Dans notre récent article présentant l’innovation biologique Wolbachia de l’Université de Monash, importée en Calédonie par le World Mosquito Program, nous avions eu quelques petites maladresses ; ni une, ni deux, le Docteur Nadège Rossi s’était empressée d’éclairer nos lanternes sur ce projet qui vise à éradiquer les épidémies de dengue et autres zika et chikungunya. L’occasion était trop belle d’aller creuser un plus profond sur cette affaire de « bactérie », de « moustiques » et, surtout, de santé publique. Et qui donc de mieux que Nadège Rossi pour nous dévoiler l’historique et les actualités de cette histoire de dengue ?

« Ne soyez pas dengue », découvrez cette interview » © NeoTech

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Bonjour Docteur Rossi ; vous êtes responsable de l’antenne calédonienne du World Mosquito Program. Pourriez-vous nous présenter cette organisation, son historique et sa raison d’être ?  
 

Le World Mosquito Program est une initiative à but non lucratif, initialement créée et développée par l’Université de Monash en Australie. Ce programme est issu de recherches scientifiques autour de la bactérie Wolbachia débutées dans les années 80. C’est le professeur Scott O’Neill qui, au fur et à mesure de ses découvertes quant aux propriétés de cette bactérie, a décidé de créer le World Mosquito Program. Sa volonté était de protéger les populations mondiales contre la dengue grâce à ses recherches. 

Wolrd Mosquito Program
Un programme présent dans 11 pays © World Mosquito Program

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Pouvez-vous rappeler à nos lecteurs ce qu’est la dengue ?  

Il s’agit d’un virus qui, en Nouvelle-Calédonie, n’est transmis que par la piqure d’une seule espèce de moustiques : Aedes aegypti. En Nouvelle-Calédonie, on dénombre une vingtaine d’espèces différentes de moustiques. Par exemple, les moustiques de mangrove, extrêmement agressifs et embêtants, ne transmettent pas du tout la dengue… D’autres espèces de moustiques peuvent également transmettre la dengue mais elles ne sont pas présentes en Calédonie. « Aedes aegypti » est un moustique qui va plutôt vous piquer le jour, qui ne fait pas de bruit et dont on ne se méfie pas forcément. D’autant que sa piqure ne va pas perdurer dans le temps ! Ce moustique n’est donc pas une grosse nuisance en soi, si ce n’est qu’il transmet la dengue mais aussi le Zika ou le chikungunya.  

Une fois que l’on a attrapé la dengue, après une période d’incubation, on peut déclencher des symptômes ; certaines personnes, au contraire, restent asymptomatiques et ne vont même pas se rendre compte qu’elles ont la dengue. Lorsque des symptômes se déclarent, il s’agit souvent de fortes fièvres, de courbatures ou d’un état de fatigue intense. On peut alors parvenir à se soigner simplement avec du paracétamol.  

Malheureusement, nous pouvons aussi assister dans certains cas à des formes graves de la maladie, parfois hémorragiques, avec des saignements des muqueuses ou des complications lymphatiques. On ne sait pas vraiment pourquoi ; il n’y a pas une population qui y soit plus exposée qu’une autre… Ces formes graves peuvent même entrainer le décès. Il faut donc être prudent car ces formes graves ne se déclenchent pas immédiatement. On peut avoir dans un premier temps des symptômes « normaux » et ensuite, lorsque la fièvre commence à baisser, une forme grave qui se déclare.  

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De quand datent les premiers essais réalisés sur le terrain par le World Mosquito Program et quelles en ont été les étapes clés de cette innovation biologique ?  

Les premiers essais sur le terrain remontent à 2011. Ces essais ont été réellement concluants et ont rapidement démontré que les moustiques porteurs de la bactérie Wolbachia n’étaient plus en mesure de transmettre ni la dengue, ni Zika ou le chikungunya via leur piqure.   

