sorties de l’ESD sont alors traitées par TDO. Le dernier schéma présente le fonctionnement de la gestion commerciale et Stock GKO sur les flux matériels et administratifs. Les 3 logiciels collaborent pour optimiser le traitement de l’information.
Plus généralement, et à l’échelle du territoire, l’entreposage des marchandises dans un ESD peut répondre à une problématique d’application de la TGC. Actuellement, des marchandises sont mises à la consommation en prévision des ventes mais, si la vente ne se fait pas, la TGC a été payée inutilement par avance et c’est double peine pour le commerçant.
Le fait de disposer d’un ESD dans sa gestion commerciale permet de faire des ventes TTC directement depuis le dépôt sous douane et, pourquoi pas, toutes les ventes de la journée. A chaque facture sur le dépôt sous douane, le logiciel régularise immédiatement dans l’ESD par l’émission d’une « DSE » : « Déclaration de Sortie d’Entrepôt », la situation est en règle et la Compta Matière juste.
L’avantage est que le commerçant n’est redevable de sa TGC qu’au moment où il la collecte lui-même lors d’une vente. Les documents issus du logiciel ESD permettent de réaliser des Bons de sortie directement sur un dépôt sous douane, comme dans le cas d’une vente classique, avec récupération au dock.
Au final, ce fonctionnement réalise un glissement de TGC qui n’est plus perçue par le territoire au moment de l’importation mais au moment de la vente et, à l’inverse, ce différé de TGC profite au commerçant sous la forme d’une économie de trésorerie.
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Prenons un peu de hauteur et causons « transfonum » : quelle est ton analyse de la transformation de la Nouvelle-Calédonie et quels freins as-tu identifié ?
Ce que j’observe, c’est que les logiciels sont de plus en plus gourmands en ressources ; cela a pour effet d’augmenter le trafic réseau et faire tomber les temps de réponses. L’une des priorités de la transformation numérique passe par l’amélioration de l’internet local ; l’OPT suit pour cela un calendrier de passage à la fibre mais, en attendant, et bien… on attend !
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Pour la dernière, tu as le choix : partager une actualité de ton choix ou une blague d’informaticien. A toi de jouer !
Alors un conseil : avec mes collaborateurs, on cherchait un slogan commercial pour notre société et on a trouvé :
« Avec Gecko Informatique, y’a pas de lézard ».
Didier Hecky, humoriste !
Je déconseille à tout le monde de choisir le même, surtout s’il s’agit d’une société d’informatique qui écrit des logiciels.
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