300, c’est le nombre de places vendues à l’occasion du 3ème TEDx Nouméa Salon qui s’est déroulé vendredi 25 août dans une salle (presque) comble du MK2 Dumbéa. Au menu de ce troisième opus, un sujet d’intérêt général et d’avenir qui effraie autant qu’il intrigue : l’intelligence artificielle. A la manœuvre, Charlotte Ullmann-Bizien et Guénolé Bouvet recevaient cinq intervenants pour papoter IA avec un public captivé par ces technologies tout droit sorties d’un film de SF. Mode « I-Robot » activé pour la Nouvelle-Calédonie… 

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IA dit quoi ?

« En 2030, on estime que le marché mondial de l’intelligence artificielle avoisinera les 2000 milliards de dollars ! »… Après une introduction éclair des deux co-organisateurs et une petite vidéo TED de Maurice Conti, Guillaume Terrien, le fondateur et rédacteur en chef de NeoTech avait pour objectif de contextualiser les tendances économiques et financières liées aux technologies d’intelligence artificielle. Après une « petite histoire de l’IA », le journaliste s’est ainsi escrimé à communiquer les milliards d’investissements des pays et des entreprises, les centaines de millions de futurs employés, ou encore un TOP5 des entreprises « IA » avant de conclure : 

« L’intelligence artificielle est une révolution mondiale en cours de chargement ; l’Europe, la France et, plus spécifiquement la Nouvelle-Calédonie doivent prendre le train en marche ! ». 

Guillaume Terrien, journabot calédonien

Peu de place au doute, la réponse à la question « L’intelligence artificielle, évolution ou révolution ? » venait de tomber comme un couperet après seulement quelques minutes ; et, dernièrement, qui dit « IA » dit « ChatGPT » ! Pour aborder le sujet de la « Generative AI », qui de mieux que Mehdi Mahroug, formateur émérite en agent conversationnel GPT, travesti pour l’occasion en community manager incompétent ? Après avoir fait valoir un cas d’usage professionnel de ChatGPT, ce fut au tour de Sylver Schorgen, co-gérant du groupe SF2i d’intervenir pour partager ses usages « perso » du chatbot 4.0 : vacances, cuisine et littérature au menu d’un homme pour qui chaque minute de gagnée est une minute passée auprès de sa petite famille. 

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IA fait quoi ?

Les deux hommes furent ensuite assaillis par les questions d’un public qui associa numériquement l’IA aux termes « futur », « avenir », « opportunités », tout autant qu’à « effrayant », « peur » ou « danger » dans un nuage de mots qui flairait bon le champ lexical du roman d’anticipation. On l’a rapidement compris, l’intelligence artificielle est un concept qui divise autant qu’il nourrit les fantasmes et autres paranoïas technophobes. D’ailleurs, grâce à leur smartphone, les spectateurs purent également partager que « l’IA pourrait leur être utile au quotidien (78%) », qu’ils sont « mitigés quant aux usages de l’IA faits par les humains (58%) » mais « qu’ils utilisent régulièrement une IA de langage (49%) ». Pas d’IA, pas de chocolat… 

… ajoutera-t-on pour parodier la blague du dernier intervenant, Jean-Simon Chaudier, le fondateur d’Analytics.nc, qui présenta au public un POC sur les départs d’incendies repérés en Nouvelle-Calédonie grâce à des caméras dopées à l’IA. Entre temps, la vidéo d’une chercheuse américaine rappelait que ChatGPT, même dans sa dernière version, manquait encore cruellement d’intelligence humaine et, Hugues Danis, consultant en transformation numérique, s’était attardé sur l’appréhension des modèles « LLM » – Large Language Model – dans la gestion d’une entreprise. Donner sa langue à ChatGPT, c’est aussi balancer des datas dans un prototype d’agent conversationnel à la confidentialité douteuse. Et quand Elon Musk le dit lui-même… 

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IA fait tout, IA dit tout !

La soirée se termina sur une note écologique ou les deux animateurs firent un bref calcul du coût écologique de l’intelligence artificielle. Le mettre en relief avec les émissions de CO2 par néo-calédonien aurait pu être pertinent… Quoi qu’il en soit, ce TEDx Nouméa Salon eut le délicat privilège de vulgariser un sujet ô combien technique afin d’inviter un public curieux à la réflexion sur des technologies déifiées par les gourous de la Silicon Valley, autant que par le Parti Communiste chinois. 

Et Guillaume Terrien de conclure :

« Les NBICs – Nanotechnologies, Biotechnologies, Informatique et Sciences Cognitives – sont en train de révolutionner les notions même d’intelligence et d’humanité ! ».

Guillaume Terrien, bienvenus dans le turfu !

Le MK2 pouvait éteindre ses lumières, « I Robot » venait de passer de l’écran à notre quotidien… 

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