2019, quelques explications complémentaires sur Wolbachia © lnc.nc

Fort de cette nouvelle connaissance, il a ensuite fallu démontrer que l’on pouvait relâcher des moustiques porteurs de Wolbachia et qu’ils pouvaient réellement se répandre dans l’environnement et se reproduire normalement. Ensuite, il s’agissait de s’assurer que ces moustiques allaient progressivement remplacer les moustiques qui ne portaient pas la bactérie ; et ce remplacement s’opère tout simplement par le cycle de reproduction ! En effet, la descendance issue de la reproduction d’un moustique porteur de Wolbachia et d’un moustique non-porteur est assurée de porter la bactérie et donc de ne pas transmettre ces maladies.  

Lorsque de multiples générations, les unes après les autres, sont relâchées dans la nature, nous parvenons logiquement à une proportion de plus en plus importante de moustiques porteurs de Wolbachia. Lorsque cette proportion devient suffisamment importante par rapport aux moustiques non-porteurs, le risque de transmission à l’homme des arboviroses tropicales comme la dengue diminue drastiquement. A terme, le risque d’épidémie devient quasiment nul !   

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Et une fois ce constat effectué, que s’est-il passé ?  

Ces moustiques ont été lâchés dans l’environnement, en Australie pour commencer. De nombreuses études ont été alors menées par des experts pour vérifier la fiabilité de cette méthode : il s’agissait de vérifier qu’elle n’était pas dangereuse ni pour l’homme, ni pour les animaux, ni pour l’environnement. Une fois tous ces facteurs vérifiés et l’aval du gouvernement obtenu, les scientifiques ont cherché des sites spécifiques sur lesquels cette méthode pouvait significativement réduire les épidémies de dengue.

World Mosquito Program
Relâcher des moustiques porteurs de la bactérie Wolbachia, un enjeu de santé publique © NeoTech

Aujourd’hui, onze pays dans le monde ont recours à cette méthode ; la Nouvelle-Calédonie est le dernier pays à être entré dans ce programme, en 2018. Les premiers lâchers de moustiques à Nouméa ont ainsi eu lieu en juillet 2019. L’implantation du programme en Nouvelle-Calédonie a pu se faire grâce à la participation de la Ville de Nouméa, candidate pour être ville pilote, et de l’Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie et du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Sur place, notre antenne a également bénéficié de soutiens financiers de la part de la Province Sud, du Fonds Pacifique et de l’Etat.  

Au-delà de ces partenariats institutionnels, nous avons rencontré un engouement global des organisations autour de cette méthode ! Lorsque nous sommes allés voir d’autres partenaires privés comme EEC, l’OPT ou les Eaux du Mont-Dore pour obtenir un soutien logistique, nous avons été très bien reçus. Ces partenaires privés ont réellement joué le jeu et sont une aide précieuse au quotidien.  

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Comment se sont déroulés les lâchers à Nouméa ?  

Nous avons commencé en juillet 2019 et nous avons continué de façon discontinue jusqu’en juin 2021. En effet, lâcher des moustiques pendant la période fraiche s’avère moins efficace… Les lâchers de moustiques se font donc plus souvent entre novembre et juin de l’année suivante.  

Nous avons commencé par des lâchers de moustiques adultes. Nous les élevons jusqu’à leur taille adulte dans des tubes spécifiques qui peuvent accueillir jusqu’à 150 moustiques. Nous avons ensuite disposé ces tubes dans toute la commune de Nouméa avant de les ouvrir, tous les 100 mètres environ. Cela représente à peu près 2 500 points géographiques sur lesquels nous allions, toutes les semaines, relâcher des moustiques.  

Les résultats obtenus dès la première année ont été très encourageants ! Toutefois, nous avions encore des zones sur lesquelles on constatait que le pourcentage de moustiques porteurs de Wolbachia était encore trop faible. Nous avons donc décidé, avec le soutien de nos partenaires, de réaliser des lâchers complémentaires spécifiquement sur ces zones-là.  

