Alors que la pluie gagnait Nouméa, quelques rayons de soleil émanaient hier de la grande salle de réunion du MEDEF NC ; ces fragments de lumière provenaient d’une quarantaine de jeunes entrepreneurs en herbe intégrés dans le parcours STMG du Lycée Jules Garnier.
L’occasion pour eux de « pitcher » leur projet d’entreprise dans le cadre d’une expérimentation pilote, un peu « pirate », organisée par de vaillantes professeures depuis l’année dernière. Plongée dans le lancement du « Parcours entrepreneurs – Mentorat entrepreneurial à l’école », une innovation pédagogique inspirante.
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De la théorie à la pratique de l’entrepreneuriat
Quelques mots imprimés sur un dossier de presse tout d’abord : « Sous l’égide du Vice-rectorat de la Nouvelle-Calédonie, soutenu par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, en partenariat avec le MEDEF NC, la CCI NC, l’Association des Entrepreneurs Kanak, l’ADIE, la Station N, PEPITE NC, l’Association métropolitaine « Entreprendre pour Apprendre » et une trentaine d’entreprises mentors est officiellement lancé le projet pilote du Lycée Jules Garnier « Parcours entrepreneurs – Mentorat entrepreneurial à l’école ». Et puis, un joyeux éclat de voix, celui de Julie Micheli, aux encouragements des jeunes « pitcheurs » et à l’organisation de cet événement de présentation. Nouveau rayon de soleil matinal…
« La CCI NC soutient avec conviction l’esprit d’entreprendre, y compris et surtout auprès de la jeunesse qui incarne l’avenir du monde économique. (…) Je souhaite à cette jeunesse calédonienne de faire la découverte de ce que signifie entreprendre : développer son autonomie, sa confiance en soi, et avoir la fierté du dépassement de soi pour atteindre ses objectifs et connaître le succès » –
David Guyenne, Président d’une CCI enthousiaste.


Ce nouveau programme à destination des élèves de 2nd, 1ère et Terminales STMG a pour objectif d’accompagner les lycéens à la création de leur « mini-entreprise » fictive, de l’idée au business plan. Une manière efficace de « lier la théorie des cours à la pratique concrète et d’acquérir des compétences au cœur même de l’entreprise » commenta Emmanuel Erard, DAFPIC au Vice-rectorat, dans son discours introductif. Cédric Faivre, DG du MEDEF et hôte de cette réunion solaire avait, pour sa part, rappelé en amont « l’importance pour les entreprises d’accompagner les élèves dans leur parcours vers le monde professionnel ». Éclaircie scolaire en pleine période d’errance économique pour le secteur de la formation.
« Ce projet incarne pleinement notre volonté de créer des passerelles concrètes entre le monde de l’éducation et celui de l’entreprise ; il s’agit pour nous d’un investissement précieux dans l’avenir car il permet aux jeunes Calédoniens de développer leur esprit d’initiative, leur leadership et leur confiance en eux tout en se familiarisant avec la réalité économique de leur territoire » –
Mimsy Daly, Présidente d’un MEDEF solidaire
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Objectifs et méthodologie : ceb, ceb !
Au menu de ce dispositif qui vient parfaitement compléter les programmes « PEPITES NC » de l’Université de la Nouvelle-Calédonie et « Tremplin » de la French Tech NC, un parcours de création d’entreprise dispensé pendant trois années et encadré par une méthodologie pédagogique qui a fait ses preuves dans l’Hexagone.
Première étape, les multiples interventions d’entrepreneurs et experts thématiques en classe pour familiariser les élèves et confirmer que « l’entrepreneuriat est accessible à tous les jeunes Calédoniens ». Ils pourront ensuite compter sur leurs vaillantes professeures, Julie Micheli, Josiane Decerf et Sylvie Kamadrane-Saihuliwa, pour prendre en charge le suivi et l’intégration des savoirs acquis dans leurs projets ; un excellent moyen de sensibiliser ces lycéens aux enjeux et besoins économiques du territoire ET d’apprendre à pondre un « Business Plan », le fameux « BP » pour les intimes.
« Nous sommes très heureuses de porter ce projet car nous voyons nos élèves prendre progressivement confiance en eux au fil des semaines et des mois et développer de véritables compétences professionnelles, rares pour cette classe d’âge » –
Julie, Josiane et Sylvie, professeures ès entrepreneuriat.


C’est ici qu’interviendront également les mentors dans le cadre d’ateliers pratiques réguliers qui permettront aux jeunes entrepreneurs d’optimiser leurs projets qui seront enfin présentés à un jury composé de professionnels, d’experts et d’enseignants avec récompenses à la clé et grande « finale » au concours national de l’Association « Entreprendre pour apprendre » en juin 2026. De quoi développer un sacré leadership et booster la confiance de ces jeunes qui, bien accompagnés et parés de leur motivation, pourront terminer leur formation par un stage en entreprise.
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« Le système à la tête sous l’eau et les jeunes sont saoulés »…
Et si la météo nouméenne s’acharnait à prédire de la grisaille, dans la salle, un défilé de comètes débuta le « pilou » des présentations. Lyana, Sophie, Léanne, Damian, Yaëlle, Marie-Hélène, Paulette, Délia, Sylfridd, Rosper, Lysseka et toute une floppée de petites étoiles prirent timidement la parole pour présenter leur projet ; du Gîte de l’enfant Kanak, à la création d’une épicerie de lycée, en passant par des Tuktuk à la sauce Calédo ou encore l’installation de lampadaires solaires, vinrent bientôt rejoindre le « Business Bus », les « Bulles naturelles », le QR Scan et encore bien d’autres idées de « biz » dont la pertinence n’avait d’égale que la motivation des néo-entrepreneurs.





Le préambule de toutes ces bonnes idées ? La réponse à un besoin bien identifié au préalable et souvent issu des problématiques concrètes auxquelles ces jeunes sont confrontés. Soyons-en certains, investir aujourd’hui dans la formation à l’entrepreneuriat dès le plus jeune âge permettra sans doute de remplir plusieurs objectifs : étoffer leur CV tout d’abord, mais également leur donner accès à des opportunités « pro », leur permettre de se confronter au monde de l’entreprise, leurs futurs employeurs, et d’apprendre en pratique ce que mille théories n’apporteraient pas.
L’initiative permettra également à l’Éducation Nationale de former des futurs talents qui préfèreront bientôt prendre leur avenir en main plutôt que de quitter le « système ». Et si, comme le rappait NTM dans un tube de jadis toujours aussi actuel, « le système à la tête sous l’eau et les jeunes sont saoulés… », il faut bien des Julie, des Josiane et des Sylvie pour « désaouler » notre jeunesse et lui offrir un avenir où, à leur tour, ils deviendront seuls maîtres à bord.
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RDV dans… trois ans !
Lorsqu’on sait que, chaque année, en Nouvelle-Calédonie, environ 800 jeunes calédoniens « disparaissent » de ce fameux système sans laisser de traces et ce, dès l’âge de treize ans, on peut considérer cette action pédagogique comme un prodigieux motif d’espoir pour le territoire.
Pour conclure, espérons que d’autres lycées s’inspireront de ce dispositif pour créer des « constellations » d’entrepreneurs et souhaitons d’ores et déjà donc bon vent aux 64 élèves embarqués dans cette aventure « socio-pédagogique » : rendez-vous dans dix ans sur la place des Grands Hommes ou… des Cocos, c’est selon !
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