Il était de passage sur le Caillou pour « rassurer ses collaborateurs et ses clients » aussi bien que pour diffuser un message d’espoir, celui de « la confiance en l’avenir ». Le fondateur et président du groupe Exodata, Julien Mauras, s’est arrêté dans nos bureaux pour partager avec vous son parcours d’entrepreneur, présenter le cœur de ses activités mais également sa vision de l’écosystème numérique et tech néo-calédonien. Une vision volontiers positiviste et tournée vers l’avenir. Un avenir au sein duquel les données et leur(s) protection(s) représentent des enjeux cruciaux. Retranscription d’une discussion passionnée et inspirante.
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Bonjour Julien et bienvenu sur NeoTech ; merci de te joindre à nous pendant cette visite sur notre Caillou et, pour commencer notre échange, pourrais-tu te présenter et résumer ton parcours à nos lecteurs ?
Bonjour aux lecteurs de NeoTech ; je m’appelle Julien Mauras, je vis à la Réunion et suis le fondateur et président du groupe Exodata ; mon parcours a débuté avec un double cursus « Ingénieur en informatique et gestion » et école de commerce.
La société Exodata est présente dans l’ensemble des outre-mer français et nos activités sont centrées autour des métiers de la cybersécurité, de l’hébergement et de l’infogérance et des services managés.
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Peux-tu nous parler de tes diverses aventures dans l’entrepreneuriat et nous partager un retour d’expérience global sur le métier d’entrepreneur ?
Ma première expérience professionnelle en tant que directeur informatique a duré une quinzaine d’années et s’est conclue par ma nomination en tant qu’associé de ladite société. C’est cette expérience qui m’a mené à la création d’Exodata : je me suis lancé dans le grand bain de l’entrepreneuriat avec la chance d’avoir mon ancien patron en financeur de cette activité et nous sommes d’ailleurs toujours associés au sein d’Exodata aujourd’hui.
Après cette phase de développement, j’ai répliqué la structure, le fonctionnement et les services d’Exodata sur l’ensemble des outre-mer en partant de La Réunion et j’ai également saisi les opportunités qui se sont présentées pour diversifier mes activités ; aujourd’hui, j’ai une holding qui détient mes titres dans Exodata et, avec ce que j’ai réussi à capitaliser pendant un certain nombre d’années, j’ai investi et racheté d’autres activités dans des domaines divers et variés.
J’ai notamment investi dans un domaine qui n’a rien à voir avec la tech : le vélo ! Je me suis associé à mon beau-frère dans l’Hexagone en tant qu’investisseur et nous avons développé un réseau de quatre magasins dans le Gard, d’où je suis originaire. Mon rôle, au-delà d’être un partenaire financier, c’est de l’accompagner dans cette expérience d’entrepreneur et de gestionnaire d’entreprise. D’un premier magasin, nous avons ensuite rachété deux nouveaux magasins, puis créé un quatrième.
Autre investissement, encore plus important : il y a deux ans je me suis associé avec l’ancien directeur informatique d’Orange à La Réunion, l’un de mes anciens clients et nous avons racheté une chaîne de six points de vente et un site de “e-commerce” Apple qui faisait environ 15 millions d’euros de chiffre d’affaires. Nous avons désormais l’ambition de développer un petit groupe et nous venons d’ailleurs de lancer une activité qui s’appelle “ReFé” : vendre du neuf, c’est bien mais, au sein de l’entreprise, on a trouvé une pépite sous exploitée qui fait de la réparation agréé et certifiée Apple. On a donc commencé à développer du “reconditionné” et, après l’avoir expérimenté, on a créé une activité à part entière, en marque blanche, qui servira nos activités Apple mais collaborera avec d’autres acteurs du marché. “ReFé” vient de naître et l’engouement, des opérateurs notamment, est rapidement arrivé.
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A côté de cette casquette de “serial entrenpreneur”, tu es également le président du groupe Exodata. Peux-tu nous présenter l’histoire de ce groupe et sa raison d’être ?
Exodata, c’est clairement mon activité principale qui m’occupe déjà à 120% ! La société est partie d’une idée : le 24/24, 7/7. Avec l’émergence du cloud de proximité, les infrastructures serveur et infogérance, l’objectif est vite devenu de créer un service de type “follow the sun” dans les outre-mer français et de monter un réseau d’infrastructures pour permettre aux entreprises de pouvoir externaliser tout leur système d’information. C’est de là qu’est partie l’idée d’Exodata que j’ai tout d’abord lancé à La Réunion. Très rapidement, j’ai dupliqué ce modèle dans tous les autres territoires des outre-mer.
