Adopte un mec, Meetic, Fruitz, Tinder… Depuis l’avènement d’internet, les sites et autres applications de rencontre ont rapidement proliféré, promettant de transformer la quête amoureuse en un processus (presque) aussi simple qu’une commande en ligne. Quelques champs à remplir, une description à peaufiner, des photos soigneusement choisies, et hop ! En un clin d’œil, nous sommes mis en relation avec des profils proches de notre zone géographique et correspondants à nos critères. Du moins sur le papier (ou plutôt sur l’écran). Une petite révolution pour trouver chaussure à son pied ? Rien n’est moins sûr. Si ces applications redéfinissent les règles du jeu en matière de rencontre, les algorithmes qui les façonnent sont-ils pour autant les Cupidon du XXIe siècle ? En ce jour de Saint-Valentin, passons de l’autre côté de l’écran et analysons d’un peu plus près le phénomène de ces entremetteurs 2.0.

__

L’algorithme comme partenaire de drague

L’objectif de ces sites et applications est simple. Faire en sorte que les utilisateurs se rencontrent. Pour y parvenir, leurs algorithmes collectent, analysent et croisent une multitude d’informations issues des profils afin de générer LE match. Du moins, en théorie… Car en pratique, ces plateformes laissent planer un voile sur le fonctionnement réel de leurs algorithmes. Un ingrédient secret permettant de maintenir l’engagement des membres à ce philtre d’amour virtuel. 

algorithmes
Autant chercher une aiguille dans une botte de foin ! © Stat-Rencontres.fr

À ce jour, une chose est sûre, la plupart des applications s’appuient sur des données comme l’âge, la localisation, les préférences sexuelles, les centres d’intérêt et les hobbies pour établir des correspondances. Mais leur véritable force réside dans l’analyse du comportement des utilisateurs autour du nombre de profils likés, du temps passé sur chaque description, de la fréquence de connexion… Certains vont encore plus loin en intégrant l’intelligence artificielle et le machine learning pour décrypter les interactions et peaufiner leurs prédictions sur les préférences de chacun. Ces algorithmes sont censés affiner continuellement leurs suggestions pour créer des matchs toujours plus parfaits. Du moins, c’est la promesse.

D’ailleurs, certains développeurs ont créé de faux profils pour analyser quels critères physiques influençaient le taux de match. Verdict ? Mieux vaut afficher un sourire et laisser ses lunettes dans leur boîte. Au-delà de l’apparence, il existe d’autres astuces pour optimiser ses chances, souvent en exploitant les rouages mêmes de l’algorithme. Il est par exemple conseillé de se connecter après 18h, lorsque l’activité est à son pic pour maximiser sa visibilité. Pourtant, même si ces petites stratégies peuvent aider à attirer plus de matchs, elles ne garantissent pas des connexions plus authentiques. Dès lors, une question persiste. Faut-il jouer avec l’algorithme pour séduire, au risque de se laisser piéger par ces marchands de rêve ?

algorithmes
Une source de profits infinie ? © Statista

__

L’amour capitalisé

Malgré les belles promesses de ce Cupidon 2.0, il ne faut pas oublier que ces plateformes sont avant tout des entreprises, et comme toute entreprise, leur objectif principal reste le profit. Et quoi de mieux pour y parvenir que de vous garder engagé le plus longtemps possible ? Mieux encore, de vous inciter à souscrire un abonnement « premium » pour maximiser vos chances de trouver l’âme-sœur. Eh oui, ces algorithmes ne sont pas conçus pour vous présenter immédiatement le profil idéal. Au contraire, ils entretiennent un cycle sans fin de swipes, de likes et de conversations à rallonge, prolongeant ainsi votre temps d’utilisation… et, avec un peu de chance pour eux, votre dépendance. Welcome to real world !

algorithmes
Plutôt des hommes ou des femme à votre avis ? © Statista

À l’instar de nombreux autres sujets, ces sites ne sont pas non plus épargnés par les controverses et l’une des plus épineuses concerne les discriminations. En se basant sur les préférences des utilisateurs, elles-mêmes influencées par des stéréotypes et des biais (in)conscients, ces plateformes affinent leurs suggestions d’une manière parfois trompeuse. Au fil du temps, l’algorithme façonne une bulle autour de chaque utilisateur, ne lui proposant que des profils en accord avec ses choix initiaux, réduisant ainsi la diversité des rencontres et renforçant certaines formes d’exclusion.

Autre controverse, la fameuse note de désirabilité, même si son utilisation a été démentie par Tinder et compagnie. Ce score reposerait sur l’attractivité perçue d’un profil, lui-même déterminé par ses interactions avec les autres utilisateurs. En somme, plus un profil reçoit de likes de la part de célibataires bien notés, plus sa propre note augmente, améliorant ainsi sa notoriété dans l’application. Ce système crée un effet boule de neige où les profils les plus populaires sont davantage mis en avant, tandis que les autres peinent à émerger. C’est nous ou le jeu paraît un peu biaisé ?

__

Mieux vaut être seul que mal accompagné ?

Ces applications nous vendent l’illusion d’une rencontre sur mesure, mais leur véritable mission est surtout de prolonger notre temps d’écran et idéalement, de nous faire succomber à l’abonnement premium. Certes, elles facilitent d’une certaine manière les mises en relation, mais soyons honnêtes, elles ne garantissent en rien une véritable compatibilité que ce soit pour une nuit ou pour la vie. Au bout du compte, peu importe la précision du matching ce qui compte c’est toujours l’alchimie d’un premier rendez-vous. Et jusqu’à preuve du contraire, aucun algorithme n’a encore trouvé la formule magique… Joyeuse Saint-Valentin à tous !

__