Échanger avec Denise Estieux, c’est écouter l’histoire d’un passion professionnelle : la gestion de projet. Responsable du service « Communication et accompagnement à l’organisation » de la Province Nord, la jeune femme partage un sens aigu de l’organisation mêlé à une once de créativité et à une motivation sans faille pour booster la transformation numérique de la collectivité « of the North ».
A l’occasion de la troisième édition de la « Journée de la Gestion de Projet » organisée par la DSI de la province, Denise s’est confiée à NeoTech sur son parcours, son métier, ses objectifs mais également sur sa vision « numérique » pour une terre où elle a passé sa jeunesse. Rencontre avec une femme qui fait bouger les lignes… et les projets !
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Bonjour Denise et bienvenue sur NeoTech ! Peux-tu te présenter à nos lecteurs et nous partager les dates clés ton parcours professionnel ?
Bonjour NeoTech ! Je m’appelle Denise Estieux et je suis arrivée à la Province Nord en 2007 ; ma maman est institutrice et j’ai ainsi grandi dans le nord, au gré de son parcours professionnel, malgré le fait que je sois originaire d’Ouvéa.
Quant à mon parcours, il est assez atypique : après mon bac, en 2003, je suis partie étudier à Lyon, en licence « Droit / Sciences Politiques », jusqu’en 2006. Je suis ensuite rentrée en Nouvelle-Calédonie où j’ai passé les concours de l’administration publique qui m’ont mené à la Province Nord à partir de 2007.
Lorsque j’ai intégré la province à la « Direction Administrative Générale » de l’époque, je suis arrivée directement au sein de la cellule informatique. Le premier projet sur lequel j’ai pu collaborer était la mise en place d’un service « desk » et j’ai alors goûté à la gestion de projet informatique, ce qui m’a beaucoup plu.
J’ai donc monté mon projet professionnel avec la province et, en 2010, je suis repartie à Lyon pour suivre un cursus d’ingénieur qui a débuté par un BTS informatique, option « solutions logicielles et application métiers » ; ensuite, je me suis spécialisée comme chef de projet SI. En tout et pour tout, j’ai donc passé neuf ans à Lyon où j’ai travaillé dans des SSII dans le cadre de mon alternance. En 2016, j’ai réintégré la province en qualité de cheffe de projet au sein de la DSI.
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Quel est ton rôle à la DSI de la Province Nord ?
Depuis début septembre, je suis passée responsable du service « Communication et accompagnement à l’organisation ». L’équipe est constituée de deux chefs de projet, de deux chargés de communication et d’un administrateur fonctionnel « SharePoint ».
La collectivité vient d’être réorganisée et la fonction « communication » a été incluse dans notre service ce qui paraît plutôt logique et qui nous a permis d’élargir notre spectre en matière de gestion de projet. De la gestion de projets « SI », on s’occupe désormais également des projets événementiels et de communication. Vous l’avez compris : la gestion de projet reste mon dada !
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Quels principaux objectifs poursuis-tu dans le cadre de ta fonction ?
Nos principaux objectifs sont d’asseoir la fonction « projet » mais également la fonction « communication » au sein de la collectivité ; notre périmètre s’étend de la mise en place d’un nouveau SharePoint, à la gestion d’un projet événementiel, en passant par l’accompagnement d’une direction, notamment celle de la culture dernièrement, puisque nous avons passé deux semaines au Vanuatu dans le cadre du Festival des Arts Mélanésiens. Nous pouvons également accompagner les directions support et opérationnelles dans leur projet de service mais encore auditer certaines fonctions ou processus internes.
Côté « communication », notre rôle est de valoriser les politiques publiques, les différents événements ou encore de définir la stratégie de communication interne et externe de la province, une première pour moi ! Ça passera bientôt, je l’espère, par la définition d’une identité visuelle. Notre objectif est d’harmoniser pour créer un sentiment d’appartenance et de cohésion mais aussi de gérer les situations de crise et de manager les canaux digitaux. Un vrai et beau challenge !
Dernier projet en cours, l’administration fonctionnelle du SharePoint, un portail en interne où nous créons des espaces collaboratifs pour communiquer et vendre les services des uns et des autres. Par ce biais, notre but est de fédérer les agents et de les aider à collaborer de manière transverse.
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As-tu un projet numérique en cours qui te tient à cœur ?
Oui, justement, celui de la migration SharePoint ! À partir de la fin de l’année, nous allons ouvrir à l’extérieur ce qui est une révolution chez nous car, jusqu’alors, nous utilisions des VPN. Demain, l’ensemble des agents auront accès à tous leurs documents et outils depuis n’importe où et n’importe quand.