Aujourd’hui nous sommes certifiés “27001”, une certification qui garantit la sécurité des données et nous avons même été plus loin en étant le seul acteur sur l’ensemble des outre-mer à pouvoir héberger des données de santé grâce à l’obtention de la certification “HDS” (Hébergeur de Données de Santé). L’une des forces et des originalités de notre organisation, c’est le décalage horaire “parfait” entre La Réunion, la Nouvelle-Calédonie et les Antilles qui nous a permis de lancer ce fameux concept de “Follow the sun”, du 24/24, 7/7, en mode “souverain”.
“Notre baseline chez Exodata, “le soleil ne se couche jamais” !” –
Julien, président 24/24, 7/7
L’action suivante est née d’une question et d’un constat : si nous sommes capables de le faire dans les outre-mer, pourquoi pas le faire directement en métropole ? Nous avons donc ouvert une agence commerciale en métropole pour vendre les services des outre-mer français en mode “Follow the sun”. L’Hexagone est aujourd’hui devenu notre deuxième territoire d’activité et… vendre des services issus des outre-mer est une fierté pour moi !
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Aujourd’hui, plus concrètement, quels sont les services proposés par Exodata ?
Premier métier ? “Infrastructures, cloud et services managés” avec des centres de services qui fonctionnent en mode “Follow the sun” ; cette branche représente environ 50% de notre volume d’activités. Petit à petit, à travers la croissance externe et l’acquisition de sociétés, nous sommes montés sur les couches du système d’information et la chaîne de valeur.
De plus, aujourd’hui, nous avons une équipe d’une vingtaine de développeurs qui intervient sur les métiers du “développement informatique” : on fait de la BI, du management et traitement de la donnée et du reporting, de l’intégration de solutions collaborative du type “Office 365”.
Au-dessus de ça, j’ai une équipe de consultants qui font de “l’assistance à maîtrise d’ouvrage, des schémas directeurs, de la chefferie de projet” : ce sont mes ambassadeurs car ils se positionnent en amont des projets chez les clients et permettent ensuite de dérouler la pelote vers les autres métiers.
Dernière ligne de services d’Exodata, les “métiers de la cybersécurité” qui représentent environ 25% de notre activité à travers quatre principaux métiers : l’audit et le conseil, la sécurité technique, la réponse aux incidents en H24 et le SOC (Security Operations Center) pour surveiller les SI de nos clients sans interruption et, potentiellement, intervenir quand leurs équipes dorment par exemple…
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“Vos données sécurisées, valorisées, disponibles, partout, tout le temps” est votre “slogan”. En quoi la data est-elle aujourd’hui capitale pour toutes les organisations et comment les protéger le plus efficacement possible ?
Aujourd’hui, la donnée est centrale dans toutes les organisations : même un artisan possède une base clients, fait de la facturation, peut avoir des salariés et manipule donc de la donnée. La digitalisation des entreprises est un incontournable pour rester compétitif et pouvoir délivrer le meilleur service. Notre rôle est d’accompagner nos clients dans cette transition numérique et dans leur gestion de la donnée et les process associés.
L’enjeu de cybersécurité est donc un enjeu majeur ! Progressivement, le cloud et les services en mode SaaS ont permis d’externaliser les systèmes d’information. Dans ce contexte, la sécurisation des données répond à plusieurs enjeux ; d’une part, ne pas perdre les données pour ne pas se retrouver en difficulté, c’est un enjeu de disponibilité et on doit s’assurer que les systèmes fonctionnent, qu’ils sont redondants et résilients grâce à des architectures fiables. Il faut également s’assurer de l’intégrité de la donnée et donc garantir un “coffre fort” numérique.
Pour ce faire, l’un des principaux moyens de protéger ses données est d’externaliser son système d’informations, de mettre en place des infrastructures et de les confier à des compétences techniques multiples mais complémentaires auxquelles on n’aurait pas forcément accés, notamment dans des petites entreprises et celles de taille moyenne. Avec nos 160 collaborateurs, nous bénéficions de compétences adaptées à chaque besoin…
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La Nouvelle-Calédonie est régulièrement victime de cyberattaques et doit désormais se former et s’équiper en matière de cybersécurité. Quel regard portes-tu sur la sécurité des infrastructures locales et comment l’optimiser ?
Le mauvais réflexe, comme dans d’autres territoires insulaires, est de se dire qu’en tant qu’îles “isolées”, nous ne sommes pas des cibles des cyberattaques. A partir du moment où on gère de l’argent et où on est connecté à internet, on devient une cible.
