Le marcottage est une technique qui permet de multiplier les végétaux à l’aide des racines d’une branche ; cette méthode ancestrale est aujourd’hui au coeur de l’innovation portée par la startup calédonienne « ARBOTECH » et de sa « Botabox » fondée par Louis Boudes, ancien étudiant de l’UNC et membre du programme Pépite NC. Alors qu’il a récemment remporté le 1er prix du concours « AGreen Startup« au salon international SIVAL, Louis a accepté de se confier à NeoTech et de présenter son projet. Silence, ça pousse !
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Bonjour Louis et bienvenu sur NeoTech ! Pour commencer notre échange, pourrais-tu nous raconter ton parcours en 3 moments clés ?
Salut NeoTech ! Alors, pour le premier moment clé, je vais vous parler de mes études ; jeune Calédonien, j’ai fait une licence de Sciences et Vie de la Terre à l’UNC, avant d’enchaîner sur un Master de Biologie à la faculté des Sciences de Montpellier. Pour finaliser ce cursus universitaire, j’ai effectué un stage de fin d’études à l’IFREMER en Nouvelle-Calédonie.
En parallèle de mes études, j’ai intégré le dispositif « Pépite NC » de l’UNC qui m’a permis d’être accompagné sur mon projet entrepreneurial et de le maturer jusqu’à la création de mon entreprise « Arbotech » qui propose des kits de marcottage à la vente.
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Qu’est-ce que le programme « Pépite NC » mis en place par l’UNC et quel est ton retour d’expérience à ce propos ?
Le dispositif « Pépite » propose un accompagnement des idées et des projets afin de les challenger et de les faire maturer grâce à un environnement favorable dans un cadre universitaire ; nous avons été accompagnés par des intervenants spécialisés dans différents domaines, ce qui nous a permis de mieux structurer notre projet et de commencer à le développer avec l’aide des conseils de ces experts.
Ce programme m’a donc apporté de la structuration par l’intermédiaire d’ateliers auxquels j’ai participé : comptabilité, management, business plan… Autant de domaines dans lesquels, je n’avais pas de compétences et qui m’ont permis d’avoir une vision plus large du management et de l’entreprise. De plus, j’ai pu bénéficier des avantages d’un réseau et de mises en relation avec des professionnels et autres acteurs locaux.
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Et après ? Parle-nous des suites de « Pépite NC » et de ton entrée dans la vie d’entrepreneur qui s’en est suivie ?
A la fin de ce programme efficace, en juin 2021, j’ai réfléchi à la création de ma structure d’entreprise puis j’ai rejoint la communauté FrenchTech NC et sollicité BPI France qui m’a octroyé une bourse « FrenchTech ».
Cette bourse m’a permis de participer à un salon international spécialisé dans les productions végétales, le SIVAL d’Angers, en mars 2022 ; j’ai ainsi pu développer mon produit et tester le marché tout en participant au concours « Agreen Startup » dont j’ai été lauréat.
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Peux-tu nous expliquer plus précisément l’innovation qui se cache derrière Botabox et son fonctionnement ?
Botabox est un kit de marcottage, prêt à l’emploi qui permet de multiplier facilement les plantes ; le concept est vieux comme le monde : il s’agit d’enraciner une partie aérienne sur un arbre pour créer un nouvel individu mature, prêt à fleurir et à donner des fruits dans l’année. Pour ce faire, j’utilise un outil qui se « clipse » à une branche et, avec l’ajout d’un substrat humide – terre, mousse végétale… -, des racines vont se former en quelques mois seulement. Il ne reste ensuite plus qu’à couper la branche et à la replanter pour obtenir un nouvel arbre à la maturité avancée.
Cette idée m’est venue d’une expérience de mon enfance ; j’avais planté une graine que j’ai entretenu pendant des années en me disant à chaque fois que, l’année suivante, j’aurais enfin des fruits… Conclusion : j’ai dû attendre près de dix ans avant d’avoir mon premier fruit ! A partir de ce moment-là, je me suis intéressé à la technique ancestrale du marcottage et, en cherchant les solutions disponibles sur le marché, je n’ai rien trouvé de convaincant. C’est pourquoi j’ai décidé d’inventer mon propre outil.
Cet outil est très simple d’utilisation, il se fixe facilement sur n’importe quel type de branche et, petit bonus, il est réutilisable ! Aujourd’hui, ce produit innovant est fabriqué en Vendée et conditionné par des personnes en situation de handicap.
