C’est dans la flambant neuve Gaming Room que nous rencontrons Adrien Ductane, responsable du projet Lagoon Gaming et président de l’association ESNC. Il nous propose de (re)faire le tour du propriétaire et nous (re)découvrons un univers « geek » à la pointe de la technologie et de l’innovation.

Nous voici alors immergés dans l’univers du gamer, confortablement installés dans des sièges plus douillets que notre canapé pour parler de l’avenir de l’Esport en Nouvelle-Calédonie. Si cet univers est encore globalement méconnu par une large partie de la population calédonienne, il n’en reste pas moins porteur d’opportunités numériques et technologiques. L’avenir de l’Esport est-il dans la professionnalisation ? Cela va faire des heureux, car Adrien semble plutôt de cet avis…

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Bonjour Adrien et bienvenue sur NeoTech ! Peux-tu commencer par te présenter à nos lecteurs ?

Tout d’abord, merci à NeoTech pour cette interview. Je m’appelle Adrien Ductane, j’ai 32 ans – même si je ne les fais pas ! -, je suis Président de l’association ESNC et responsable du projet « Lagoon Gaming« .  Dans ma « vraie » vie, puisque ces occupations sont bénévoles, je suis administrateur réseau et système dans un grand groupe en Nouvelle-Calédonie.

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Lagoon Gaming investi dans une Gaming Room dernier cri © ESNC

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Tu es donc le Président et fondateur de l’association ESNC. Peux-tu nous présenter cette structure, son historique et sa raison d’être sur le territoire ?

ESNC, qui signifie « Esport in New-Caledonia », est une association qui fête ses cinq ans d’existence cette année. Sa création découle du mouvement initié par « NCGamers » qui a importé le mouvement Esport en Nouvelle-Calédonie il y a plusieurs années de cela. ESNC essaie, depuis le début, de poursuivre cette volonté de promouvoir l’Esport sur le Caillou, en sensibilisant notamment les acteurs publics et privés.

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Comment en es-tu arrivé à te passionner pour l’Esport et en quoi s’agit-il d’une discipline particulièrement innovante selon toi ?

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Pour moi, l’Esport est juste une continuité « naturelle » de mon parcours personnel et professionnel. Passionné de jeux vidéo depuis tout petit, j’ai grandi dans l’univers de la high-tech, héritage de la passion de mon père pour la technologie. L’Esport a été un prolongement de ma vie privée, dans la sphère professionnelle finalement ! Bien entendu, cela a été facilité par l’intérêt qui s’est créé petit à petit en Nouvelle-Calédonie autour du gaming, avec la création d’évènements et de compétitions…

Si à l’international l’engouement pour cette discipline était déjà bien avancé, il a eu le mérite de créer une sorte de déclic chez nous : le challenge de faire partie de ces compétiteurs était trop fort pour rester dans l’ombre. Le sol calédonien aussi a des talents et il faut le prouver !

Cette passion s’est combinée avec ma volonté d’entreprendre et de créer une structure d’accompagnement. Percer à l’international est très difficile : ESNC a trouvé toute sa raison d’être dans l’identification des talents et leur essor à l’international.

En dehors même de l’aspect purement technologique, si le jeu vidéo avait plutôt une vocation à être pratiqué en loisir – comme un « à-côté » de la vie professionnelle -, développer cette pratique comme un « vrai » métier a fini de me convaincre de me lancer dans l’aventure. Aujourd’hui, l’Esport est l’équivalent d’un sport professionnel quand il s’agit des pratiques et de l’environnement de travail : on fait attention à sa santé et nutrition, on a un coach, des sponsors, on participe à des compétitions… De plus, son caractère numérique lui donne un vaste champ libre dans l’innovation.

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Il s’agit en tout cas d’un phénomène qui a pris une ampleur mondiale ! En Nouvelle-Calédonie, on parle de 10 000 joueurs, soit environ 16% des internautes calédoniens ! Quel regard portes-tu sur l’implantation du Esport sur le territoire ?

