Cette semaine, nous sommes allés à la rencontre de Jean Massenet, le nouveau coordinateur de Data Terra pour l’Océanie. Son parcours professionnel, orienté dans le domaine géospatiale, l’a amené à prendre les rênes de la nouvelle branche de cette infrastructure de recherche française. Entre la création de synergies, la valorisation des données dans ce secteur et l’animation de la communauté géospatiale locale et régionale, Jean revient avec nous sur les enjeux et les objectifs de Data Terra pour l’Océanie.

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Bonjour Jean, et bienvenue sur NeoTech, pour commencer notre échange, pourrais-tu te présenter à nos lecteurs en revenant sur ton parcours professionnel ?

Bonjour NeoTech et merci pour l’invitation ! Je suis Jean Massenet, j’ai pris au mois de septembre mes fonctions en tant que coordinateur de Data Terra pour l’Océanie. 

Mon parcours est assez atypique. Après avoir quitté l’école après le bac, j’ai passé cinq ans dans l’armée, au sein des transmissions satellites. Ensuite, je suis revenu en Nouvelle-Calédonie, pour m’impliquer dans le développement d’activités liées à l’observation de la Terre au sein du groupe CIPAC, principalement en ce qui concerne l’imagerie satellite, mais aussi les SIG (Systèmes d’Information Géographique) et l’accompagnement des collectivités locales pour le transfert de compétences. Dans toute cette dynamique, un gros pan de mes activités portait sur la structuration et l’animation de la communauté géospatiale locale et régionale. En 2022, nous avons d’ailleurs organisé le plus grand événement géospatial jamais tenu dans une île du Pacifique. Data Terra a vu l’opportunité de déployer une réelle stratégie et une dynamique régionale à long terme dans le domaine ; c’est ainsi qu’ils m’ont proposé d’intégrer leur infrastructure de recherche en Océanie.

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Data Terra est une infrastructure de recherche française. Pourrais-tu nous expliquer son rôle et ses objectifs ?

Data Terra

Data Terra est une infrastructure de recherche française dont l’objectif principal est de coordonner les actions de ses 34 partenaires, dont des instituts comme l’IRD, le CNES, le CIRAD, l’IGN, l’Ifremer, le CNRS… En somme, presque toute la recherche française en matière de données géographiques et d’observation de la Terre y est impliquée.

Quand on parle de données géospatialisées, cela ne s’arrête pas aux images satellites, mais concerne bien n’importe quelle donnée géographique, qui a des coordonnées associées. Par exemple, un capteur météorologique produit des données géospatialisées, avec une position qui est associée à chaque capteur et donc à chaque donnée acquise.

Data Terra s’assure que ces données, collectées à partir de diverses sources, soient accessibles et réutilisables sur la durée. En d’autres termes, Data Terra œuvre pour la centralisation des informations tout en facilitant la collaboration entre les différentes initiatives, souvent complémentaires. L’objectif n’est pas de faire le travail à la place des sachants, mais bien de soutenir tous ces travaux organisés et guidés par les instituts de recherche tout en renforçant le lien avec les différents territoires.

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Quels sont les principaux objectifs de Data Terra pour l’Océanie et quel et ton rôle en tant que coordinateur ?

J’ai une double mission. D’abord, je suis chargé de soutenir le développement durable des territoires d’outre-mer par le biais du géospatial, notamment grâce au savoir-faire et à l’expertise de la recherche française dans le domaine. Mon rôle est de faire en sorte que ces compétences répondent au mieux aux besoins locaux. Ensuite, à un niveau plus large, ma mission est de structurer une dynamique régionale en géospatial, pour l’ensemble des îles du Pacifique. L’objectif est de renforcer la collaboration régionale, car nos territoires, tout comme nos voisins du Pacifique, ne disposent pas toujours des ressources nécessaires pour un développement durable à long terme. En collaborant, nous pouvons renforcer nos capacités mutuelles.

Data Terra n’avait pas de représentation officielle en Océanie avant ma nomination. Toutefois, certaines actions étaient déjà menées via des partenaires comme l’IRD, Météo-France ou le CIRAD. La décision d’implanter une présence officielle reflète la volonté de la France de renforcer son soutien à la région en matière de recherche. Mon rôle est donc de structurer cette dynamique et de favoriser les collaborations.

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Concrètement, en quoi consiste ton travail au quotidien ?

Mon travail est varié, mais il s’articule principalement autour de la coordination et de l’animation des communautés. Je rencontre des porteurs de projets, qu’ils soient issus de la recherche, des institutions, du secteur privé ou de la société civile, pour comprendre leurs besoins et voir comment Data Terra peut les aider. En parallèle, j’aide à l’organisation dévénements pour fédérer les acteurs locaux et régionaux autour des questions géospatiales. Par exemple, je travaille actuellement avec les acteurs de la Polynésie française pour la création d’une dynamique similaire propre au Territoire, avec un premier colloque géospatial qui se tiendra à Tahiti dans deux semaines.

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Quelle est, selon toi, l’évolution du rôle de la technologie dans la recherche scientifique, en particulier dans le domaine des données géographiques ?

La technologie évolue constamment et joue un rôle central dans la recherche scientifique. Dans le domaine des données géospatiales, nous voyons déjà l’impact de l’intelligence artificielle, qui permet de traiter d’énormes volumes de données rapidement et efficacement. L’innovation est indispensable pour améliorer l’efficience des outils développés par ou à disposition des chercheurs, mais aussi des gestionnaires de territoire qui en bénéficient directement.

Data Terra
© Data Terra

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Avant de terminer notre échange, notre petit doigt nous a dit que tu seras présent lors de l’évènement « So Tech, So good » les 16 et 17 octobre prochain. Peux-tu nous en dire plus sur ce que tu vas y présenter ? 

Oui, je vais effectivement participer à « So Tech So Good », où je vais présenter Data Terra et son rôle en Océanie. Mon objectif principal sera de faire connaître l’infrastructure, de montrer que nous sommes désormais présents dans la région et que nous sommes là pour soutenir le développement durable des Territoires via la donnée géographique. Je participerai d’ailleurs à la table ronde « Valoriser les datas au service du territoire », mercredi 16 octobre. Cet événement est aussi une opportunité de renforcer les liens avec l’écosystème local de l’innovation, que je connais bien pour y avoir évolué pendant plusieurs années. Il est important que Data Terra Océanie soit identifiée afin de répondre aux besoins des acteurs locaux et assurer un lien pérenne.

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