« Quand je suis de mauvaise humeur, je dis souvent que la Nouvelle-Calédonie est le plus bel aquarium du monde mais que ça reste un aquarium… » ; si l’on s’en tient à cette métaphore, Cédric serait ce poisson maugréant contre les limites géo-spatiales du Caillou. Pourtant, ce baroudeur professionnel nage en réalité dans le bonheur et ce, depuis plus de 20 ans. Découverte d’un entrepreneur piquant, niché au cœur du cocon calédonien.
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Cédric en 1999 : le pari d’une vie calédonienne
Calédonien de cœur et par choix, Cédric a quitté la métropole en 1999, presque sur un coup de tête, avec sa copine londonienne. Ecumant sa vingtaine sur le lagon calédonien et travaillant comme Directeur Commercial du groupe Hersant Media, il organisa, entre autres, les concerts locaux de Jean-Louis Aubert ou Toto. Tout en élevant ses deux enfants, il se trouve un poste de consultant en « Management et Stratégie d’entreprise » avant de créer plusieurs sociétés sur le territoire. Est-on encore un « Zoreilles » lorsque l’on s’engage pour son territoire d’adoption à travers l’innovation « green » et que l’on porte la co-présidence de l’entité locale de la « FrenchTech » … ?
Peu importe le qualificatif, il est une évidence que l’on ne peut nier : Cédric Faivre, s’il n’est pas un pur enfant de la Calédonie, n’en reste pas moins un adulte engagé qui a vécu une bonne partie de sa vie aux côtés des dugongs. Après un bref retour en métropole sur les bancs d’un Master à HEC à l’aube de la trentaine, Cédric fête la naissance de ses enfants à Paris. Pourtant, un doute, ou plutôt un manque, subsiste : celui d’une vie pleine d’opportunités professionnelles, de luminosité et de voiles gonflées. Alors, un soir, lorsqu’il qu’il revient de l’un de ses nombreux déplacements pro dans les Antilles, il retente le pari : « back dans les bacs » à sable calédoniens.
Un second départ – peut-être pas le dernier… – qui prend encore la forme d’une opportunité professionnelle ; l’un de ses amis calédoniens lui propose de développer une société spécialisée dans le marketing direct à Nouméa. C’est ainsi que naît l’aventure « Contact & vous » et ses mises sous plis réalisées via une machine commandée en Scandinavie. Et qu’importe si son ami-associé se lance quelques temps après dans la bijouterie, lui continue son aventure entrepreneuriale et cède en parallèle aux sirènes du consulting en « Management & Stratégie d’entreprises ». Collaboration à la mise en place de la TGC, refonte managériale chez Aircalin ou encore création d’un schéma stratégique pour la Province Sud, celui qui avait débuté sa carrière dans la PQR se sent désormais comme un poisson dans l’eau turquoise du lagon.
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Cédric, le mous-tech !
Du poisson aux moustiques, il n’y a qu’un saut ! Cédric se sent parfois frustré de ne pas voir la concrétisation des projets menés pour ses clients et penche vers une nouvelle aventure entrepreneuriale au contact de Christophe Carbou, Directeur du Pôle Innovation de l’ADECAL. Nous sommes en 2013 et deux bricoleurs géniaux viennent en effet de trouver un remède « miracle » à la ponte des moustiques dans les gouttières calédoniennes. Captivé par cette innovation « née dans un garage », Cédric décide, quelques années plus tard, de rejoindre les deux associés d’AEDES System et d’apporter sa vision et son expertise « business » internationale à la startup. Malgré le manque de dispositifs financiers et fiscaux en place sur le territoire, l’aventure se poursuit en métropole, puis bientôt partout dans le monde.
Incubé à l’ADECAL qui la met rapidement en contact avec le GIE Aliapur, AEDES System décolle bientôt à l’international ; repéré par la Fondation Michelin, Cédric se retrouve alors embarqué dans un programme sur quatre ans visant à équiper des écoles et des hôpitaux, chantiers tests non loin des « headquarters » du bibendum en Thaïlande ; il en profite également pour faire pivoter un business model désormais scalable à l’échelle internationale. Certes, il s’arrache parfois un peu la nageoire dorsale en constatant que « l’innovation ne rentre pas dans les cases des commandes publiques » ou que la véritable appétence pour l’innovation des calédoniens rencontre encore de nombreux de freins business : fiscalité peu avantageuse, freins culturels, absence de levées de fonds… Mais, dans le fond, son hippocampe de bataille reste le même : faire de l’économie de la « Tech4Good » le cœur de son activité professionnelle et de son engagement sociétal.
Engagement qu’il prolonge en étant à la naissance de la labellisation d’une antenne FrenchTech calédonienneen mai 2020 accompagné d’une dizaine de créateurs de startups. Engagement qu’il optimise en prenant la place de co-président du consortium FTNC aux côtés d’un César Delisle hyperactif. Engagement qu’il perpétue en réfléchissant à la conception d’un nouveau business model national estampillé « Tech4Good » qui permettrait à la NC d’équilibrer, peu à peu, ses revenus financiers au détriment de la ressource industrielle et finissable du « nickel », clairement pas si « nickel » que ça…
Il en est convaincu : pour faire de l’élément chimique de numéro atomique 28 un souvenir heureux, c’est aujourd’hui qu’il faut se fédérer, penser et soutenir l’innovation, qu’elle soit numérique ou non et plutôt écolo de préférence. Cinquante membres, parmi lesquels trente-huit startups, les principales institutions calédoniennes et des dizaines de contributeurs se réunissent actuellement pour suivre une simple feuille de route : comment favoriser le développement de projets innovants en Nouvelle-Calédonie ? La « Tech4Good » a trouvé un nouveau maître de cérémonie sur le Caillou et Cédric n’y est pas étranger.
Cédric, nouveau Directeur Commercial du « Vivre Ensemble » ?
Que reste-t-il à raconter de ce parcours sinueux, faits de rencontres opportunes, gonflé de curiosité bien placée et paré d’une humanité presque dérobée… ? Laissons à Cédric – et non à César ! – les mots qui lui appartiennent pour conclure ce portrait : « j’espère sincèrement que l’évolution globale de la Calédonie sera positive car je crois qu’elle représente un territoire où le vivre ensemble n’est pas qu’une expression ». A en croire son parcours et son engagement, on ne saurait en douter !
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