La protection de l’environnement est un défi pour chaque être humain ! Alors que de nombreux indicateurs écologiques virent au rouge, l’innovation technologique peut jouer un rôle important dans cette lutte quotidienne pour la préservation de notre espace de vie. Dans ce contexte, chaque semaine, NeoTech vous fait découvrir une startup, locale ou internationale, issue de l’univers de la #GreenTech.   

Après avoir découvert une Hivy, une solution « éco-mobilité » 100% calédonienne de bornes électriques, nous partons aujourd’hui à la découverte d’une entreprise française, Lyspackaging, qui s’exporte dans le Pacifique afin de proposer une solution innovante de substitution au plastique conventionnel. Bienvenus dans l’univers de Nicolas Moufflet où le plastique est remplacé par un emballage naturel et compostable !  

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La VEGANBOTTLE, une alternative crédible au plastique ! © Lyspackaging

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Le plastique c’est tabou, on en viendra tous à bout !  

Le constat est simple et alarmant : le plastique représente un des déchets les plus problématiques au niveau mondial avec 710 millions de tonnes accumulées ces vingt dernières années. En outre, la quantité de plastique dans le milieu marin représente, à lui seul, presque 10 millions de tonnes de déchets par an. Certaines îles du Pacifique sont directement concernées par ces pollutions « plastique » puisque celles-ci menacent les récifs coralliens, pilier de la biodiversité marine. Ainsi, innover pour trouver des alternatives à l’utilisation du plastique est un enjeu essentiel pour préserver nos territoires et l’avenir de notre planète. De nombreuses startup s’engagent pour la dépollution des espaces marins, quand d’autres trouvent des solutions en amont pour limiter l’utilisation du plastique. C’est notamment le cas de notre startup GreenTech du jour : Lyspackaging. Créée en 2015 par Nicolas Moufflet, elle a pour vocation de trouver une alternative au plastique pour les emballages.  

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Nicolas vous présente ses bouteilles bio ! © Challenges

Pour ce faire, l’entrepreneur, issu du milieu de l’industrie, se penche sur des solutions de « biosourcing ». Cette tendance GreenTech vise à remplacer un matériau non renouvelable par un matériau d’origine biologique et renouvelable. C’est au début des années 2000 qu’il s’y intéresse alors que la pollution plastique n’est pas encore un sujet. Après des années de recherche et une forte volonté d’entreprendre, il aboutit, en 2017, au lancement de son innovation phare : des solutions de packaging « écolo » qui s’affranchissent de l’utilisation de ressources fossiles, d’additifs toxiques et qui réduisent l’empreinte Co2. Une ambition à la hauteur de l’urgence climatique !  

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Le cercle vertueux des biodéchets  

Pourtant, ce n’est pas le premier à s’engager dans la réduction du plastique, nous direz-vous ? Certes, mais Lyspackaging propose une alternative concrète et vertueuse au plastique ! Ce sont quatre familles d’emballages végétaux qui sont mises au point : du packaging vide, comme des pots ou des bouteilles, mais aussi des cups et gobelets destinés aux grands rassemblements, des gourdes ou encore des bouteilles d’eau minérale. Tous ces produits sont issus de matières organiques et renouvelables, sourcées localement pour garantir une réduction de l’émission de CO2

C’est un autre aspect de son activité  : réduire les émissions de CO2 que pourrait causer la production de ces emballages en se fournissant directement en matières locales. Beaucoup d’entreprises de biosourcing utilisent aujourd’hui le maïs comme élément végétal de base ce qui peut néanmoins apparaître comme problématique au niveau de son coût écologique. Tout d’abord, l’exploitation du maïs est très gourmande en eau et provient majoritairement des États-Unis ce qui engendre une importation presque obligatoire pour les entreprises qui se tournent vers le maïs avec des émissions de CO2 trop importantes. De plus, de nombreux organismes génétiquement modifiés (OGM) ont intégré cette culture du maïs ce qui empêche une utilisation 100% naturelle de la matière. Alors, à force de recherches, Nicolas Moufflet trouve sa solution dans la canne à sucre : moins énergivore dans son exploitation, elle produit, en plus, une masse de déchets naturels exploitables. Voilà comment l’idée d’une bouteille végan à base de déchets de canne à sucre est née !  

Et l’innovation ne s’arrête pas là ! Car la recette de son succès se trouve dans la déclinaison des bioproduits utilisés mais surtout dans la capacité à s’adapter au territoire sur lequel l’usine s’implante. Développer un produit écologique c’est prendre en compte la ressource disponible. Le président de Lyspackaging a ainsi porté son attention sur des biodéchets locaux pour inscrire sa production dans une économie circulaire « de la terre à la terre » : utiliser un déchet qui provient de la terre, le transformer pour produire ses bouteilles qui vont, elles-mêmes, servir d’engrais pour fertiliser les terres. Du lin, du chanvre, des noyaux, pépins ou fibres de fruit, des céréales, de l’argile et terre cuite, ou encore des coquillages… Autant de champs de possibles que de ressources existantes. Le cycle de la vie à l’état pur ! 

« De la terre à la terre » : le cercle vertueux de la VEGANBOTTLE © Lyspackaging

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Nicolas Moufflet à la remise des prix Tech4Islands Awards à la Polynesian Factory en compagnie de Christelle Lehartel et Heiura Itaee-Tetaa © NeoTech

S’adapter aux localités pour moins polluer 

C’est un modèle qui fonctionne pour tous types de territoires, même les plus isolés. Pour des territoires insulaires, comme la Nouvelle-Calédonie, cette industrie peut avoir l’avantage de réduire la pollution plastique, la dépendance aux marchés extérieurs, créer de l’emploi tout en préservant les écosystèmes. Déjà implanté à l’Île Maurice et en Guadeloupe, Nicolas Moufflet a remporté en Polynésie Française le Grand Prix Tech4Islands Planète 2021. L’occasion pour lui de se faire connaître dans le Pacifique et d’envisager l’installation d’une usine. C’est d’ailleurs ce qu’il a annoncé la semaine dernière à l’occasion de l’édition 2022 de Tech4Islands organisée par la French Tech Polynésie : en 2023 sera lancée une production locale de biomatériaux à partir de canne à sucre et de fibres de coco. Cette démarche prévoit donc un transfert de compétences nécessaire pour créer des synergies positives. Alors, à quand la venue sur le territoire calédonien ?  

« Adaptation » et « déclinaison » sont donc les maîtres mots cette alternative innovante. Pour Nicolas Moufflet, il fallait proposer un modèle déclinable selon les localités : produire une huile d’olive dans une bouteille biodégradable réalisée à partir de noyaux d’olives et de cannes à sucre devient tout de suite très cohérent pour un territoire qui en possède. Idem pour les fibres de coco. Le champs des possibles semble alors infini pour lutter contre le plastique. Avec cette innovation, le packaging devient un véritable engagement écologique ! Emballé, c’est pesé !

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