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En quoi Botabox est-il un « game changer » sur le marché ?
Botabox est une révolution car elle rend accessible le marcottage à tout utilisateur novice ou confirmé ; ce kit est simple d’utilisation, il permet un gain de temps, se démonte et se réutilise. Bien sûr, il existe actuellement quelques produits concurrents, comme des sphères en deux parties, mais elles ne conservent pas l’humidité et prennent plus d’espace. D’ailleurs, j’ai fait breveter mon système ce qui tend à prouver son caractère novateur !
Je dois également préciser que je produis tout en métropole ; j’ai un moule de production en Vendée qui me permet de sortir mes pièces que j’envoie ensuite dans un ESAT à la Roche-sur-Yon pour leur assemblage et leur conditionnement. J’ai vraiment souhaité intégrer cette notion d’économie sociale et solidaire dans mon circuit de production. Ensuite, c’est à moi de gérer, à distance, les produits qui sont stockés et expédiés par la Poste partout en France et dans le monde.
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Et alors, cette expérience du SIVAL, qu’en as-tu retiré ?
Le fait d’avoir participé à ce salon international m’a permis de booster mon projet sur trois jours grâce à un bootcamp lors duquel différentes personnes – étudiants, professeurs, professionnels et entrepreneurs… – m’ont aidé à optimiser mon business plan et à affiner mon business model.
Ensuite, j’ai eu la chance de « pitcher » devant un large public en compagnie d’autres projets de startup ; grâce au prix que j’ai décroché, j’ai l’opportunité d’avoir un stand offert sur la prochaine édition du salon, ainsi qu’un pack « communication » mais surtout des contacts avec des investisseurs, des distributeurs et d’autres conseillers.
Aujourd’hui, j’ai créé une présérie de plus de 1000 exemplaires du produit que je vends sur mon site internet botabox.fr et dans une douzaine de points de vente en Calédonie ; je suis dans une phase où j’essaie de me faire connaître et j’accentue mon travail sur la communication autour de ce produit. Dans peu de temps, je vais réapprovisionner les points de vente calédoniens mais je suis également en train de façonner mon réseau de distribution en métropole : j’ai des contacts avancés avec Jardiland et Gamm Vert par exemple…
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Quelle est ta vision de l’entrepreneuriat en Calédonie et en quoi est-elle différente de la métropole ?
La Nouvelle-Calédonie est un super terrain de jeu, un « marché-test » que je trouve formidable ! Notre petit cailloux au milieu du Pacifique nous permet de tester nos idées et de les mettre en pratique afin d’obtenir des feedbacks sur son projet.
La principale différence que je vois avec la métropole, c’est que les fonctionnements de l’écosystème sont complexes, on se sent noyés dans une masse d’informations à déchiffrées… Même si l’écosystème calédonien est en pleine structuration, il existe, au contraire, une multitude d’acteurs en métropole et ça devient difficile de savoir où et quand se positionner…
Il demeure néanmoins capital que les projets calédoniens s’exportent en métropole car le marché est bien plus vaste et permet des économies d’échelle, tout en touchant une plus large frange de populations. Le marché calédonien est, pour sa part, adapté pour les premières années d’activité mais va sans doute vite être saturé et empêcher une croissance soutenue. Soit je crée des nouvelles gammes de produits innovants régulièrement, soit je dois m’exporter en métropole et à l’international pour poursuivre le développement de ma startup.
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Quels conseils donnerais-tu à un jeune entrepreneur calédonien ?
Premièrement, je lui dirais de se lancer, quelle que soit son idée !
Testez vos idées et foncez tête baissée sans oublier de bien vous entourer !
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Où seras-tu dans un an ?
Botabox sera présent en France et mon entreprise sera positionnée également dans le Pacifique et en Europe. Si je me projette un peu sur les ventes, j’estime que, d’ici un an, je vendrai le même produit décliné en une gamme de plusieurs tailles.
Pour l’instant, on parle du kit de marcottage mais, d’ici un an, j’envisage également de faire de la recherche et du développement sur de nouveaux produits innovants, que je ne peux pas encore dévoiler. Teasing…
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Un dernier mot pour nos lecteurs ?
J’ai le droit de faire un peu de com’ ?
« Avec Botabox, avoir la main verte n’a jamais été aussi facile ! »
Voilà un petit slogan pour vos lecteurs…