« Mais quelle est cette fleur croisée au détour d’une randonnée ? Comment s’appelle cette plante qui me paraît si familière ? Est-ce du basilic ou du chanvre ? »

En 2023, plus besoin d’avoir une encyclopédie de quatre tonnes sous la main pour identifier un échantillon de la flore calédonienne ! En 2001 déjà, l’association Endemia avait lancé un portail internet. Ce dernier est dédié à la connaissance et à la valorisation de la faune, la flore et la fonge – vous savez, ces moisissures délicieuses, appelées champignons, que l’on consomme goulûment ! – endémiques et indigènes de Nouvelle-Calédonie. Coup de projecteur sur une plateforme digitale qui a bien évolué depuis sa sortie et qui répondra à toutes vos questions naturalistes !

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Une plateforme pour les amoureux de la nature calédonienne © Endemia

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D’une simple plateforme locale à un site d’envergure internationale

Dès 2014, Endemia.nc a commencé à publier les résultats de la collaboration d’un groupe d’experts de la flore calédonienne régi sous l’autorité de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) : « La Liste Rouge ». Ce groupe avait – et a toujours – pour objectif de mesurer le degré de menace qui pèse sur la flore. Dans ce contexte, à la fin de l’année 2022, la plateforme a clos un projet de trois ans intitulé « Espèces Rares et Menacées des massifs miniers » (ERMines). Un projet qui a été porté par l’IAC, I’IRD et Endemia et financé par le CNRT. Tout est parti de ce constat : le Caillou, terre de nickel, fourmille de sites miniers habités par la faune et la flore.

De là, les scientifiques ont souhaité mettre à jour la liste des espèces menacées sur ces terrains. La zone d’étude du projet était vaste : elle a concerné dix-sept massifs miniers, de Tiébaghi à Goro, en passant par Kouaoua. 3 100 km2 au total, soit environ un cinquième de la Grande Terre : pas mal ! En seulement trois ans, le projet a permis de doubler le nombre d’espèces endémiques connues sur les massifs exploités. Depuis, l’association a pris une nouvelle dimension et elle est désormais reconnue à l’échelle locale et internationale.

Une implication sans faille de l’IRD © CNRT

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Une plateforme digitale évolutive au service de la préservation des espèces

Aujourd’hui, grâce au projet « ERMines », les mineurs ont une carte interactive à leur disposition ; celle-ci permet de visualiser et de télécharger la liste des espèces présentes sur chaque massif minier. Du coup, ils ont accès à leurs statuts via « La Liste Rouge » de l’UICN mais aussi aux règles de protection des espèces identifiées et à leur description. Pour obtenir ces informations, il suffit de choisir la couche géographique souhaitée et cliquer sur la zone de son choix pour découvrir la liste des espèces présentes. Par exemple, sur le site de Ouazangou, on note la présence de pycnandra longiflora. Cette plante est menacée et doit faire l’objet d’une protection spécifique. Une fois en connaissance de cause, les miniers peuvent alors prendre une décision éclairée pour assurer sa préservation. CQFD !

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Une carte aux mille et un filtres ! © Endemia.nc

Dans le monde, et notamment en Nouvelle-Calédonie, les opérateurs miniers sont tenus légalement de protéger ces espèces en danger ou de les cultiver en pépinières dans le cadre d’actions de revégétalisation. L’établissement de cette liste a permis de mutualiser l’ensemble des compétences disponibles sur le sujet, de centraliser les données et de produire un référentiel numérique complet. Cette e-liste est innovante car elle propose une vision « pays » de la conservation des espèces. Ainsi, les sociétés minières peuvent s’appuyer sur cet outil pour minimiser les risques d’extinction de flore et préserver nos richesses naturelles.

« Auparavant, nous travaillions sur des données issues de plusieurs herbiers disposant des espèces de Nouvelle-Calédonie. C’était insuffisant. Ainsi, des missions de prospection de terrain ont été nécessaires pour vérifier la dispersion de ces espèces. Rien que lors de la première année, soixante-quatorze espèces ont été collectées dont une que nous n’avions pas revue depuis 1984. »

David Bruy, ingénieur d’études à l’IRD et responsable de l’Herbier de Nouvelle-Calédonie.

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Une plateforme interactive et participative

Outre les espèces présentes sur les sites miniers, la plateforme « Endemia.nc » offre la possibilité à tout un chacun de se renseigner sur la faune et la flore calédonienne. Mais pas uniquement ! Vous pouvez également participer à son étoffement. En effet, d’une part, vous pouvez naviguer sur la carte en ligne pour vous renseigner et, d’autre part, vous pouvez également la compléter et donc l’enrichir. Pour ce faire, rien de plus simple : saisissez vos observations de plantes, d’animaux et de champignons dans le formulaire et ajoutez-y des photos et des points GPS. Amis geeks, plutôt que d’utiliser « Pokemon Go » pour chasser et capturer Pikachu, pourquoi ne pas utiliser « Endemia.nc » pour capturer des espèces rares… et préserver la nature calédonienne!

Endemia

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