Le bonheur en visio ! Voilà le titre qu’aurait pu prendre cet article ; en effet, mardi dernier, la French Tech Nouvelle-Calédonie, dans le cadre de son programme « Central », organisait une session « visio » en compagnie de Gregory Tappero intitulée : « La levée de fonds, retour d’expérience d’un startuper calédonien ». Et autant dire que cette grosse trentaine de minutes a été fort utile pour la dizaine de personnes en ligne qui avaient répondu à l’appel. Morceaux choisis… 

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Gregory Tappero, de Nouméa à la Série A 

Série A, série B, série C… Non, vous n’êtes pas dans le Calcio mais dans un lexique de ce qu’on appelle une « levée de fonds ». Ainsi, Gregory Tappero, serial entrepreneur calédonien expatrié à Paris, était l’invité de cette session spéciale avec un seul objectif : partager son expérience d’une levée de fonds en Seed et Série A réalisée avec sa dernière startup « FinTech », Silvr. Le jeune homme, titulaire d’un Master Spécialisé en « Digital Business Strategy » à HEC est un multirécidiviste : startups HRTEch, EdTech, FoodTech, et maintenant FinTech, ont été les jalons d’un apprentissage où « equity » et « VC » ont rapidement rejoint « obligations », « dilution » et autres wordings techniques qui commencent à peine à résonner dans les « boards » des entrepreneurs calédoniens. 

Merci Gregory ! © FTNC

« Greg » a débuté son speech en présentant sa startup, Silvr, une solution de financement court terme digitalisée sous l’apparence d’une plateforme de prêts professionnels qui s’appuie sur l’open banking et une technologique d’analyse de données pour faciliter l’accès aux financements « factures, stocks, croissance et fonds de roulement » pour les entrepreneurs. Depuis un « bootstrap à 300K » réalisé en 2020, quarante-cinq employés ont rejoint cette aventure berlino-parisienne. Se sont enchaînées alors une levée de fonds d’1,5 millions d’euros en Seed, en mars 2021, – sur une « valo post money » estimée alors à 4,5 millions -, et une autre en Série A de 20 millions. Avant une Série B en 2024 ? 

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Lever des fonds, les bons conseils de Gregory Tappero 

Après avoir humblement – c’est appréciable ! – parlé de son parcours professionnel et entrepreneurial, Gregory s’est lancé dans un PPT structuré autour des étapes à franchir et bonnes pratiques à respecter lorsqu’on se lance dans un « fondraising » ; première étape, comprendre le métier de VC – Venture Capitalist –, son fonctionnement et ses objectifs. En effet, ces investisseurs scrupuleux ont pour activité d’étudier les projets et de créer des thèses d’investissement les plus réalistes possibles dans un timing précis. Ils suivent globalement une loi capitalistique d’investissement sobrement nommée « Power Law » qui consiste à assumer un risque : 

« Sur vingt projets financés, dix-neuf finiront par mourir mais un seul atteindra, voir dépassera les objectifs de multiplicateurs ; les VC cherchent à dénicher des licornes, pas des entreprises qui se développent lentement ». 

Greg, VC-mentalist 

Avec l’accent svp © JosFinance

« Sur les chemins sans risques, on n’envoie que les faibles », professait le génial Hermann Hesse dans son célèbre « Jeu de la perle de verre ». Il en est donc de même pour ces chers investisseurs qui ne souhaitent évidemment « pas être seuls mais partager les risques ». Premier conseil : n’oubliez donc pas de mettre du monde autour de votre « table » et de ne pas mettre tous vos œufs dans le même panier, comme Gregory avait pu le faire pour sa levée avec sa première startup EdoBoard. Plusieurs investisseurs valent mieux qu’un seul. Soignez également votre « time to market » ; si des levées de fonds sont en cours de réalisation dans votre secteur, spoil alert, c’est bon signe ! 

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Du pitch au closing, séductions et négociations

Et Gregory d’enfoncer une porte ouverte lorsqu’il mentionne l’importance du « pitch » : « Le pitch est un exercice crucial dans votre levée de fonds : chaque mot doit être travaillé, chaque phrase pensée, chaque potentielle question éludée ; ne laissez rien au hasard ! »… et racontez une histoire humaine, partagez une vision stratégique, pourrait-on ajouter à cet excellent conseil de séduction à la sauce « capital-risque ». Puis, l’entrepreneur doit également penser son « roadshow » pour créer « l’urgence, la singularité et le sentiment du « je veux en être » », a continué le serial entrepreneur. De courte durée, optimisé à grands coups de com’ – brand content et Ads Campaign LinkedIn / presse par exemple -, il a pour objectif de « chauffer les VC, surout les « partners », pas les juniors du fonds. 

Ça y est, vous avez soulevé l’intérêt d’un tour de table et il vous faut dont établir une « termsheet », dans laquelle vous déterminerez les conditions de l’investissement qu’il vous faudra aligner avec vos financeurs. Après quelques étapes de négociation bien menées, il sera temps de choisir vos anges-gardiens en fonction de votre vision, de votre stratégie, de votre rythme et de votre secteur d’activité, sans oublier de vous renseigner sur les « qualités » de ce dernier : peut-il vous ouvrir des marchés ? Saura t’il trouver des collaborateurs pertinents ? Connaît-il parfaitement votre domaine d’action ? Bref, un investisseur n’est pas qu’un financeur et, quel que soit son nombre de points au capital : les billets doivent être accompagnés d’autres assets non-financiers

« Le pire, c’est un VC qui amène juste de l’argent et qui ne s’occupe de rien d’autre : cherchez un compagnon plutôt qu’un simple financeur ! »

Greg et la recherche des compagnons 

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Greg, le millionaire ? 

La diatribe « fundraising » s’achevait finalement à la tombée de la nuit et Gregory prit le temps de répondre aux questions curieuses de certains connectés pour qui « levée de fonds » rime aujourd’hui, en Nouvelle-Calédonie, avec « crowdfunding ». Une solution quasi-monopolistique en cache-misère de VC calédoniens ? Qu’importe, l’économie est aujourd’hui mondialisée et les VC, fonds et autres Family Office sont à un arobase de votre deck. Think global, dear entreprenors !

Thanks a lot, dear Gregory and… bravo for your professional career ! 

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