EN PARTENARIAT AVEC LAGOON
Nouvelle-Calédonie, Terre d’innovations – Épisode #1
Les Calédoniens et, plus globalement les peuples du Pacifique, ont la réputation, justifiée, d’être des « pionniers » ; voyageurs, conquérants, explorateurs mais aussi agriculteurs, pêcheurs, cultivateurs et chercheurs d’eau douce à travers les âges, les populations iliennes ont toujours été des précurseurs, forcés de s’adapter continuellement à un mode de vie complexe et évolutif. Aujourd’hui, « l’océan numérique » a remplacé les explorations en pirogues et les Calédoniens doivent désormais endosser un nouveau rôle de pionniers « d’innovateurs technologiques ».
La série « Nouvelle-Calédonie, terre d’innovations » se penche aujourd’hui sur une innovation qui concerne directement nos assiettes ! En effet, la recherche biologique et l’agriculture calédonienne ont décidé de faire la paire ! Grâce aux travaux de Thomas Crossay (Aura Pacifica) au sein des laboratoires de l’UNC, les producteurs agricoles du territoire ont trouvé un moyen innovant et durable d’augmenter leurs rendements sans recourir aux produits chimiques habituels. Bienvenue dans le monde merveilleux de la mycorhize !
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Un partenariat “gagnant-gagnant”
C’est une alliance qui remonte à la nuit des temps et concerne la quasi-totalité des espèces végétales, arbres et cultures confondues. Près de 95% des plantes existantes sur la planète bénéficient d’une association avec des champignons du sol pour former ce que l’on appelle la mycorhize. Cette innovation biologique “gagnant-gagnant” permet notamment à la plante de compenser son absence de mobilité par une symbiose entre ses racines et le mycélium du champignon, c’est-à-dire les longs filaments souterrains de ce dernier.
Grâce à cette symbiose, nos cultures de fruits et légumes peuvent prolonger le rayon de prospection de leurs racines et donc puiser les éléments nutritifs nécessaires à leur développement dans un plus grand volume de sol environnant. Les mycorhizes participent ainsi à la fertilité biologique des sols et offrent une alternative durable à l’utilisation d’engrais chimiques. Des agriculteurs comme Mickael Sansoni (Dumbéa) ont donc eu la bonne idée de s’associer au monde de la recherche scientifique afin de réintroduire des champignons mycorhiziens sur leur exploitation. En effet, s’il est rare de trouver des sols complètement dépourvus de mycorhizes, une exploitation agricole trop intensive ou la présence de métaux lourds – comme c’est le cas en Nouvelle-Calédonie – ont tendance à leur être défavorables.
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Une opportunité à saisir pour nos agriculteurs
Concrètement, les cultures des exploitations agricoles fournissent au champignon mycorhizien des sucres issus de la photosynthèse tandis que le mycélium du champignon leur apporte des éléments nutritifs divers comme l’azote ou le phosphore et de l’eau. En plus de leurs échanges, la mycorhize offre à la plante un véritable rempart contre les polluants du sol. Le champignon agit en quelque sorte comme un fusible : lorsqu’il rencontre un polluant, il filtre les éléments nuisibles en sauvegardant les racines de la plante. La mycorhize coïncide donc avec une amélioration significative de la qualité alimentaire des produits qui finiront dans nos assiettes !
Aujourd’hui, des scientifiques comme Silvio Gianinazzi – directeur de recherche émérite du CNRS et spécialiste de ce sujet – estiment que la valorisation de la mycorhize permettrait de réduire d’un tiers à un quart l’utilisation des engrais chimiques dans nos cultures. Dans l’optique du développement durable de notre agriculture, la mycorhize incarne donc une voie d’avenir très prometteuse qui appelle nécessairement une remise en question de nos schémas traditionnels de fonctionnement et de production. Si l’on ajoute à cela la transformation numérique entamée par le secteur, nul doute que l’agriculture continuera de faire les beaux jours du Caillou et la fierté des Calédoniens !
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