Alors que l’intelligence artificielle est en train de révolutionner les usages numériques et qu’OPEN AI vient de lancer son « GPT search » – moteur de recherche ChatGPT -, la formation aux nouvelles technologies et, plus particulièrement aux différents usages de l’IA est devenue essentielle.
En cette période de crise, la Nouvelle-Calédonie et, d’une manière plus globale, les territoires insulaires du Pacifique doivent prendre le virage de l’IA et de ses multiples cas d’usages. Un besoin de formation locale, adaptée aux enjeux et aux contextes insulaires, à laquelle le projet « OCEAN’IA », porté par Thomas Avron, apporte une réponse.
Rencontre avec un « enseignantrepreneur » autodidacte inspirant et motivé !
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Bonjour Thomas, peux-tu te présenter à nos lecteurs et nous résumer ton parcours et tes activités actuelles ?
Salut NeoTech et la communauté ! Je suis cogérant de APID, une SARL dans l’informatique, la gestion de la donnée et les systèmes OPEN SOURCE (notion présentée par Microsoft… c’est ironique !). Physicien de formation, j’ai basculé dans le numérique parce que la donnée est pour moi une composante fondamentale de notre monde. La brique de base de la réalité sensible et (in)explicable selon certaines théories, un concept qui pourrait aider à définir temps, espace, matière et énergie. Mais ne nous égarons pas dans un océan binaire (ou bizarre) et revenons au concret…
En Nouvelle-Calédonie depuis le siècle dernier, j’ai grandi sur ce Territoire qui m’a apporté énormément et pour lequel je veux m’investir. D’où la participation aux activités du cluster OPEN NC, à des collectifs pour la jeunesse tel l’UPJC et le sens que je donne à mes activités professionnelles, d’agir pour le développement durable du territoire, son rayonnement et la préservation de ses richesses culturelles et environnementales.
Actuellement je développe des solutions applicatives d’IA, gère des projets data et numérique, je suis co-président de la commission IA du cluster OPEN et porte le projet de formation et de coopération régionale OCEAN’IA. Avant d’aller plus avant sur OCEAN’IA, une petite aparté sur la formation et mon parcours : il ne fut pas linéaire et j’ai chuté de nombreuses fois. J’avais commencé un cursus d’ingénieur qui s’est interrompu dans la douleur et des difficultés de santé. L’échec ça me connait ! Mais avec beaucoup d’aide et des proches en or, je me suis relevé à chaque fois ! Pour un entrepreneur c’est important. Et comme mon premier métier fut d’enseigner, je peux me caractériser d’ »enseignantrepreneur« .
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Tu travailles donc actuellement sur le projet « OCEAN’IA » que tu as notamment présenté aux publics de l’événement « So Tech, So Good » organisé par la French Tech NC : en quoi consiste-t-il et à qui s’adresse-t-il ?
OCEAN’IA c’est la concrétisation de ce métissage entre la formation et l’action. C’est un programme de formation et d’accompagnement à l’Intelligence Artificielle qui concerne 4 territoires du Pacifique : La Nouvelle-Calédonie bien sûr, mais aussi le Vanuatu, la Polynésie Française et Wallis et Futuna.
Nous visons à faire monter en compétences 60 apprenants présents dans ces territoires : lycéens, étudiants et personnes en reconversion professionnelle dans l’IA. Le projet a été lauréat du Fonds Pacifique et permettra à ces apprenants de se sensibiliser aux concepts mathématiques et informatiques qui fondent le champ de l’intelligence artificielle, leur donner les bases du développement en Python et surtout les outils et méthodes pour continuer à se former par eux-mêmes.
Cette formation dure 5 mois, elle ne demande pas de connaissances préalables, juste de la motivation et de l’engagement. C’est une formation gratuite avec des accompagnateurs sur chaque territoire qui encadreront les apprenants dans leur parcours. Celui-ci consiste à s’appuyer sur des données réelles qui nous seront fournies par des partenaires, tels que Data Terra et la CPS, pour déployer une preuve de concept en Intelligence Artificielle sur une problématique propre au territoire. Les IA du Pacifique !
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En quoi ce projet de coopération régionale et de formation à l’IA est-il novateur et quels sont les résultats escomptés ?
Le projet initial s’inspire du programme Kesk’IA porté par Evolukid même s’il a évolué à la mode Océanienne. La saison 1 qui se fera sur 2024 – 2025 a pour thématique l’environnement. Le vœu de l’équipe porteuse du projet, c’est de faire de nos 60 apprenants sélectionnés sur leur motivation une vraie source d’inspiration pour leurs pairs et pour le public. De montrer qu’avec les outils à disposition et les sources de savoir qu’une simple recherche sur le net sépare de nous, avec l’accompagnement adéquat, nous pouvons tous arriver à monter en compétences sur un domaine aussi pointu que l’IA.
OCEAN’IA c’est le cri d’espoir qui raconte que, même dans un environnement aussi distant qu’une île du Pacifique, quand on essaye vraiment et qu’on nous pousse sur la bonne voie, alors on brille, on avance, on développe… C’est la création numérique que l’on veut mettre à portée.
OCEAN’IA enfin, c’est des projets de RSE des entreprises qui peuvent participer à cette véritable aventure humaine, ce voyage numérique ou les distances géographiques s’abolissent, et où se rencontrent des talents. Le Pacifique couvre le tiers de la planète. Avec des enjeux économiques, écologiques et sociaux complexes. OCEAN’IA se veut être la preuve qu’une réponse régionale à ces défis fait sens. Et qu’ensemble, connectés, nous naviguons sur un océan de possibles.
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