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Comment a évolué votre méthode pour continuer à réduire ou annihiler les épidémies de dengue en Calédonie ?

Nous avons basculé sur une nouvelle méthode qui s’appuie sur la conception de petites capsules à la place des anciens tubes. A l’intérieur de ces petites capsules se trouvent des œufs de moustiques et de la nourriture destinée aux larves qui vont éclore. En l’occurrence, il s’agit de farine d’anchois fournie par la provenderie de Saint-Vincent. On place ensuite ces capsules dans des petits pots en carton avec de l’eau. Ces pots sont disposés sur la voie publique, dans les arbres. Après une quinzaine de jours, des moustiques adultes porteurs de la bactérie Wolbachia vont pouvoir émerger des pots.  

En août 2021, à l’issue de ces deux phases de lâchers, l’analyse de nos résultats a démontré que 70% des moustiques présents sur la commune de Nouméa étaient porteurs de Wolbachia. Quelques mois plus tard, nous étions parvenus à 80% !  

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A-t-on recensé des cas de dengue à l’issue de ces deux phases ?  

On a effectivement compté quelques cas de dengue au cours de l’année 2021 mais ce qui était intéressant, c’est que l’on n’a pas vu de transmission entre les personnes. Les cas restaient isolés, exceptés à un endroit où un cluster s’est déclaré. Une vingtaine de personnes ont été contaminées ce qui reste très faible par rapport aux clusters de dengue habituels. D’ailleurs, lorsque nous avons réalisé des piégeages de moustiques autour de ces personnes-là, on s’est rendu compte que, sur cet endroit précisément, il y avait peu de moustiques qui portaient Wolbachia…  

Autrement, le nombre de cas a bel et bien significativement chuté. Nous avons terminé l’année 2021 avec 52 cas déclarés à Nouméa. Sur l’ensemble du territoire, on a recensé environ 116 cas de dengue en 2021. A titre de comparaison, on comptait environ 4000 cas de dengue en 2019 sur l’ensemble du territoire.  Toutefois, les conditions sanitaires particulières ont aussi permis de réduire le risque d’introduction d’un nouveau sérotype de dengue et donc le risque d’épidémie. Il nous faudra encore un peu de recul et des conditions normales de circulation de la population pour chiffrer l’impact de la méthode sur le développement des épidémies de dengue.

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La dengue, qu’elle soit asymptomatique, légère ou grave, est-elle toujours transmissible ?  

Wolrd Mosquito Program
Des campagnes de communication pour sensibiliser les populations © NeoTech

Absolument, et dans toutes ses phases. Cette infection passe toujours par la piqûre du moustique. Si un moustique vous pique après avoir piqué un malade de la dengue, il y a un risque élevé pour que vous attrapiez à votre tour la maladie.  

Il existe d’ailleurs quatre types de dengue, ce qui explique que l’on peut avoir quatre fois la dengue. Une fois que l’on a attrapé un type donné de dengue, on sera immunisé contre ce type-là. Autrement, la meilleure chose à faire lorsque l’on est conscient d’avoir la dengue, c’est de protéger les autres en se protégeant soi-même des piqures de moustiques. De cette façon, vous évitez d’infecter de nouveau un moustique qui pourrait transmettre la maladie à quelqu’un d’autre.

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En quoi la dengue est-elle un problème capital à résoudre pour la Calédonie ?  

Parce que ça fait beaucoup de malades ! Une épidémie de dengue, cela veut dire beaucoup de personnes malades en même temps, donc une saturation des systèmes de santé. Cela coûte également très cher à la société. la DASS-NC (Direction de Affaires Sanitaires et Sociale) a estimé le coût d’une épidémie de dengue à 1,6 milliard de francs

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Issue de la recherche scientifique, la bactérie Wolbachia est une « innovation biologique » que vous utilisez pour combattre ces épidémies. Comment a-t-elle été créée et comment fonctionne-t-elle exactement ?  

