On décode la tech’ – épisode #7
« Blockchain », « IA », « deep learning », « ransomware »… Le monde de la tech a son propre jargon et ses concepts qui, soyons honnêtes, laissent parfois un peu perplexe. Même si ces technologies font désormais partie de notre quotidien, leur fonctionnement reste souvent un mystère pour beaucoup (y compris vous, ne mentez pas). Dans cette série, nous retroussons nos manches en vulgarisant certaines de ces notions pour en comprendre l’essentiel. Alors, que vous soyez un geek en devenir ou un néophyte un peu perdu, embarquez avec nous dans les fascinants méandres de la tech’ !
Fusion de la « biologie » et de la « technologie », la biotech s’est aujourd’hui faite une place de choix sur la scène de l’innovation. À l’image de ses cousines telles que la greentech, la bluetech ou encore la healthtech, ses applications s’étendent à une multitude de domaines. Mais que naît-il de cette union entre science, technologie et vivant ? Explorons ensemble cette histoire d’amour singulière, ses héritiers et ses promesses pour l’avenir… pour le meilleur ou pour le pire.
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Une romance qui ne date pas d’hier
Avant de plonger dans les prémices de cette histoire, un petit focus définition s’impose. Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la biotechnologie est « l’application de la science et de la technologie à des organismes vivants, ainsi qu’à leurs composants, produits et modélisations, afin de modifier des matériaux vivants ou non vivants en vue de produire des connaissances, des biens et des services ». Autrement dit, la biotech, c’est l’art de combiner la science et la technologie pour transformer le vivant.
Et cette histoire d’amour entre l’homme et le vivant est vieille comme le monde ! Dès l’Antiquité, on utilisait déjà la fermentation pour conserver les aliments… ou pour en faire des boissons. Eh oui, la fermentation du raisin pour transformer du jus en vin fait aussi partie de l’histoire de la biotech. Mieux qu’un barbu qui change l’eau en vin non ? Bref vous l’aurez compris, même si à l’époque ce terme n’existait pas encore en tant que tel, la manière dont l’homme a interégi avec son environnement pour le transformer et évoluer est déjà un premier pas dans ce domaine. Au fil des siècles, les choses s’accélèrent. Au XIXe siècle, Louis Pasteur ouvre la voie avec ses recherches sur les bactéries et ses travaux sur les vaccins. En 1919, l’ingénieur agronome hongrois Karl Ereky annonce déjà une ère où la biologie transformerait les matières premières en produits utiles. Quelques décennies plus tard, la découverte de l’ADN marque un tournant, ouvrant la porte à l’ingénierie cellulaire, à l’invention de nouveaux vaccins et aux premières manipulations embryonnaires. Aujourd’hui, la biotechnologie s’étend bien au-delà des laboratoires et irrigue de nombreux pans de notre économie. Du génie génétique à la biologie synthétique, ses applications se déploient aussi bien dans la recherche que dans l’agroalimentaire, la pharmacie, la médecine, mais aussi dans des domaines de la transition écologique comme le recyclage, dépollution des sols et de l’eau, ou encore production d’énergie.

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Ils eurent beaucoup d’enfants
En somme, des champs de maïs aux laboratoires pharmaceutiques, en passant par les fonds marins et les usines de demain, la biotech s’invite partout. Pour s’y retrouver dans cette diversité foisonnante, chercheurs et industriels ont imaginé un code couleur afin de classer ces différents domaines d’activité.
- Rouge pour la santé et la médecine. C’est elle qui se cache derrière les thérapies géniques ou les vaccins à ARN messager, comme ceux développés pendant la pandémie de Covid-19.
- Verte pour l’agriculture. On pense par exemple aux plantes génétiquement modifiées pour résister à la sécheresse ou aux solutions de biocontrôle qui remplacent les pesticides chimiques.
- Blanche pour l’industrie, comme par exemple la production de biocarburant ou de plastique biodégradable
- Bleue pour les océans avec la recherche de nouvelles molécules issues des coraux ou des algues
- Jaune pour l’environnement avec la dépollution des sols, le recyclage ou la capture du CO₂.

En somme, la biotech s’infiltre dans tous les recoins de nos vies et trace un horizon digne de récits de science-fiction. Portée par sa rencontre avec le numérique, elle franchit de nouveaux caps : jumeaux numériques de cellules, intelligence artificielle qui accélère la découverte de médicaments, robotique qui transforme les laboratoires en usines automatisées… Dans le domaine de la santé, la génomique et les thérapies cellulaires laissent entrevoir la possibilité de soigner des maladies autrefois incurables. Du côté de l’agriculture et de l’industrie, elle apparaît comme une alliée précieuse pour rompre avec notre dépendance aux énergies fossiles et imaginer un modèle plus durable, capable de réduire notre empreinte écologique. Mais cette promesse de révolution s’accompagne aussi de nombreux défis. Techniquement, beaucoup d’innovations restent coûteuses, difficiles à produire à grande échelle et encore loin de la rentabilité. Éthiquement aussi, la biotech est sujette à débats. Jusqu’où peut-on aller dans la modification du vivant ? À cela s’ajoute la nécessaire vigilance face aux usages détournés de ces technologies, car dans ce domaine, la frontière entre l’ombre et la lumière est parfois mince.
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Et vécurent heureux ?
La biotech apparaît comme un carrefour entre science, technologie et vie quotidienne. Cependant, derrière les espoirs qu’elle suscite, elle interroge aussi notre rapport au vivant et à l’avenir de nos sociétés. Oui, elle peut guérir, nourrir, dépolluer et transformer nos modes de production. Mais elle peut aussi dériver ou menacer les équilibres naturels. À l’ère où le numérique et la biologie s’entrelacent, il est aussi important de se questionner collectivement sur ces usages. Après tout, décider de ce que l’on fait du vivant c’est aussi décider de l’avenir de l’humanité non ?
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