Globalement, le niveau de maturité de la Nouvelle-Calédonie, mais également celui des outre-mer, est assez faible ou, tout du moins, largement perfectible. La bonne nouvelle, c’est qu’il existe une prise de conscience du public et du privé. Quelques cyberattaques majeures, notamment récemment sur un opérateur internet, représentent la partie visible de l’iceberg mais de nombreuses attaques sont régulièrement déjouées et/ou partiellement visibles.
Autre bonne nouvelle, des opérateurs sont présents localement et l’écosystème se structure même si on a encore de la route à parcourir… Certaines réglementations ne sont pas encore déclinées ou répliquées sur le territoire : la partie “HDS”, dont j’ai parlé tout à l’heure, n’est, par exemple, pas appliquée sur le territoire et “n’importe qui” peut donc héberger des données de santé.
L’une des difficultés, propres à nos territoires insulaires, est l’accés aux compétences techniques : elles coûtent de l’argent et, lorsqu’on tire ce constat face au contexte économique local et au coût de la crise actuelle, on peut se dire que ce n’est pas une priorité. Les banques et assurances locales sont couvertes par leurs activités nationales mais, à l’inverse, côté TPE / PME, soit 90% du tissu économique calédonien, les entreprises n’ont pas forcément les moyens d’élever leur niveau de sécurité.
C’est une nouvelle dépense pour les entreprises, coûteuse par ailleurs car les ressources et compétences sont rares mais, se protéger en matière de cybersécurité, c’est couvrir un risque réel, à l’instar de ce que les assurances font. Qui roulerait sans assurance aujourd’hui ?
“Comment l’écosystème et le gouvernement peuvent mettre en place des mesures qui permettent d’accompagner les entreprises sur du co-financement de leur cybersécurité à travers des audits, des mises en conformité… par exemple ?”
Julien Mauras, lobbyiste cyber
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Avant dernière question orientée “talent management” : comme de nombreux territoires insulaires relativement isolés, nous rencontrons des problématiques d’accés aux compétences numériques. De ton côté, comment fais-tu pour identifier, embaucher et fidéliser des talents en Nouvelle-Calédonie et sur les autres territoires ?
Effectivement, c’est un vrai enjeu ! Comme tu l’as évoqué, il y a deux axes : l’attractivité et la fidélisation. Au niveau de l’attractivité, nous mettons en place de bonnes conditions de rémunération, de travail et nous avons développé une marque employeur qui s’appelle “Happy to follow you”. L’idée, c’est d’accompagner nos collaborateurs dans leur projet de vie et leur montée en compétences à travers des parcours qui leur permettent de pouvoir grandir, de gagner en responsabilités et d’envisager des carrières au sein du groupe. Dans ce cadre, nous pouvons leur proposer également de la mobilité intra-territoire, du “part-time”, du télétravail etc. Ces pratiques sont vraiment intégrées dans notre culture d’entreprise.
Globalement, nous avons travaillé sur une double stratégie : d’une part, nous recrutons autant que possible localement pour éviter les effets boomerang des profils qui arrivent et ne se plaisent pas sur le territoire. On travaille également beaucoup avec tous les organismes de formation pour les orienter sur les compétences dont nous avons besoin. On prend également beaucoup de jeunes en alternance grâce à un parcours interne de formation avec l’ambition de les embaucher à la fin de leurs études. Nous nous concentrons principalement sur le “savoir-être” plutôt que sur le “savoir-faire” qu’il peut apprendre à l’école mais également au sein du groupe.
Deuxième volet, la “chasse aux talents” ; nous avons la chance d’être présents en France métropolitaine et on essaie de toucher les diasporas des territoires où nous sommes installés pour faire revenir les talents partis à l’étranger. Par ailleurs, comme nous sommes présents sur huit territoires différents, dès lors qu’une compétence rare arrive sur l’un de ces lieux, notre modèle organisationnel nous permet de fonctionner en mode “centre de services” et donc de lui trouver un débouché, quelles que soient ses compétences. Nous croyons au marketing RH et à la déclinaison de ces principes novateurs.
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Aurais-tu un dernier mot que tu souhaiterais adresser à nos lecteurs ?
Confiance ! Confiance en l’avenir car je crois qu’après cette période difficile, il faut passer des messages positifs : après une crise, l’avenir est à construire. C’est également ce pourquoi je suis venu en Nouvelle-Calédonie : pour rassurer nos collaborateurs, rassurer nos clients et nous orienter vers l’avenir.
Nous allons prochainement acheter des locaux sur le Caillou, nous ouvrons actuellement une filiale en Polynésie française. Ca fait partie de notre stratégie “Pacifique” dans laquelle nos collaborateurs sont embarqués.
Il y a encore beaucoup de choses à faire en Calédonie et il faut y croire ! C’est avec ces mots que je conclurais notre échange.
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