On décode la tech’ – épisode #1

« Blockchain », « IA », « deep learning », « ransomware »… Le monde de la tech’ a son propre jargon et ses concepts qui, soyons honnêtes, laissent parfois un peu perplexe. Même si ces technologies font désormais partie de notre quotidien, leur fonctionnement reste souvent un mystère pour beaucoup (y compris vous, ne mentez pas). Dans cette série, nous retroussons nos manches en vulgarisant certaines de ces notions pour en comprendre l’essentiel. Alors que vous soyez un geek en devenir ou un néophyte un peu perdu, embarquez avec nous dans les fascinants méandres de la tech’ !

Pour ce premier épisode, nous allons parler d’intelligence et plus précisément d’intelligence artificielle. Si elle est souvent la star (ou la super méchante) des films de science-fiction hollywoodiens, la réalité est toute autre. D’ailleurs, peut-on vraiment parler d’intelligence ? La réponse juste ici…

__

Quand les machines se mettent à réfléchir (ou presque)

L’intelligence artificielle, c’est quoi ? Si on demande à notre cher Robert, ce dernier nous dit qu’elle constitue « l’ensemble des théories et des techniques développant des programmes informatiques complexes capables de simuler certains traits de l’intelligence humaine (raisonnement, apprentissage…) ». Oui, rien que ça. Mais nous ne sommes pas plus avancés. Aux yeux du grand public ce sujet apparaît comme une nouveauté de cette dernière décennie, pourtant, pour en percevoir les contours, il faut remonter à l’avènement des ordinateurs modernes… 

En 1943, Warren McCullough et Walter Pitts posent les bases de l’intelligence artificielle en présentant, dans un article, le tout premier modèle mathématique d’un réseau de neurones (promis, on revient sur cette notion plus tard). Quelques années après, en 1950, Marvin Minsky et Dean Edmonds créent « Snarc », le premier ordinateur à réseau de neurones. Dans le même temps Alan Turing proposait le « Turing Test » pour évaluer une IA sur sa capacité à conserver de la même manière qu’un humain.

IA
« Enchanté je m’appelle Snarc ! »

Mais c’est en 1956 que le terme « intelligence artificielle » est utilisé pour la première fois par John McCarthy, l’un des pionniers du domaine, lors de l’une de ses conférences. Pendant les 40 années qui ont suivi, recherches et expérimentations se sont enchaînées. C’est l’année 1997 qui marquera les esprits avec le match « Deep Blue contre Kasparov ». Ce supercalculateur conçu par IBM était parvenu à battre le champion mondial d’échec Gary Kasparov lors d’un match en six parties. Si cette victoire à eu son effet « wahou » et son lot de polémiques, elle annonce surtout l’essor d’une technologie qui, à l’aube du XXIᵉ siècle, allait peu à peu transformer notre quotidien.

IA
IA de quoi se prendre la tête !

__

Le secret des algorithmes 

Et si ce petit retour historique était important, c’est parce qu’il pose des bases sur les avancées des recherches scientifiques qui permettent de comprendre le fonctionnement d’une IA. L’intelligence artificielle repose sur trois notions : les données, les algorithmes et les réseaux de neurones (vous avez vu, on y revient). 

Au départ, nous avons donc un modèle mathématique de réseau de neurones. Inspirés du cerveau humain, ces « neurones » fonctionnent comme des unités que l’on nourrit avec des données pour qu’ils aient la capacité « d’apprendre ». Prenons un exemple avec un chat, l’animal star des vidéos internet. Lorsque l’on donne plusieurs photos de ces petites boules de poils à un réseau de neurones, celui-ci va analyser les différentes parties des images comme les oreilles, les yeux, les moustaches… Au fil des données accumulées, il ajuste ses connexions internes pour, à force de répétition apprendre à identifier un chat sur une photo sans intervention humaine.

Pour qu’une IA fonctionne, il faut donc la nourrir avec des données, lui donner des règles et des instructions grâce aux algorithmes et la structurer avec un réseau de neurones. Au fil des instructions et des exemples la machine se met alors en place pour reproduire ce qu’il est attendu d’elle.

__

L’IA partout ? 

Aujourd’hui, sans que l’on y prête vraiment attention, l’IA s’est immiscée progressivement dans notre quotidien.  En 2011, Apple lançait Siri et la même année, Watson, l’intelligence artificielle d’IBM, a connu une renommée internationale en remportant le jeu télévisé américain Jeoparty où les participants doivent deviner des questions grâce une suite d’indices. Petit à petit, les outils d’intelligence artificielle se sont affinés avec par exemple des modes de saisie intuitive, la reconnaissance faciale ou encore les suggestions personnalisées sur nos plateformes de streaming préférées. En 2022, OpenAI a donné une autre dimension à l’IA avec ChatGPT un outil capable de générer du texte et de répondre à des questions !

IA
Ça en fait du monde © VIRTUAL SR

Vous l’aurez compris à travers cette liste non-exhaustive, l’IA est (presque) partout. Et même si nous pouvons trouver ça impressionnant, dans le jargon, ces applications sont catégorisées dans ce qui est appelé « l’IA faible » aussi nommée intelligence artificielle étroite. L’IA faible, même si elle n’a de « faible » que le nom, regroupe l’ensemble des systèmes conçus pour accomplir des tâches spécifiques, comme comprendre une commande vocale ou analyser une image, mais ne possède pas de véritable compréhension et reste limitée à des fonctions précises. 

À l’opposé, l’« IA forte », encore au stade de la recherche, vise à développer des systèmes capables de s’attaquer à un large éventail de tâches, d’apprendre et de s’adapter, comme… un humain. Bien que la science-fiction ait déjà popularisé le concept, elle pourrait un jour redéfinir notre manière de vivre et d’interagir avec la technologie. Si nous allons encore plus loin, nous pouvons aussi parler de « super IA », un modèle qui va bien au-delà des capacités humaines en termes de vitesse, de capacité d’apprentissage, mais aussi dans sa manière de résoudre des problèmes complexes, d’innover ou même de comprendre des concepts abstraits. C’est d’ailleurs peut-être quand nous en serons là que trois lois de la robotique deviendront réalité…

IA
On ne choisit pas sa famille… © VIRTUAL SR

__

IA pas le choix !

L’intelligence artificielle intrigue, mais il est important de démystifier ses applications. L’IA n’est pas un humain robotisé qui rêve de conquérir le monde. C’est plutôt un outil sans conscience qui permet de nous assister dans aussi bien dans la sphère privée que professionnelle avec pour horizon de transformer nos pratiques. Alors, pourquoi s’y intéresser ? Parce qu’elle est déjà là et qu’elle aura certainement un rôle encore plus important dans les années à venir même si, nous vous l’accordons, cette promesse aura son lot de défis techniques, scientifiques et éthiques…

En somme, l’IA, c’est avant tout un outil, qui n’est ni magique, ni maléfique. Elle impressionne certes, mais derrière ses algorithmes se cachent des mathématiques et des données. Tout repose sur l’usage que l’on en fait. Et si nous apprenons à bien nous en servir, elle pourra devenir une alliée précieuse pour relever les grands défis qui attendent le futur de l’humanité.

__