On pourrait aisément reprendre l’accroche d’une de nos sources, un récent article des « Echos Entrepreneurs » et raconter que Fanny Prigent est confino-coincée en Inde à cause de la COVID. On pourrait également pérorer sur son actualité récente : désignée parmi les 10 femmes de la tech à suivre en 2022 selon le collectif Sista. Bref, on pourrait « raconter » Fanny sous bien des angles… mais celui qui saute aux yeux, c’est son engagement pour l’inclusion des personnes réfugiées et la mise en relief de la richesse des parcours. Portrait d’une jeune femme qui a fait de la diversité et du multiculturalisme une force pour les entreprises.

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De la Guyane à Kuala Lumpur !

33 ans, le regard franc et une raison d’être dédiée aux (nouveaux) arrivants, Fanny Prigent est avant tout une jeune femme qui a fait de son passé un leitmotiv entrepreneurial. Arrivée de Guyane en métropole à l’aube de ses études supérieures, elle quitte ainsi « une terre de migration » pleine des richesses culturelles pour rejoindre les bords de la Garonne à Science Po Bordeaux. Des tongs et vêtements tropicaux légers au combo « pull sur les épaules / polo rose / col relevé » bordelais, la « migration » a dû faire tout drôle ! 

Qu’importe, elle s’assiéra sur les bancs de la fameuse école de 2006 à 2011 avant de rejoindre le “business” et la vie “active” chez Accenture. Jusque-là, rien d’anormal pour une jeune femme masterisée en sortie d’études. Sur sa page LinkedIn, ce qui interpelle – au-delà du sourire communicatif de sa photo de profil ! -, c’est la mention « 2010 – 2011 : Accenture : Diversity Program ». La filiale française de la multinationale est pourtant plus connue pour embaucher des consultants IT payés rubis sur l’ongle que des jeunes diplômées intéressées par la diversité… 

Il n’en reste pas moins vrai que Fanny semble immédiatement avoir trouvé sa voie, et qu’après presque cinq années à évoluer en interne au gré des missions clients, elle décide de reprendre son chemin d’exploratrice ; billets d’avion en main pour Kuala Lumpur, elle rejoint l’association « Urban Refugees » en 2016 afin d’y développer un programme d’incubation à destination des réfugiés et autres citoyens du monde. Elle passera deux ans à donner corps et âme pour développer et lancer ce programme pilote avant… de co-fonder la startup, « eachOne », début 2018. Adieu la Malaisie, retour à Paris !

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« each One », valoriser la diversité et la mixité

Quatre années plus tard, elle est donc désignée comme « une des dix femmes de la tech à suivre en 2022 » par Sista, un collectif qui a pour ambition de réduire les inégalités de financement entre femmes et hommes entrepreneurs. Mais ce qu’on appuiera davantage, c’est la raison d’être de sa startup, définitivement tournée vers l’inclusion, la diversité et l’entraide professionnelle. « Nous réinventons l’inclusion en connectant entreprises et talents autrement. Nous concevons des solutions RH qui révèlent tout le potentiel de la multiculturalité et permettent aux entreprises et à leurs équipes d’en bénéficier simplement. », peut-on lire dans sa présentation d’« each One ». 

Fanny Prigent
La diversité fait la force d’une économie… © Each One

On comprend à travers cette brève description et après quelques visites sur le site web de la société que l’objectif est d’identifier et d’accompagner des talents « immigrés ou réfugiés », habituellement mésestimés, jusqu’à leur intégration dans des entreprises qui recrutent. Et comme 91% de ces entreprises – Monoprix, E. Leclerc, L’Oréal, BNP Paribas (…) – renouvellent leur collaboration avec « each One », on peut se dire que Fanny et ses associés Maxime Baudet et Théo Scubla ont eu le nez creux et l’ambition bien placée… Aux côtés de Noor, Karam, Dakpa ou Ayad, des centaines de visages réfugiés ont bénéficié de cette solution « gagnant / gagnant ». Pouce levé pour l’initiative ! Emoji avec des étoiles dans les yeux pour Fanny !

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Une opportunité pour le « vivre ensemble » calédonien

Si nous avons choisi de vous présenter Fanny et sa startup aujourd’hui, c’est que nous avons trouvé sa mission remarquable et en adéquation avec notre vision de la diversité ! La Nouvelle-Calédonie est, comme nombre d’autres territoires, à la recherche de talents, jeunes ou moins jeunes, et galère encore à développer de réelles conditions d’attractivité. A ce titre, nous avions abordé le créneau des “Women in Tech” qui pourrait parfaitement définir une stratégie locale d’attractivité des talents… mais il reste du travail !

Fanny Prigent
Des bureaux au coeur du Sentier, effervescence et créativité assurées ! © Unsplash

Depuis toujours, la Calédonie a néanmoins été une terre d’accueil, de partage des cultures et de co-construction ; a bien des égards, Fanny nous prouve aujourd’hui que cette « immigration » peut être une force si nous arrivons à faciliter son intégration professionnelle. « each One » est une illustration de ce que la diversité peut apporter à une société, à une économie, aux populations locales et réfugiées. A une époque où « l’autre » est souvent vu comme une menace, Fanny a fait de cet « autre » un motif d’espoir et a apporté la preuve, qu’une fois encore, le « vivre ensemble » est possible !  

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