L’IoT et ses objets connectés sont en train de révolutionner l’activité humaine ; au cours des dernières années, dans les champs, les usines, dans chacun de nos domiciles, et même jusqu’à nos poignets, sont apparus ces petits objets qui nous facilitent la vie ! Appliqué aux secteurs professionnels, l’IoT permet de nombreux gains de productivité, quel que soit le domaine d’expertise. Alors que le marché de l’IoT devrait dépasser les 1000 milliards de dollars d’ici 2024, nous sommes partis à la rencontre d’Éric Massenet, Business Developer chez IoT.nc, adhérent au cluster numérique OPEN NC et enseigne de la filiale « Le Cube » qui appartient au groupe CIPAC. Explications détaillées à travers quelques cas d’usage…
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Bonjour Éric, tu es « business developer » chez IoT.nc. Peux-tu nous présenter cette organisation et son historique ?
Bonjour aux lecteurs de NeoTech ! Alors… « IoT.nc » est une entité créée il y a près de deux ans suite aux demandes de nos clients issus de différents verticaux métiers : agriculture, entreprises de stockage de denrées alimentaires, marinas, groupes de froid, médical… L’IoT touche tous les secteurs !
Le constat de départ était de trouver des solutions technologiques pour améliorer et optimiser leur business, leur rentabilité, la sécurité de leurs bâtiments mais aussi pérenniser leur chaîne de valeur grâce aux objets connectés. Ces derniers permettent un suivi de leur installation via du monitoring, mais aussi de vérifier les dysfonctionnements potentiels grâce à un système d’alerting.
Il faut savoir que le Groupe CIPAC est un acteur calédonien qui vend et distribue du matériel dans de nombreux secteurs d’activité ; de ce fait, nous avons un éventail de clients provenant de secteurs variés qui, de plus en plus, ont besoin de trouver des solutions connectées pour améliorer leur productivité.
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Peux-tu partager avec nos lecteurs une définition simple de ce qu’est l’« IoT » ?
Effectivement, le terme anglophone « IoT » veut tout et rien dire ! La traduction de l’acronyme est « Internet Of Things » – ou l’internet des objets en français. Pour être plus clair, l’IoT ce sont des objets connectés qui récupèrent des informations d’un environnement spécifique et les communiquent avec l’extérieur. Ces informations vont ensuite transiter sur des réseaux et des serveurs pour être mises à la disposition des usagers via des applications-métiers. Si je vous parle de téléphone portable ou de montre connectée, ce sont des exemples d’objets connectés que nous utilisons au quotidien !
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Dans quels domaines / secteurs peut-on faire un usage productif de l’IoT et comment ?
Ce qui est génial, c’est que l’IoT est utilisable dans TOUS les domaines ! Par exemple, dans l’agriculture, on peut utiliser des objets connectés pour mettre en place et piloter à distance un arrosage automatique, mais également faire transiter les informations issues de cette automatisation et les « monitorer » – superviser des indicateurs prédéfinis – pour obtenir des informations et ajuster son arrosage en fonction des paramètres sélectionnés (météo, quantité d’eau, saisonnalité, irrigation du sol…).
Dans d’autres entreprises, on peut se servir de l’IoT pour installer des compteurs d’eau ou d’électricité intelligents, des capteurs de température (…) qui font ensuite remonter des informations de manière automatique et numérique. On peut les utiliser également sous la forme de capteurs de vibration pour détecter une anomalie sur un moteur et anticiper des pannes. On entre alors dans la maintenance prédictive, limitant l’intervention humaine sur les actions à valeur ajoutée. Les entreprises réduisent ainsi leur TCO* et augmentent leur productivité…
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Quelle est votre offre de solutions et en quoi est-elle innovante ?
Notre valeur ajoutée, c’est d’écouter les besoins de nos clients ! La plupart du temps, ils sont néophytes et ne connaissent pas les solutions « IoT » ; dans un premier temps, nous relevons donc ces besoins et problématiques, puis travaillons sur des solutions intégrant des objets connectés.
En 50 ans, le groupe CIPAC est devenu un expert dans de nombreux métiers : maintenance industrielle, maintenance d’engins agricoles ou médicaux, réseaux, téléphonie, data, sécurité… Très naturellement, nous nous sommes donc orientés vers ces outils qui sont efficaces et qui permettent d’optimiser ces maintenances et bénéficier d’un retour d’expérience sur l’utilisation des objets connectés.
Une fois que la problématique du client a été identifiée, notre rôle est donc de sélectionner les objets connectés les plus adaptés parmi des milliers pour que ces derniers gagnent en productivité, en efficacité, et obtiennent un bon retour sur investissement. Évidemment, chaque client est unique ce qui signifie que chaque besoin est différent : à nous de trouver la solution technique adaptée et optimale pour répondre à leurs problématiques.
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Pourrais-tu partager avec nos lecteurs deux cas d’usage calédoniens et les résultats concrets nés de l’adoption de votre technologie ?
