Vendredi 1er août, à Station N, l’innovation avait des accents pluriels. Après trois semaines d’ateliers intensifs, de coaching et de mise en situation, les lauréats de PRÉPA Tremplin 2025 ont présenté leurs projets devant un public au rendez-vous. Une restitution sous forme de pitchs qui nous a donné à voir, l’engagement, la créativité et les ambitions de ces entrepreneurs venus des quatre coins du territoire.
__
Innover en élargissant le cercle
Porté par La French Tech Nouvelle-Calédonie, le dispositif PRÉPA du French Tech Tremplin vise à promouvoir l’égalité des chances dans l’entrepreneuriat. L’idée ? Offrir à des porteurs de projets éloignés des ressources qu’elles soient géographiques, sociales ou financières, les moyens de structurer leur idée et de passer à l’action, à travers un accompagnement sur-mesure mêlant ateliers collectifs et coaching individuel avec des professionnels du territoire.
C’est Chloé Marino, cheville ouvrière de La French Tech NC, qui a piloté ce dispositif du terrain à l’accompagnement. Et en ce 1er août, ce sont des candidats bien préparés, et peut-être un brin stressés, qui ont pris la parole devant un public composé d’acteurs locaux, de membres de La FTNC, de Petelo Sao, membre du gouvernement en charge de l’innovation, mais aussi d’anciens lauréats, venus en soutien à cette nouvelle promotion. Tout le monde est là, le top départ peut être donné !

__
5 minutes pour convaincre
Durant cet après-midi, huit porteurs et porteuses de projets ont pitché avec 5 minutes au chrono et quelques questions bonus pour présenter leur solution, leur vision et leur ambition.
Côté transports, les porteurs de projet ont mis le cap sur des solutions concrètes, locales et connectées. Dans le Nord, Germain repense la mobilité quotidienne avec « Rey Vall » Transport, un service de navettes régulières entre Koné et Pouembout. Ce service de transport sera complété par une application mobile pour le suivi en temps réel, la gestion des abonnements, les infos pratiques… À Lifou, Valentine, entrepreneuse et chauffeuse de bus scolaire, veut briser la dépendance logistique avec « Vicar Pièces », le premier magasin local et en ligne de pièces détachées pour véhicules. Son objectif ? Réduire les temps d’immobilisation des bus, renforcer l’autonomie de l’île, et soutenir le tissu économique local. Enfin, dans le Grand Nouméa, Tiphaine imagine un transport public plus fluide avec « Vi Raa », une appli mobile pour réserver à l’avance, recevoir des notifications et suivre en temps réel les trajets en bus à Dumbéa et Païta.



Direction maintenant la construction et les travaux pour bâtir et cultiver autrement. Avec « CONTENEA », Melesio repense la construction en recyclant des conteneurs maritimes en modules d’habitat ou de bureaux modulaires et décarbonés. Une réponse locale aux enjeux du secteur BTP. Dans un tout autre registre, Robert a présenté « Tufeke », un outil agricole inspiré du sécateur, permettant de couper des plantes, notamment l’igname, le tout sans un bruit. Cette solution a été aussi pensée pour le confort des agriculteurs et jardiniers afin de transformer les pratiques agricoles et rendre la tâche moins pénible pour le corps.


Entre services, numérique et patrimoine, certains porteurs ont imaginé des solutions au croisement de l’innovation, de la culture et du quotidien. Avec « My Hub Dog », Olivier, éducateur canin, propose une application 100 % calédonienne qui met en lien particuliers et professionnels (toiletteurs, promeneurs, éducateurs…) pour proposer des services fiables et accessibles destinés à prendre soin de nos boules de poils à quatre pattes. Cap ensuite sur Lifou, où André veut faire du numérique un levier d’autonomie avec « l’Atelier Informatique », un espace multifonction alimenté à l’énergie solaire, dédié à la formation, au recyclage et à l’innovation. Une première en province des Îles, qui vise à démocratiser les usages et à créer un écosystème numérique local. Enfin, dans un registre plus culturel, Christian a présenté « L’Arche », un projet de musée immersif 3.0 pour préserver les langues et cultures Kanak. Véritable ovni architectural, ce lieu hybride mêlerait enregistrement, cinéma, documentation et workspaces, avec pour ambition de devenir un pôle de mémoire, de création et d’attractivité touristique. Une ode à la culture locale dans un écrin futuriste.



__
L’innovation au service de la réalité
Le moins que l’on puisse dire, c’est que cet après-midi a été l’occasion de découvrir huit projets qui ont tous un point commun : innover à partir du réel. Qu’il s’agisse de transport connecté, de construction décarbonée, de services animaliers, d’inclusion numérique ou de patrimoine vivant, les huit porteurs de projets ont tous présenté des solutions pratiques, concrètes et ancrées dans les réalités du territoire. Des idées souvent simples, mais qui répondent à des besoins locaux avec des réponses locales. C’est d’ailleurs ce que Petelo Sao, membre du gouvernement en charge de l’innovation, a tenu à souligner en clôture de cette restitution.
« L’innovation, ce n’est pas que de la technologie ou du numérique. C’est aussi une manière de compenser les manques de l’action publique, en trouvant des réponses innovantes avec un impact social immédiat. Ces projets montrent que l’on peut innover à partir de nos valeurs traditionnelles, non pas pour rester dans le passé, mais pour mieux construire l’avenir. » Petelo Sao, tourné vers l’avenir

__
Et après ?
Cette session de pitchs rappelle que l’innovation utile, inclusive et durable existe déjà sur le territoire. C’est maintenant au reste de l’écosystème de se mobiliser pour soutenir, accompagner et faire grandir ces initiatives. Car c’est aussi dans ces projets-là que se dessine le visage d’une Nouvelle-Calédonie résiliente, créative et tournée vers demain. Car oui, le territoire regorge d’idées prêtes à éclore…
__