À mesure que la technologie progresse, de nouvelles stratégies voient le jour pour protéger l’environnement et les espèces en péril. Parmi ces innovations, l’intelligence artificielle se distingue par sa capacité à transformer et à améliorer divers aspects des activités humaines, notamment en jouant un rôle crucial dans la sauvegarde de notre biodiversité et de nos écosystèmes.

De nombreux scientifiques l’on compris. Par exemple, une étude novatrice dirigée par Bronwen Hunter, en collaboration avec Malik Oedin et les professeurs Fiona Mathews et Julie Weeds, a récemment été publiée dans la revue Conservation Biology par l’Université du Sussex. Ce travail illustre comment l’IA et les réseaux sociaux peuvent être exploités pour révéler et combattre les menaces qui pèsent sur les populations de chauves-souris à travers le monde. Decryptage.

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L’IA, une aide précieuse à ne pas négliger

L’intelligence artificielle se révèle être un atout majeur pour les efforts de conservation de l’environnement. Grâce à l’utilisation de drones et de satellites pour l’observation de diverses espèces, une immense quantité de données de grande valeur est produite. Toutefois, sans le traitement rapide et efficace offert par l’IA, ces informations ne seraient pas d’une grande utilité. Elles permettent aux chercheurs d’élargir leur compréhension des causes de la diminution de la biodiversité et d’élaborer des stratégies pour la préserver. Un exemple phare est le projet “Map of biodiversity important” mis en œuvre par NatureServe, fournit de nombreuses cartes qui mettent en garde sur les régions à préserver.

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Les lieus qui recensent le plus d’espèces en danger aux USA © NatureServe

Dans un objectif similaire, une équipe de l’Université du Sussex, menée par Bronwen Hunter avec les professeurs Fiona Mathews, Julie Weeds et le chercheur Malik Oedin de Nouvelle-Calédonie, a exploré l’usage de données issues des réseaux sociaux et des moteurs de recherche pour enrichir la compréhension de la répartition globale de la chasse, du commerce et de la consommation des chauves-souris. Le constat de départ ? Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), plus de la moitié des espèces de chauves-souris sont classées comme étant “en danger d’extinction” ou “à données insuffisantes”.

“Les chauves-souris représentent environ un cinquième de toutes les espèces de mammifères dans le monde et jouent un rôle essentiel dans les écosystèmes. Elles sont des pollinisateurs, dispersent les graines et participent à la lutte contre les parasites. L’impact de la chasse et du commerce des chauves-souris est beaucoup moins connu que celui d’autres mammifères mais tout autant dévastateur.”

Bronwen Hunter, leader de la recherche

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Découvertes sur les menaces pesant sur les chauves-souris

Dans cette étude innovante, les scientifiques ont exploité les données collectées sur des plateformes variées, incluant Facebook, Twitter, Google et Bing, pour dresser un panorama exhaustif des menaces liées à l’exploitation directe qui pèsent sur les chauves-souris. À l’aide d’un système automatisé conçu spécifiquement pour cette tâche, l’équipe a pu mener des recherches approfondies à travers un large éventail de plateformes numériques. L’intégration de l’intelligence artificielle a permis de filtrer et d’analyser des dizaines de milliers de données, collectées à partir d’observations et d’anecdotes en ligne, révélant ainsi un niveau de détail sans précédent sur les dangers auxquels ces mammifères volants sont confrontés.

Cet effort de cartographie numérique a révélé l’existence de menaces, jusqu’à présent méconnues, dans vingt-deux pays, mettant en lumière des régions telles que le Bahreïn, l’Espagne, le Sri Lanka, la Nouvelle-Zélande et Singapour, qui avaient jusqu’alors échappé à l’attention des méthodes de recherche traditionnelles. Cette avancée méthodologique a abouti à la création d’une base de données globale, offrant une vue d’ensemble sur les populations de chauves-souris chassées, persécutées, vendues ou consommées.

Les résultats de cette étude soulignent la gravité et l’étendue des menaces anthropiques directes pesant sur les chauves-souris, souvent minimisées par les approches de recherche traditionnelles. En dévoilant de nouvelles zones à risque et en cartographiant les impacts des activités humaines telles que la chasse et le commerce sur ces animaux, les chercheurs ont mis en lumière des informations cruciales pour guider les efforts de conservation. 

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Et les roussettes dans tout ça ?

Cette recherche offre ainsi de nouvelles perspectives sur la manière dont les plateformes en ligne peuvent être exploitées pour aider les prises de décision dans un objectif de conservation et contrer les activités de commerce et de chasse illégale d’espèces sauvages, ce qui est essentiel pour protéger des espèces vulnérables comme les chauves-souris.

En Nouvelle-Calédonie, la roussette, considérée comme un symbole majeur par les Calédoniens et qui détient une position centrale dans la société et la culture Kanak, est une “espèce en fort déclin”. Alors, petit rappel, c’est bientôt l’heure de l’ouverture de la chasse et elle se limite aux week-ends du mois d’avril avec un quota de cinq roussettes par jour et par chasseur maximum. 

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Pas avant avril, ou Batman vous aura © Malik Oedin – IAC

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