Prenons l’exemple d’une étude en cours sur des logements sociaux ; grâce à des objets connectés branchés sur les compteurs électriques de 37 logements, on va calculer la production de panneaux photovoltaïques, ainsi que la consommation totale du logement et du cumulus. Avec ces données, l’objectif est de montrer qu’il sera plus intéressant pour un propriétaire d’avoir des panneaux photovoltaïques plutôt qu’un chauffe-eau solaire. La raison ? Grâce à ces informations et aux objets connectés, on va pouvoir exploiter le surplus d’énergie produite pour la revendre, par exemple, à EEC et permettre aux usagers de faire des économies.
Autre cas d’usage, le monitoring grâce à des capteurs de température et d’humidité : on peut ainsi savoir si des denrées alimentaires sont stockées dans une zone où la température est adéquate, et dans le cas contraire, alerter l’usager avec des notifications si une température dépasse le seuil prédéfini. On peut ainsi intervenir immédiatement et éviter de perdre son stock !
Actuellement, nous avons un client agriculteur qui se trouve à la Foa et qui dispose d’hectares de champs agricoles ; il souhaiterait cultiver de nouvelles parcelles et fait appel à nous pour installer une solution connectée pour pouvoir piloter sa culture à distance. Au lieu de tirer des tuyaux et des câbles électriques sur plusieurs kilomètres pour pouvoir activer ses électrovannes, nous lui avons installé une station connectée totalement autonome et autoalimentée en énergie qui va permettre d’ouvrir les vannes à distance, mais également de récupérer des informations importantes sur l’humidité des sols, la quantité et la période d’arrosage etc.
Cette installation lui permet donc de bénéficier d’une irrigation complètement autonome et optimisée selon les paramètres que l’agriculteur a enregistré. Il réalise ainsi des économies d’eau ce qui a un impact écologique non négligeable ! On pourrait aussi parler du « geofencing » qui permet, entre autres, de localiser les têtes de bétail dans des propriétés qui s’étendent sur des centaines d’hectares ; on économise ainsi non seulement du temps mais aussi de l’énergie et du carburant grâce à un petit objet connecté placé sur chaque tête de bétail.
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Qui dit « IoT », dit « datas » : quel est le lien entre ces deux notions ?
Les objets connectés envoient des informations concernant l’environnement dans lequel ils ont été programmés : température, vibrations, tout ou rien… Ces données sont ensuite transférées vers des serveurs où elles sont stockées, avant d’être traitées et exploitées par les utilisateurs.
La plupart du temps, ces données sont transformées via des widgets, soit des graphiques, des courbes ou des statistiques qui s’affichent sur une plateforme numérique à disposition de l’utilisateur. Il peut ensuite faire apparaître ses données dans le format qu’il souhaite.
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Sur votre site « iot.nc », vous traitez également l’actualité de l’IoT. Qu’en est-il à ce sujet ?
Effectivement, nous publions sur le site notre veille de l’actualité des objets connectés ; nous avons également pour ambition d’intégrer prochainement sur le site des solutions que nous avons développées pour illustrer notre service mais aussi un portail d’achat proposant des objets connectés qui seront directement disponibles à la vente.
Par ailleurs, depuis peu, nous sommes partenaires du leader mondial de « geofencing », notamment utilisé pour le traçage du bétail, des bateaux, des voitures etc… Nous avons d’ailleurs été sollicité récemment sur ce type de solutions dans une clinique pour tracer les lits d’hôpital, les fauteuils, les ECG sur chariot (etc.) qui sont en mouvement permanent : le personnel perdait trop de temps à chercher le matériel médical et le géotracking a permis de situer l’objet recherché à trois mètres près. Avec cette solution, la clinique pourra également réaliser des inventaires, savoir si l’objet est sorti de sa zone, envoyer des alertes si besoin…
Dernièrement, je me suis intéressé à un capteur de vibrations doté d’intelligence artificielle qui est capable d’analyser l’état de fonctionnement d’un moteur, d’une pompe, d’un compresseur (…) en étudiant son comportement vibratoire. L’iA récupère ensuite toutes les fréquences, les mémorise et, avec le temps, si les vibrations varient ou deviennent anormales, elle alerte le responsable. On entre vraiment dans une logique de maintenance prédictive : on peut ainsi commander en amont la pièce à remplacer, éviter les pannes et gagner en productivité, et perdre en stress !
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Question décalée : est-ce qu’une société bourrée d’IoT et donc de robots ressemblera finalement bientôt à celle du film « I Robot » ?
On peut l’imaginer même si ça peut faire peur ! Je me demande si ça n’existe pas déjà (rire)… Prenons les aspirateurs connectés : ils sont complètement autonomes, agissent selon le paramétrage défini, collectent et transmettent des informations ; si ça ne ressemble pas déjà à un robot !
On pourrait aussi parler du « chien-robot », le SPUR de Ghost Robotics, muni d’un sniper capable d’atteindre une cible à 1200 mètres de distance ! Ça fait peur car on parle ici d’intelligence artificielle connectée puisque le robot est équipé de multiples capteurs qui font remonter des informations permettant de les piloter à distance. Oui, à l’avenir, l’ « IoT » fera bel et bien partie intégrante de notre quotidien mais c’est à l’Homme de poser un cadre éthique et sociétal…
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*TCO : Total Cost of Ownership