Alors que cette période devrait être le top départ de la neuvième édition de l’Ocean Hackathon, le campus mondial de la mer à Brest a choisi de faire une année de césure pour proposer des améliorations à l’évènement international. Ainsi, en ce moment, à travers le monde, des groupes de travaux se déroulent pour brainstormer et organiser une édition mémorable pour 2025. Alors, pour ne pas vous laisser en reste, profitons de cette pause pour faire un point d’étape de quelques projets qui ont été développés sur le territoire grâce à cet évènement novateur international.
__
2021, une première fois forte en émotions
Avant tout, il convient de remercier les soutiens indéfectibles qui ont rendu possible l’organisation de cet évènement pendant trois ans. Un projet co-organisé par le Cluster Maritime Nouvelle-Calédonie, OPEN NC, La French Tech Nouvelle-Calédonie et NeoTech, soutenus par Christopher GYGES, membre du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et de nombreux partenaires parmi lesquels l’OPT Nouvelle-Calédonie, la Province Sud, la Province Nord, la Ville de Nouméa, OoTECH et tous ceux qui ont contribué, de près ou de loin, à ces trois éditions successives.
En 2021, la Nouvelle-Calédonie découvre le principe de l’Ocean Hackathon : un marathon de “hack” qui repose sur l’utilisation de données, fournies par des acteurs locaux, nationaux et internationaux. L’idée ? Proposer une solution numérique à des problématiques en lien avec la mer. Malgré les défis posés par la pandémie de Covid-19, dix défis ont été sélectionnés pour cette première édition.
Parmi eux, Victor Tirebaque s’est attaqué à la détection automatique des requins à partir de données vidéo aéroportées obtenues par des drones ou des avions. Les années suivantes, ce sujet a été repris par Cyril Barbe en 2022 et Hideki Naoi-Bracq en 2023, explorant différentes approches. En Nouvelle-Calédonie, comme dans de nombreuses destinations tropicales, la coexistence entre les hommes et les requins est une relation complexe, où amitié et danger se côtoient. Ces projets avaient alors suscité l’intérêt de la Ville de Nouméa pour diverses raisons que nous imaginons parfaitement. To be continued…
Manuel Ducrocq, chef du service du parc naturel de la mer de Corail et de la pêche, a également profité de l’occasion de l’« Ocean Hackathon » pour établir les fondations du développement d’algorithmes visant à détecter automatiquement les trajectoires d’échouement sur les récifs. Étant donné que les méthodes de surveillance traditionnelles sont difficiles à exploiter et/ou à reproduire sur une zone aussi vaste que notre ZEE, son équipe a utilisé les données AIS comme pilier central de leur dispositif. Aujourd’hui, cette application est disponible et opérationnelle, intégrée comme une fonctionnalité au sein d’une application plus large dédiée à la surveillance du trafic maritime dans le PNMC : la S2P.
« Ce système offre la possibilité d’avoir une idée assez précise de la fréquentation déclarée. Cet outil sera couplé au dispositif actuel de surveillance de la flotte de pêche calédonienne. Il sera par la suite également couplé aux différentes composantes du plan de surveillance pour devenir le S2P (système de surveillance du parc) »
Manuel Ducroq
__
2022, une seconde édition pleine de rebonds
Commençons par parler de la lauréate de cette édition : Raphaëlle Danis avec « Clean Up Wrecks ! » À l’occasion de l’Ocean Hackathon, Raphaëlle et son équipe avaient créé une cartographie interactive des épaves pleines d’hydrocarbures pour proposer un outil d’aide à la décision pour les pouvoirs publics internationaux. Un projet en accord total avec son initiative « THANKS FOR HER », lancée deux ans auparavant. Depuis, Raphaëlle n’a pas chômé !
