Drôle de mariage ! L’assemblage d’un corps flottant de signalisation marine à un corps volant bourré de technologies regorge de possibles… La fusion du concept ancestral de « bouée » avec celui, plus moderne, de drone permet de concevoir de nouveaux outils technologiques. Les « drones-bouées » ou plutôt « bouées-drones » – galanterie lexicale oblige ! – nagent et volent désormais au secours des hommes et de la planète…
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L’assurance-vie des nageurs téméraires…
Nageurs téméraires, navigateurs ambitieux, voici une innovation qui pourrait bien vous sauver la vie ! Issue du mariage entre une bouée et un drone, le « SOS Board » est une « embarcation autonome de secours très légère, motorisée électrique et télé-pilotée par radio ». A l’instar d’une bouée de sauvetage traditionnelle, ce drone marin est utilisable par tous les postes de secours, qu’ils soient situés sur une plage, dans le lagon, voir même près des rivières… Son objectif ? Porter un secours motorisé aux naufragés. Lancé depuis une rive, une berge et même à partir d’un bateau, le « SOS Board » est un drone de surface d’une vitesse supérieure à 4 mètres par seconde, capable de se retourner automatiquement en cas de chavirage, doté d’une coque robuste et résistante et de poignées de transport pouvant ainsi tracter un naufragé. Conçue en forme de fer à cheval pour accueillir la personne en détresse et pilotable sur une portée de 500 mètres, cette bouée est également équipée d’un feu flashant à haute visibilité repérable même dans la purée de poids. Plus aucune raison de se noyer, hein…
Chaque année, plus de 500 personnes meurent par noyade, selon les chiffres du joyeux site « noyades.com » et les secours n’ont qu’un délai de trois minutes pour intervenir… Pour contrer ces statistiques « glauques », un autre dispositif technologique « anti-noyade » mêle à la fois le concept de bouée et de drone. Il s’agit d’un drone sous-marin pouvant naviguer dans les endroits les moins accessibles et capable d’apporter aux personnes en détresse de l’oxygène en un temps record. Plusieurs modèles existent et, parmi eux, le « Saver Whales », conçu par un designer coréen, Lim Do-Hwi. Ce dernier permet en effet de géolocaliser précisément la victime et, dirigé depuis un poste de commande, au sol, sur une embarcation ou héliporté, il est parfaitement autonome. Équipé d’un sonar, d’une radio et d’un radar, il est ainsi capable de localiser le potentiel noyé sans aucune aide extérieure et de lui fournir ensuite un kit de premiers secours avec gilet de sauvetage, corde, talkie-walkie et donc, oxygène. Capable de tracter la victime jusqu’à la terre ferme, il peut également, en cas de besoin, lancer un filet évitant ainsi d’être emporté par le courant. Bref, se jeter à l’eau ne devrait plus être un danger !
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Bouée + drone : préserver ou surveiller les fonds marins
Vous êtes sain et sauf, alléluia ! Néanmoins, les bouées-drones peuvent également avoir d’autres applications comme le balisage des régates par exemple ; en effet, un circuit de navigation est marqué par des bouées, trop souvent lestées par un bloc de béton qui, parfois planté à 300 mètres de profondeur, ne peut être récupéré. C’est alors qu’interviennent les « bouées dynamiques géo-stationnées » qui n’ont, pour leur part, aucune attache lestée pour rester à leur place. Équipées d’une antenne GPS, d’un moteur avec hélices et d’une batterie, pilotées à distance à l’aide d’un simple smartphone, ces bouées enregistrent qui plus est de nombreuses données – vent, houle, niveau des batteries… – et sont donc capables de rester sur place quelles que soient les conditions, simplement avec un point GPS indiqué via l’application. Pour l’instant, c’est la 40èmeÉdition de la Massilia Cup qui a bénéficié de cette innovation. Introduction d’une option écologique pour les régates et autres courses de voile des Jeux Olympiques de 2024 ?
De l’écologique, passons désormais au militaire avec un double module « drone – bouée » qui permet de repérer… les sous-marins ennemis ! Le projet « SonoFlash » combine les modes actif et passif en une seule bouée ; fonctionnant grâce à « un émetteur basse fréquence – 3 à 4 kHz – optimisé et puissant allié à un récepteur passif au gain de directivité élevé », cette bouée, qui peut être larguée par drone de surface, à voilure tournante ou fixe, fait aujourd’hui l’objet de prototypes militaires livrés à la Marine française et testés actuellement avant d’être produite en série courant 2024. Cette technologie développée par l’entreprise Thales intéresse d’ailleurs nos voisins australiens qui se verraient bien passer au peigne fin leur environnement maritime pour éloigner de potentiels visiteurs sous-marins. Quant à notre ZEE, fort à parier que la Marine nationale ne se privera pas d’une telle innovation pour la surveiller…
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Technologies marines, l’innovation en chef de file
Il existe encore bien des concepts technologiques à décliner de l’union du flottant et du volant ; actuellement, nombre de projets sont en cours de développement dans des secteurs aussi variés que la sécurité militaire, civile ou la protection de l’environnement mais également dans l’acquisition de données météorologiques et/ou océaniques par exemple… Si les usages sont nombreux, l’une des principales orientations actuelles est de sauver des vies. Des vies qui pourront désormais jouir des plaisirs côtiers sans jamais noyer le poisson…
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