Wolbachia est une bactérie naturelle, très répandue chez les insectes à l’échelle du globe. En Nouvelle-Calédonie, vous pouvez également la retrouver chez certains papillons ou chez des mouches de fruits par exemple. L’innovation consiste plutôt dans le fait de l’avoir associée aux moustiques Aedes aegypti ! L‘équipe du Professeur Scott O’Neill s’est rendue compte que cette bactérie, une fois portée par les moustiques, avait l’avantage de bloquer la réplication des arbovirus dans le corps des moustiques.  

Il a donc fallu injecter la bactérie dans des œufs de moustiques qui sont vraiment minuscules. C’est une manipulation qui a pris des années avant d’être conduite avec succès ! Cette manipulation a permis d’obtenir une souche d’Aedes aegypti porteuse de la bactérie Wolbachia. Cette souche a ensuite pu être maintenue par la simple reproduction naturelle des moustiques qui donne alors des œufs porteurs de la bactérie.  

A partir de là, il n’y a plus grand chose à faire en laboratoire à part de l’élevage de moustiques ! En Nouvelle-Calédonie, nous avons notre propre souche porteuse de Wolbachia que l’on élève et que l’on fait pondre toutes les semaines pour en récupérer les “précieux” œufs.

World Mosquito Program
Envie de piquer une tête ? © NeoTech

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 Quel est le bilan chiffré de votre activité sur le territoire ? Et quels sont vos prochains objectifs ?  

Notre progression s’est faite tranquillement. De 0% de moustiques porteurs de la bactérie à nos débuts, nous sommes aujourd’hui, à Nouméa, autour des 80%. C’est un pourcentage qui va forcément tendre vers les 100%, du simple fait de la reproduction des moustiques dans le temps. Nous allons donc réaliser des relevés de terrain entre février et mai 2022 pour s’assurer que cette progression s’effectue et que la bactérie est toujours bien présente. Ce que l’on espère toutefois, c’est d’avoir, à terme, suffisamment de preuves pour chiffrer l’impact de cette méthode sur la dengue au niveau épidémiologique. L’épidémiologie demande de prendre un certain recul et donc du temps avant d’avoir ces chiffres-là.  

Autrement, je peux vous dire que nous avons relâché 12 millions de moustiques à Nouméa depuis 2019 ! Même si ça peut paraitre beaucoup, ça reste une proportion infime par rapport au nombre de moustiques déjà présents dans l’environnement. A titre de comparaison, on considère qu’à travers nos lâchers, on ajoute un moustique par jour et par foyer.  

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Quelles sont les autres pistes sur lesquelles vous travaillez à l’international pour combattre la progression de ces maladies ?  

Pour ma part, je ne travaille que sur le volet calédonien du World Mosquito Program. Ce que je peux dire concernant son travail à l’international, c’est que ce programme essaie désormais de s’étendre à d’autres territoires. Dans le même temps, le World Mosquito Program cherche de nouvelles façons de distribuer ses capsules d’œufs porteurs de la bactérie, notamment dans des zones qui sont difficiles d’accès ou dangereuses pour le personnel. Des essais sont en cours pour relâcher des moustiques par drone.  

Le vrai challenge du programme reste de le rendre accessible pour un maximum de personnes, dans un maximum de pays, à des coûts abordables. En parlant de coût, et concernant l’application du programme à Nouméa, on estime à environ 1300 francs par personne et par an son coût d’installation, en sachant qu’il n’aura plus besoin d’être renouvelé par la suite.  

Enfin, autre point crucial concernant notre développement : pouvoir compter sur le soutien des populations ! C’est la raison pour laquelle nous lançons de grandes campagnes de communication, à l’instar de ce qui a été fait sur Nouméa et maintenant au Mont-Dore et à Dumbéa. Une agence indépendante réalise des sondages pour connaitre le sentiment des habitants. Sur Dumbéa et le Mont-Dore, nous étions ainsi à 91% de la population interrogée favorable au programme. C’est une condition « sine qua non » avant de nous lancer.