Participation au concours « Ocean Pitch Challenge 2023 », échanges fructueux suite au PECC avec Olivier Poivre d’Arvor et son conseiller Ashok Adicéam, emballés par THANKS FOR HER (à surveiller de près), une prochaine présentation à la maison de l’Océan, auprès de groupes de travail qui préparent la Conférence des Nations Unis sur l’Océan 2025, interview « She Leads »… Le tout pour trouver des « solutions face à la pollution aux hydrocarbures des épaves sous-marines, qui constituent de véritables bombes à retardement écologiques. »
Un peu plus loin dans le Pacifique, le docteur Tingneyuc Sekac et sa team – venus tout droit de Papouasie Nouvelle-Guinée – avait fait le voyage pour participer à l’Ocean Hackathon et remporter le prix régional par la même occasion. Cartographie interactive toujours, la leur permettait l’identification des zones de blanchissement des coraux en utilisant des données satellitaires. Le point fort de ce projet est qu’il est reproductible sur les zones du monde entiers. Affaire à suivre…
« Nous avons sollicité le soutien de nos autorités locales pour notre projet, mais n’avons pas encore reçu de réponse. Malgré cela, nous avons l’intention de poursuivre notre démarche. L’Ocean Hackathon nous a initialement aidés à développer et concrétiser nos idées. Maintenant que le concept a été élaboré, nous sommes prêts à avancer, mais un soutien supplémentaire de nos autorités est nécessaire pour progresser. »
Tingneyuc Sekac, un doc en recherche
__
2023, jamais deux sans trois !
De nombreux projets de l’édition 2023 se sont concrétisés. La grande gagnante de l’année dernière, Aline Schaffar, avec la team “Sea You Later”, a officiellement mis en ligne la modélisation 3D des impacts du changement climatique sur l’îlot Amédée basée sur différents scénarios de projection du GIEC. Prochaines étapes ? Des présentations du POC auprès de différents experts afin de finaliser une version fluide de l’application et une possible présentation du projet au premier Forum calédonien du changement climatique. On croise les doigts !
“On a tous entendu parler du changement climatique mais c’est très difficile de se projeter ! L’idée de “Sea you later”, c’était d’illustrer ce phénomène pour se projeter dans quelque chose de réaliste et faire comprendre aux gens que ces phénomènes liés aux changements climatiques sont réels.”
Aline Schaffar
Ensuite, l’équipe “Les RDV du lagon”, guidée par Marie Terrien et qui a décroché la troisième place lors de l’édition 2023, a également lancé son projet en ligne. Désormais, les internautes peuvent voir tous les évènements locaux liés au milieu marin sur une seule et même plateforme : NeOcean.nc, pratique pour organiser ses week-ends. Mais ce n’est pas tout, tout professionnel peut inscrire son événement sur la plateforme en remplissant un formulaire en ligne.
“L’objectif est double : réunir au même endroit les informations concernant les évènements maritimes et simplifier les démarches pour les organisateurs d’évènements en proposant un formulaire qui traduit automatiquement les informations données. Le tout sur cartographie en ligne au design simple et épuré.”
Marie Terrien
Enfin, le projet “Ocean Spot”, de Céline Leguillette et son équipe, n’attend qu’une chose pour voir le jour : un coup de pouce financier. « Ocean Spot » vise à être bien plus qu’une simple application mobile répertoriant les sites PMT. Elle aspire à devenir une source d’information pour les plongeurs, les experts en biologie marine, les institutions et les acteurs du tourisme. Les données collectées par les utilisateurs pourront être utilisées pour la recherche, la préservation marine et le développement du tourisme.
__
L’Ocean Hackathon, un évènement inédit pour relever le défi de l’innovation.
L’« OH » est donc un évènement passionnant et novateur qui rassemble des esprits créatifs pour relever les défis liés à l’océan. Pendant cet hackathon, les participants, (chercheurs, développeurs, ingénieurs, designers ou étudiants) mettent en commun leurs compétences pour développer des plateformes et des applications qui peuvent avoir un impact positif sur l’environnement marin.
L’objectif est de favoriser la créativité et l’innovation en proposant des solutions concrètes et applicables dans le domaine de la mer. L’Ocean Hackathon représente ainsi une opportunité exceptionnelle de contribuer à la préservation de notre écosystème marin tout en encourageant la collaboration et l’émergence de nouvelles idées pour un avenir plus durable. Rendez-vous l’année prochaine ?
__