On est en retard ! C’est indéniable quand on compare le domaine de l’Esport calédonien à l’international. Le caractère insulaire de notre territoire fait qu’on ne peut pas se développer aussi rapidement que les « grands » pays. Je ne suis pas fataliste pour autant ! On a rattrapé une bonne partie de notre retard : on avance beaucoup plus vite puisque les sponsors et les acteurs privés et publics prennent conscience de l’enjeu de l’Esport, comme la BCI, Lagoon, Atol, Santeo ou encore Digital Computer. Ils investissent désormais dans cette discipline. Les 10 000 joueurs correspondent aux remontées « data » que nous avons depuis ces dix dernières années et englobent aussi bien le joueur occasionnel que le joueur qui passe beaucoup de temps à s’entraîner. C’est en tout cas la preuve que les internautes s’intéressent à l’Esport !

Maintenant, la prise de conscience reste encore limitée auprès du grand public. Avec la multiplication – je l’espère, prochaine – d’une multitude d’acteurs privés et publics, la population aura davantage confiance dans cette profession. La sphère santé se développera et les gens, notamment les parents, seront plus rassurés quant aux perspectives que peut offrir cette pratique. Pour l’heure, nous devons encore « prouver » !

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Un environnement imaginé pour la professionnalisation de l’Esport © ESNC

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Quelles opportunités l’Esport offre-t-il à la Nouvelle-Calédonie ? Au contraire, à quelles limites se heurte-t-il encore ?

Commençons par les limites car certaines sont de taille ! La première est géographique : en zone Pacifique, l’éloignement avec la métropole est un vrai frein. Bien entendu, nous collaborons déjà avec la France mais, du fait du décalage horaire, les équipes ne peuvent pas s’entraîner ensemble et les serveurs sont trop éloignés pour avoir une « latence » raisonnable. Le deuxième pays qui aurait pu faire un partenaire privilégié, c’est l’Australie. Mais ce territoire a pris un gros retard en matière d’Esport « pro » ces dernières années, avec la suppression de plusieurs ligues majeures…

La deuxième limite est en train de s’estomper pour devenir une opportunité : la professionnalisation de l’Esport. Pendant longtemps, les talents calédoniens n’avaient pas de débouchés et ils ne pouvaient pas « percer plus loin » dans les compétitions internationales. Pas par manque de capacités mais parce que leur environnement ne collait pas à ceux de la concurrence : décalage horaire et donc rythme de vie décalé moins propice à la performance, un manque de coaching ou même d’une connexion internet assez puissante pour suivre la cadence. En professionnalisant les joueurs et l’univers de l’Esport, on pallie à cette limite ! Il serait alors opportun de créer des équipes de joueurs, voire une ligue régionale qui pourrait toucher nos voisins tahitiens, wallisiens et futuniens, fidjiens, etc. L’opportunité se trouve dans l’industrialisation de l’Esport au niveau local et régional.

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En plus de ton rôle au sein d’ESNC, tu as également collaboré au projet « Lagoon Gaming ». Peux-tu nous expliquer comment est née cette collaboration et quelle est sa vocation ?

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Lagoon se dote d’une entitée gaming © ESNC

Lagoon a toujours été avant-gardiste. Ils ont cette ambition de développer ou de participer à tout ce qui touche à leur environnement et bien plus : le streaming, la connexion, la technologie. Travailler avec eux, c’est aussi avant tout une question de passion : c’est le premier fournisseur d’accès à internet (FAI) du territoire et cela fait sens pour un gamer comme moi d’être à leur côté.

C’est aussi une opportunité professionnelle, celle de continuer à développer le « gaming » en Nouvelle-Calédonie, toujours avec la collaboration d’ESNC. Nous participons ensemble au développement de l’Esport en y intégrant tous les acteurs essentiels à sa professionnalisation. Santé, structure, environnement sain et accompagnement des joueurs.

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Nous t’avions notamment vu présenter cette fameuse « Gaming Room » en avril lors de son inauguration. Quelles sont les technologies dernier cri que l’on retrouve dans cette salle ?