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En quoi le réchauffement climatique a-t-il un impact sur le développement de ces épidémies ?  

Le réchauffement climatique a plutôt un impact sur le développement du moustique. Les dernières études tendent à montrer que l’on va vers une augmentation de la température globale, favorisant la migration du moustique porteur de virus vers des zones où il n’allait pas avant. Ensuite, en ce qui nous concerne, si nos saisons fraiches ne le sont plus autant, ça pourrait favoriser une augmentation de la densité de moustiques à cette période.

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Quelles innovations scientifiques et technologiques sont aujourd’hui utiles dans ce combat ?  

Il y a évidemment d’autres méthodes pour lutter contre les épidémies liées aux moustiques. On distingue déjà les méthodes dites « classiques » qui ont recours aux insecticides, mais ne sont plus vraiment compatibles avec l’aspect écologique.

D’autres méthodes proches de Wolbachia existent également. Certaines méthodes peuvent choisir de ne relâcher que des mâles porteurs de Wolbachia. Lorsque ceux-ci se reproduisent avec des femelles qui ne portent pas la bactérie, les œufs qu’elle va pondre ne pourront pas éclore. L’objectif est donc plutôt ici de diminuer le nombre de moustiques, l’inconvénient étant qu’il faut le faire sans arrêt. Cela reste une méthode fonctionnelle sur des petits territoires comme sur certains atolls polynésiens par exemple.

Localement, on peut également citer la méthode qui consiste à installer des systèmes dans les gouttières afin d’empêcher les moustiques d’y pondre leurs œufs. (ndlr : une innovation Calédonienne portée par la startup Aedes System).  En parallèle à ces innovations mondiales, il existe également un certain nombre de gestes que l’on peut tous faire pour réduire le nombre de moustiques autour de nous, notamment le moustique « aedes Aegytpi ». Il s’agit de vider les gites larvaires, tous les récipients d’eau propre : gamelle du chien, boutures, gouttières…

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Avez-vous de bonnes nouvelles sur ce sujet à partager avec nos lecteurs ?

La bonne nouvelle, c’est que la réussite de notre programme à Nouméa permet que l’on s’étende aujourd’hui aux villes de Dumbéa et du Mont-Dore ! Nous avons commencé notre action sur ces nouveaux sites début janvier 2022. Nous espérons désormais les étendre à d’autres communes du territoire pour protéger un maximum de Calédoniens.  

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Pour finir, une question un peu radicale : pourquoi ne pas simplement éradiquer les moustiques ?  

C’est un sujet complexe. Il faut déjà savoir qu’un œuf de moustique, au-delà de sa toute petite taille, peut perdurer plusieurs mois dans l’environnement sans éclore, et ce jusqu’à ce qu’il retrouve de l’eau. Difficile dans ces conditions de faire la chasse aux moustiques ! De plus, seules les femelles piquent car elles ont besoin de sang pour faire éclore leurs oeufs. Toutefois, un moustique privé de sang va pouvoir se nourrir de sucre, sur les fruits par exemple…

Éradiquer les moustiques dangereux pour notre santé comme « Aedes aegypti », ça signifierait également libérer une niche écologique qui peut laisser la place à d’autres espèces de moustiques. On crée alors un déséquilibre qui se transformera en un nouvel équilibre, sans que l’on sache si cette nouvelle donne sera préférable à l’ancienne. Peut-être qu’un nouveau moustique porteur de maladies différentes pourra se développer ! Et personne n’a envie de ça ! 

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Pour en savoir plus sur le World Mosquito Program :
  • Numéro Vert : 05 00 08
  • Mail : contact.nc@worldmosquito.org