Ça va nous permettre d’outiller les « agents nomades » qui se déplacent souvent, tout comme les instituteurs d’ailleurs ; nous sommes actuellement restreints par le réseau : sans VPN, il faut être connecté à un réseau interne « province » ce qui pose des problèmes de cybersécurité par exemple… La migration devrait s’effectuer courant novembre. Ce changement technique va nous permettre de pousser des informations en interne, auprès des 1 300 agents dont 500 enseignants qui ne sont pas sur le réseau provincial. C’est un exemple d’axe de notre transformation numérique.
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En prenant un peu de recul, comment évaluerais-tu la maturité numérique du tissu économique de la Province Nord ?
Au-delà des usagers, je crois que ce sujet est lié au contexte d’évolution du pays et à la fracture numérique. Nous sommes dépendants de l’accès au réseau et donc de l’OPT… Une société qui est créée dans une petite commune du nord ou à Koné ne bénéficie pas des mêmes connexions au réseau.
En matière de « maturité numérique », des actions sont menées dans les écoles et dans d’autres endroits, tels que les Cases Numériques mais, généralement, nous nous appuyons sur notre partenariat avec le gouvernement pour porter ce sujet. Un certain nombre de démarches administratives sont aujourd’hui numérisées, le système de bourse par exemple, et notre rôle est d’accompagner les administrés dans ces démarches.
Plus précisément, je suis convaincue qu’on ne pourra pas tout dématérialiser pour une bonne raison : chez nous, on aime bien se voir, se parler, échanger… Nous sommes la « Province aux 1000 visages » et c’est ça que j’aime ici : les gens ont besoin de contact humain !
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En novembre, ce sera la troisième édition de la « Journée de la Gestion de projet » ; peux-tu nous parler du contexte de cet événement et des premières éditions ?
Lorsque je suis arrivée à ce poste en 2016, le service s’appelait « Projets transverses » à la DSI ; la volonté politique de moderniser la province grâce à l’e-administration nous encourageait à faire appel à des prestataires externes, parfois mal compris par nos agents : chacun avait sa propre définition du terme « projet ». On ne parlait pas le même langage et il fallait s’accorder sur une définition commune du concept.
En 2020, Sylvie, Mélanie et moi, on a constaté que les agents ne nous sollicitaient pas assez sur cette gestion de projet alors que nous étions là pour les accompagner ; on s’est alors dit :
« Trouvons un moyen de présenter nos services en interne pour mieux accompagner les agents ».
Une équipe au soutien des agents de la Province Nord
On s’est donc raccroché à la « Journée internationale de la gestion de projet » pour créer notre édition interne en 2020.
La première édition était liée à la thématique de la gestion de crise ; on s’est lancé dans cette aventure avec les moyens du bord et le concept a séduit les participants mais ils nous ont demandé plus d’outils pratiques, plus de concret… En 2022, nous avons choisi le thème de l’innovation et nous avons ouvert l’événement au grand public : une réussite qui nous permet aujourd’hui d’optimiser la gestion des projets à la Province Nord !
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Quelle serait ta définition personnelle du concept de « projet » ?
Très théorique : des objectifs, des délais et de la qualité ! Être un gestionnaire de projet, c’est avant tout être un « facilitateur », un qualificatif que j’affectionne particulièrement. Le rôle d’un chef de projet, c’est de répondre aux ambitions de tous les acteurs d’un projet à travers ces trois angles d’approche.
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Peux-tu nous partager quelques informations sur cette prochaine édition qui se déroulera le 2 novembre au Centre Culturel de Voh ?
Cette 3ème édition portera sur la thématique de « L’humain au cœur de la gestion de projet ». Nous allons donc inviter des intervenants et experts pour animer cette journée autour d’ateliers, de conférences et de tables rondes…
J’espère qu’au terme de cette journée, les participants partiront avec une meilleure compréhension de la notion de « gestion de projet » mais également des outils qu’ils pourront utiliser, tout en leur rappelant qu’ils peuvent nous solliciter pour les accompagner dans leurs projets quotidiens. Nous sommes au service du grand public à travers les directions opérationnelles de la Province Nord que nous accompagnons : c’est notre raison d’être…
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Un dernier mot ou une dernière actualité à partager avec nos lecteurs ?
Oh que oui ! L’une de nos cheffes de projet s’en va vers de nouveaux horizons alors, mon dernier mot s’adresse aux talents calédoniens : je cherche la perle rare qui voudrait rejoindre notre service !
Je trouve qu’on manque de formations dédiées et donc de talents en informatique et en gestion de projet : si notre « Journée de la gestion de projet » peut inciter des Calédoniens à suivre ce cursus, je serai déjà largement satisfaite !
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