« Nous avons créé un outil performant, adapté aux usages modernes d’internet » professe Laurent L’Huillier, Directeur Général de l’Institut agronomique néo-calédonien (IAC). Il est rare de mettre en avant la digitalisation du secteur agricole. Pourtant, ce dernier a bien compris les enjeux liés au numérique sur le territoire et débute sa mue 2.0. Dernier exemple en date, le site Agripedia.nc vient de souffler sa première bougie et d’être présenté au grand public cette semaine à travers une conférence de presse. Découverte de cette encyclopédie évolutive sur l’agriculture tropicale. 

Conférence de presse lundi 9/08/2021 © IAC

L’accessibilité à la connaissance agricole tropicale

Cela fait plus de deux décennies que l’IAC produit des connaissances de haut niveau et développe des techniques et des innovations au service de l’agriculture et de la ruralité calédonienne. Pourtant, certaines connaissances techniques étaient archivées sous des formats fragiles, sur des feuillets, des clés USB ou encore de vieux CD. C’est la collaboration inédite entre l’IAC et deux entreprises privées spécialisées, l’une dans la communication scientifique (Lincks, dirigée par Estelle-Bonne-Vidal) et l’autre dans le digital (La Fabrik dirigée par Mathieu Derex) qui a donné naissance à ce magnifique et ô combien utile projet d’encyclopédie numérique évolutive : Agripedia.nc. 

© IAC

Ce site web, lancé en test il y a tout juste un an, diffuse désormais gratuitement et au plus grand nombre près de 200 fiches techniques sur l’agriculture tropicale. L’objectif ? Valoriser les espèces locales pour se nourrir, se soigner ou encore aménager les jardins et restaurer les paysages dégradés. Laurent L’Huillier de compléter : « Il était temps de créer un outil performant de transfert des connaissances, tourné vers les usages modernes d’internet et dont le contenu, très utile et pratico-pratique soit, pour les professionnels et le public, d’une grande facilité d’accès et de compréhension. ». Un outil utile pour tous et, surtout, désormais, accessible à tous. 

Le projet de conception de ce site web résulte d’une enquête auprès des agriculteurs diligentée par l’IAC qui souhaitait connaître leurs attentes et décrypter leur manière de chercher des informations en ligne. Le constat ? Chaque agriculteur possède sa méthode de recherche et d’archivage et passe beaucoup de temps à croiser des données et informations issues de plusieurs sources pour enfin constituer une fiche répondant à ses besoins. Il était donc grand temps de tout rassembler dans un site orienté vers une expérience utilisateur fluide et intuitive.

Full responsive avec une présentation sur tablette © IAC

Ce projet évolutif ne concerne d’ailleurs pas que la Calédonie :  

« Notre ambition est de l’ouvrir aux partenaires locaux, puis régionaux et d’en faire, à terme, une véritable encyclopédie et référence pour l’agriculture tropicale, en Nouvelle-Calédonie, dans la région Pacifique et en Outre-mer ! » ajoute le Directeur Général de l’IAC. 

Des fonctionnalités très complètes et un parcours utilisateur intuitif 

Fiche de l’avocat © IAC

C’est sans doute du côté de cette fameuse expérience utilisateur que le projet est le plus innovant ; en effet, l’expérience de consultation est agréable et fluide, permettant à tout un chacun de retrouver les informations recherchées « aux bons endroits, au bon moment ». Basé sur un design graphique léché, la navigation est donc conviviale et ouvre les portes vers un contenu technique facilement « digérable ». Agripedia intègre également trois moteurs de recherche complémentaires : par mots-clés, par thématiques (fruits, légumes, plantes, bovins et même nuisibles !) et par filtres (type de sol, ensoleillement, besoin en eau etc.). 

En son cœur, les fiches techniques sont initialement rédigées par les scientifiques, puis elles sont reformulées par Estelle Bonnet-Vidal et Christina Do, VSC à l’IAC, formées à la rédaction claire et la rédaction web, afin de rendre le contenu fluide à la lecture et rapide à comprendre. Un bouton CTA qui active la mise en page automatique a été ajouté pour créer un PDF archivable ou imprimable en quelques clics. Côté mobile et tablettes, le site, développé par l’agence La Fabrik, est full responsive et permet une lecture optimale sur tous les écrans. L’utilisateur peut ainsi accéder à deux formats de fiches différents en fonction de ses usages : la fiche web et la fiche PDF.

Outre cette partie technique réussie, le projet Agripedia a pour objectif de préserver une agrobiodiversité unique, celles des îles tropicales, et d’accompagner ainsi la transition agroécologique en intégrant dans ses fiches, lorsque cela est possible, des pratiques et innovations privilégiant la réduction des impacts environnementaux, mais aussi en valorisant la culture d’espèces locales et/ou endémiques ainsi que les savoirs traditionnels liés à cette pratique. Estelle Bonnet-Vidal ajoute : « En créant Agripédia, l’IAC et les partenaires à venir mettent à disposition de tous, un capital inestimable de connaissances qui ne cesse de s’enrichir. C’est un travail de longue haleine et le fruit d’une collaboration inédite entre la recherche scientifique, la communication et le numérique.“. 

Des partenaires pour fédérer une communauté

Derrière la partie technique, on retrouve également une réelle volonté de l’équipe à fédérer des partenaires locaux de tous horizons autour du projet, à travers le transfert de leurs connaissances. L’idée est ainsi que chaque acteur local, régional ou international disposant d’informations puissent également venir enrichir ce catalogue évolutif. 

A ce jour, l’ADECAL Technopole, la Chambre d’Agriculture, les Provinces, les Upras, l’Agence rurale, la DAVAR et même un autre territoire régional, Wallis-et-Futuna, … ont déjà manifesté leur souhait de rejoindre le projet et d’alimenter cette base de données. On ne saurait que trop inciter les autres acteurs locaux et régionaux à rejoindre le mouvement : la tendance du « manger local » des produits « écoresponsables » issus des circuits-courts a de beaux jours devant elle !