La salle « Lagoon Gaming », qui a maintenant 5 mois d’existence, a été créée avec nos sponsors pour y intégrer les outils nécessaires à un environnement sain et professionnalisant. On y a intégré une douche, une salle de sport, un espace « cuisine », une régie complétement fonctionnelle qui permet d’améliorer la diffusion, le streaming et la gestion de la salle…

Mais le plus impressionnant reste surtout cette salle de gaming ! Elle est équipée d’ordinateurs dernier cri – acquis au travers d’un partenariat avec Digital Computers – et elle nous permet d’organiser et d’accueillir des évènements avec les joueurs, tout en les accompagnant en temps réel. Deux « pods » de gaming y sont installés pour créer une véritable immersion, particulièrement propice à certains jeux de simulation de vol ou de conduite. L’objectif est bien de mettre à disposition ce qui se fait de mieux en termes de gaming !

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Peux-tu nous en dire plus sur cet espace et sa raison d’être ? Sera-t-il uniquement réservé aux e-sportifs ?

C’est un espace réservé, privatif pour le moment. L’environnement de travail a bien sûr vocation à accueillir les joueurs mais comme tu peux le voir, certaines parties sont aussi accessibles aux employés de Lagoon – la salle de sport et l’espace « cuisine » notamment. L’espace n’est pas ouvert « H24 » mais il n’est pas exclusif pour autant.

Nous avons aussi envisagé d’ouvrir cet espace aux professionnels, par exemple pour les entreprises qui voudraient faire des journées de cohésion ou encore offrir des formations numériques à leurs employés. Nous voulons aussi accueillir des tournois ou proposer des rencontres avec des créateurs et des youtubeurs. La Gaming Room est faite pour rassembler les gens dans un univers sain et adapté à leurs besoins. 

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Rencontres 2.0 dans un univers à la pointe de la technologie © ESNC

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Autre actualité récente, l’annonce d’un projet d’arène Esport en réalité virtuelle (EVA) porté par la plateforme Invest in Pacific ! Quel regard portes-tu sur ce projet ambitieux ? La VR est-elle appelée à jouer un rôle de plus en plus important dans le monde du e-sport ?

On participe de façon indirecte au projet EVA VR, surtout sur la partie « gestion » au moment où l’arène sera créée en Nouvelle-Calédonie. Une fois le projet lancé, on accompagnera les personnes pour la partie Esport et la partie beta-test.

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C’est une technologie qu’on n’attendait pas voir apparaître ici du jour au lendemain ! On connait la VR – Virtual Reality – mais en Nouvelle-Calédonie, elle reste limitée dans son utilisation. C’est une pratique de jeu qui reste cantonnée à la sphère récréative. Avec ce projet EVA VR, la réalité virtuelle prend un caractère moins privé et plus compétitif.

Pour moi, c’est un concept révolutionnaire pour la Nouvelle-Calédonie, notamment dans sa conception, son équipe et sa réalisation. Avec la réalité virtuelle vous innovez : vous pouvez tout changer, à commencer par l’environnement, le style de jeu, les personnages… tout en restant toujours au même endroit !

Cela représente également une opportunité de créer un rapprochement des communautés entre elles et offrir un espace sain à la pratique. Créer une arène à Nouméa, c’est vraiment excitant : au-delà des communautés déjà sensibilisées à l’Esport, l’EVA permettra à toute personne d’accéder à cette discipline ! Une aubaine pour démocratiser les pratiques et industrialiser le milieu !

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As-tu d’autres actualités ou un dernier mot à partager avec nos lecteurs ?

Dans l’ordre, plusieurs choses à savoir pour les évènements qui arrivent ; tout d’abord, il y a le premier tournoi Beat Saber, jeu mélangeant sabres-laser et « jeu de danse » en réalité virtuelle. Les inscriptions sont ouvertes depuis le 9 septembre, les règles et les consignes seront transmises le 14 septembre et la finale se déroulera le 25 septembre dans la Gaming Room.

Ensuite – et même si ce n’est plus vraiment une exclusivité – vous pouvez vous inscrire à la CUP BCI Fortnite depuis le 10 septembre. Toutes les dates des phases de tournois sont disponibles sur notre plateforme discord.

Enfin, nous avons aussi annoncé la Cup Valorant de Lagoon Gaming qui aura lieu au mois d’octobre et dont la finale aura aussi lieu dans la Gaming Room pour fêter les 25 de Lagoon. 

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